Même si la circulation routière sur le pont Pierre-Laporte est au même niveau qu’en 2017, le maire de Lévis et le gouvernement du Québec voient dans les chiffres dévoilés par La Revue confirmation de l’importance de faire un troisième lien. Ils sont contredits par un expert en mobilité.
Dans un article sur la congestion routière, La Revue rapportait lundi qu’il n’y avait pas eu d’augmentation du débit quotidien sur le pont Pierre-Laporte par rapport aux chiffres pré-pandémiques de 2017. Ceci malgré les travaux qui ont provoqué, cet automne, une réduction considérable du nombre de voitures circulant sur le pont de Québec.
Selon Gilles Lehouillier, ce sont des données qui militent en faveur du mégaprojet de liaison autoroutière entre les deux rives.
« Nous retrouverons rapidement les niveaux d’avant la pandémie. Les capacités du pont Laporte sont nettement dépassées. Sa capacité journalière de 89 000 [voitures par jour] a été réalisé depuis 2009. Nous avons ajouté de la population à Lévis. Donc, ça ne peut pas fonctionner comme ça», a souligné le maire de Lévis.
Sécurité économique
Raisonnement similaire de la part du ministre et député de Lévis, Bernard Drainville.
« Il en faut un [troisième lien]. Ce n’est pas compliqué, il faut s’y prendre», a-t-il réitéré, évoquant notamment l’argument de la sécurité économique avancé par son gouvernement depuis plusieurs mois. « Si pour une raison ou une autre il était nécessaire de travailler sur [le pont] Laporte et ces travaux devaient durer, nous serons obligés de faire passer le camionnage par le pont de Trois-Rivières. Voyons, cela n’a aucun sens », a-t-il déclaré.
Également favorable à un troisième lien, l’opposition municipale de Repensons Lévis se dit très sensible à l’argument de la sécurité économique.
Pas nécessaire
Toutefois, Marie-Hélène Vandersmissen, professeure titulaire et vice-doyenne aux études au Département de géographie de l’Université Laval, ne souscrit pas à cet argument.
Selon elle, « les chiffres confirment que ce troisième lien n’est pas nécessaire (comme les précédentes enquêtes Origine-Destination et comme l’indiquait également le rapport CPDQ Infra). Les experts en transport au Canada et ailleurs dans le monde sont unanimes sur cette question : l’ajout d’autoroutes ou de voies routières dans une zone urbaine ne résout pas la congestion.
L’expert ajoute que « la circulation semble avoir augmenté surtout sur l’autoroute Félix-Leclerc. Et aux heures de pointe, il y a de la congestion sur la plupart des autoroutes de la région urbaine de Québec (et de plus en plus à d’autres moments). Ce fameux troisième lien aggraverait sans doute cet encombrement. Alors, la solution proposée par le ministre Drainville ne fera qu’empirer la situation.
Selon Étienne Grandmont, membre de Québec Solidaire, « les gens de la Capitale nationale en ont assez de ne pas avoir d’alternative à l’automobile et à la circulation. N’en déplaise à M. Drainville, la solution, c’est le transport en commun. Pas un troisième lien à 10 milliards de dollars qui aggraverait la congestion.
– Avec la collaboration de Daphnée Dion-Viens et Geneviève Lajoie
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