La garantie AGS n’est pas illimitée.
Dans le cadre d’un redressement judiciaire suivi d’une liquidation, l’AGS garantit les salaires dans la limite de 45 jours de salaire en montant et en durée.
Par salaire, il faut comprendre tout ce qui ne l’est pas pas indemnités (préavis, congés payés, indemnités de départ, etc.) et donc uniquement le salaire actif avant licenciement.
Jusqu’au 9 septembre, l’AGS ne garantissait pas les rémunérations (Milee était alors en période de redressement judiciaire et donc en période d’observation, Milee versait des salaires).
L’AGS ne garantissait alors que les congés payés (ce qui expliquait parfois deux transferts distincts pour rémunération et pour congés, par exemple).
L’AGS ne couvre pas le salaire (juste les congés payés), les 45 jours n’ont donc pas été consommés, la garantie est donc restée totale à ce niveau.
Les premiers salaires pris en compte l’étaient à la date de la liquidation judiciaire et donc le 9 septembre dernier.
Il s’agissait donc du salaire d’août qui aurait dû être perçu le 1er septembre.
Pour les distributeurs, cela représente l’activité du 8 juillet au 11 août. Pour les salariés non distributeurs, l’activité du 1er au 31 août.
Du 8 juillet au 31 août, plus de 45 jours se sont écoulés.
Alors vous nous voyez venir… 8 juillet + 45 jours = 22 août = fin de garantie.
Ce problème a été évoqué à un moment puis écarté, mais l’AGS maintient cette position et indique toujours qu’elle se limitera à sa limite de garantie.
Comme rien n’est jamais simple, il faut toutefois noter que cette garantie est limitée en durée (45 jours) ET en montant (1,5 fois le salaire).
Dans un soudain excès de générosité qui a suivi l’intervention du ministre du Travail, l’AGS a accepté de ne conserver finalement que le verrou. du montant.
Mais avec par exemple un salaire de 1 000 euros, 45 jours donnent 1 500 euros et 1,5 fois le salaire donne aussi 1 500 donc…
Mais, dans sa grande sagesse, l’AGS accepte quand même d’accorder un avantage, car le montant du salaire retenu pour le calcul est une moyenne des 12 derniers mois, ce qui peut bénéficier au salarié si la moyenne est supérieure au salaire de base.
Pour ceux qui ont été licenciés avant le 22 août, il y a peu de problèmes, ils sont en préavis depuis la réception de la lettre de licenciement et le préavis est pris en charge. Ils ne sont donc pas concernés.
Mais pour ceux qui ont été licenciés après cette date (22 août), et ils sont nombreux, les salaires indiqués sur les fiches de paie sont supérieurs aux sommes perçues par mutation.
On parle ici des distributeurs car pour les autres dont le salaire est basé sur le mois calendaire, la garantie pourrait s’étendre jusqu’au 15 octobre (1er septembre + 45 jours), mais là encore, la date n’est qu’indicative pour trouver plus facilement son poste puisque la limite de 1,5 fois le salaire de référence.
Comme rien n’est décidément simple, si un salarié a pris un congé depuis le 8 juillet pour un distributeur et depuis le 1er août pour un non-distributeur, cette période décale la garantie en conséquence puisque le congé est toujours payé séparément et n’est pas affecté par la limitation.
Ainsi, toujours pour l’exemple si un salarié perdait 3 semaines de salaire à cause du plafond de garantie, il n’en perdrait que 2 s’il avait utilisé 1 semaine de congé pendant cette période.
Evidemment, il ne semble pas possible, ou du moins inacceptable, que les 5 000 salariés par exemple qui n’étaient pas prévus dans le PSE et qui ont été licenciés aux alentours du 20 septembre, ne reçoivent pas un mois de salaire, et pourtant…
Concrètement, ils disposent d’une fiche de paie qui indique la totalité du montant, mais n’en perçoivent qu’une partie.
La partie impayée serait inscrite au passif de l’entreprise et ne serait probablement jamais payée faute d’argent sur le compte de liquidation.
Une attestation sera délivrée par le liquidateur pour justifier de l’absence de cette somme auprès de l’administration fiscale.
Bien entendu, le salarié peut tenter de rechercher le manquement devant les prud’hommes, mais il s’agit là d’une limite légale (article L.3253-8 du Code du travail) que le juge ne peut lever. en un tour de manche. Il faudra donc soit remettre en cause l’insuffisance de réactivité de l’administrateur judiciaire, soit faire compenser ce manque de salaire par une indemnisation en dommages et intérêts par exemple, mais rien n’est gagné d’avance, l’AGS ne faisant ici qu’appliquer la loi.
