Le gouvernement face aux prémices d’une crise sociale. Alors que Michelin a annoncé la suppression de 1.250 postes et le groupe Auchan la disparition de 2.400 postes, suscitant colère et mobilisation des salariés, l’exécutif fait également face à de nombreux appels à la grève pour les semaines à venir.
“Les conditions économiques se durcissent sensiblement», a reconnu la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, qui a rapporté «une accélération du nombre de procédures collectives ouvertes par les entreprises en difficulté ». “Il y aura probablement des annonces de fermetures de sites dans les semaines et mois à venir», avait déjà prévenu samedi le ministre de l’Industrie Marc Ferracci.
En quelques jours seulement, et dans un contexte économique atone et sur fond d’austérité budgétaire pour 2025, le gouvernement a constaté une multiplication des appels à la grève pour novembre et décembre en France. Objectif : protester contre les plans sociaux et contre les conséquences d’un projet de budget – toujours en discussion au Parlement – qui prévoit 60 milliards d’euros d’effort budgétaire pour redresser les comptes publics. franceinfo fait le point.
Les transports en grève
La mobilisation débutera jeudi 14 novembre dans les aéroports. Le très puissant syndicat national des pilotes de ligne appelle tous les salariés du secteur aérien à cesser de travailler pour s’opposer à l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion.
Cette proposition gouvernementale pour le budget 2025 a été adoptée par les députés et devrait rapporter un milliard d’euros à l’Etat. Les vols vers l’outre-mer et la Corse ne sont pas concernés. Le patron d’Air France s’est lui-même déclaré contre cette mesure que le syndicat des pilotes accuse d’aboutir à terme à la suppression de dizaines de milliers d’emplois.
Tous les syndicats de la SNCF ont également déposé un préavis de grève qui court du mercredi 20 novembre au vendredi 22. Un autre préavis illimité et renouvelable à partir du 11 décembre a également été déposé pour démarrer dix jours avant les vacances de Noël. Les cheminots réclament un moratoire sur le démantèlement annoncé du Fret.
Les tracteurs à nouveau de sortie
Les agriculteurs appellent également une nouvelle fois à la mobilisation. Certains le font déjà localement depuis plusieurs semaines, mais cette fois les principaux syndicats agricoles – FNSEA et Jeunes agriculteurs – promettent a priori une nouvelle mobilisation nationale à partir du lundi 18 novembre.
Comme les autres syndicats représentatifs Coordination rurale et Confédération paysanne, ils s’opposent au projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, pays d’Amérique du Sud. Ils dénoncent une concurrence déloyale et une atteinte à leur modèle de production. Le contexte est d’autant plus inflammable que les agriculteurs estiment ne pas avoir reçu de réponses à la hauteur de la colère qu’ils ont exprimée l’hiver dernier. Les mesures restent insuffisantes selon eux. Une colère exacerbée cette année par les mauvaises récoltes et les maladies dans les fermes.
Les officiels se préparent
Deux des principaux syndicats de la fonction publique préparent également une grève. La CGT et Force ouvrière s’opposent au projet du gouvernement d’augmenter le délai de carence d’un à trois jours en cas d’arrêt maladie. Le mouvement pourrait démarrer début décembre. La CGT est également préoccupée par l’emploi en général et appelle les salariés à se mobiliser le 12 décembre.
La secrétaire générale Sophie Binet prédit un « Saignement violent dans le secteur industriel » avec au moins 150 000 emplois voués à disparaître selon elle. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a pour sa part admis s’attendre à de nouvelles fermetures d’usines.
Menace de « fermeture » des laboratoires
Quatre syndicats représentant les médecins biologistes ont également demandé jeudi à l’Assurance maladie de rouvrir les négociations sur leurs tarifs, récemment révisés à la baisse, sous peine de “fermer», soit la fermeture des laboratoires d’analyses médicales du 23 au 31 décembre inclus.