Nous attendions donc les fiches de paie de septembre pour voir comment le paiement était traité.
Et vous êtes nombreux à constater une différence entre la fiche de salaire nette et le virement reçu du mois de septembre. Dans la plupart des cas, c’est l’effet de cette limite de garantie qui en est la cause.
Dans le jugement transformant le redressement judiciaire en liquidation en date du 9 septembre, le retard dans la décision et le dépassement du délai de garantie de l’AGS sont évoqués et le syndic était bien conscient de cette difficulté.
Ce retard n’est en aucun cas la faute des salariés puisque l’on sait désormais que l’entreprise était à court de trésorerie mais que la retenue évoquée (Parcel Privé) et finalement versée avant la liquidation n’était de toute façon pas suffisante pour permettre le paiement des salaires.
Il aurait donc fallu anticiper la situation et engager la responsabilité de l’entreprise (qui faisait sans doute encore des prévisions fantaisistes, comme d’habitude), de l’administrateur judiciaire (qui n’a pas procédé aux vérifications nécessaires) et plus généralement des mandataires judiciaires.
Bien entendu, le CAT, en particulier, et nous pouvons espérer que d’autres syndicats le feront également, se tiendra à vos côtés pour engager les litiges nécessaires.
Il faudra aussi bientôt s’attaquer à la reconnaissance des erreurs de gestion dont se rendent coupables les actionnaires, Eric Paumier, Frédéric Pons et Guillaume Salabert, qui, de notre point de vue, ont organisé la situation actuelle. Ils devront en assumer la responsabilité, et même si nous savons que cela sera long et difficile, nous mettrons toute l’énergie et les moyens nécessaires pour que nos licenciements soient, du fait des responsabilités personnelles des dirigeants, déclarés illégaux et que chaque employé concerné puisse recevoir une rémunération équitable.
Nous devrons également vous offrir la possibilité de rejoindre la démarche.
Pour éviter les interrogations, répétons que ceux qui ont été licenciés avant le 22 août ne sont pas ou peu concernés.
Et pour ceux qui ont été licenciés après le 22 août (sachant que c’est 1,5 fois le salaire qui compte réellement), la période contestée est celle incluse entre le 22 août et le jour de la première présentation de la lettre de licenciement. Alors, pour nous faire gagner du temps, nous comptons sur vous pour éviter les questions du type « et j’ai été licencié le 28 août, alors ça fait combien ?», vous savez tous compter et vous pouvez trouver la réponse par vous-même.
Détails:
- Le délai de réflexion de 21 jours du CSP s’ajoute à la période garantie.
- Ce plafond de garantie ne concerne pas les préavis, les indemnités de départ et les congés payés.
- Si le salarié a utilisé des congés payés pendant la période garantie, ces congés s’ajoutent à la période garantie.
- Par exemple, 12 jours de congé génèrent une période rémunérée d’environ 57 jours.
- Ainsi, si vous étiez en congé pendant la période de paie du mois d’août, vous réduisez la période non payée.
Pour les salariés hors distributeurs, le plafond de garantie s’applique également puisque la période couverte a débuté le 1er août et se termine donc le 15 septembre. Pour les salariés qui ne sont pas encore en délai de préavis, la garantie se termine donc vers le 15 septembre.
Ci-dessous, la communication officielle de l’AGS :
« Face à la confusion provoquée par l’application des plafonds de garantie salariale, notamment en raison des retenues appliquées sur les salaires de septembre, l’AGS a mis en place une note explicative permettant de comprendre la méthode de calcul appliquée.
Pour rappel, conformément aux dispositions de l’article L.3253-8-5° du code du travail, AGS ne couvre que « les sommes dues aux salariés pendant la période d’observation à concurrence d’un montant maximum correspondant à un mois et demi de travail. »
Bien que le bulletin de salaire mentionne l’intégralité du salaire dû à chaque salarié, l’application du plafond de garantie tel que prévu par les dispositions précitées ne permet pas à l’AGS de prendre en charge les salaires postérieurs au recouvrement judiciaire et les frais (indemnités accessoires). uniquement dans la limite de 1,5 fois le salaire de référencequi correspond au salaire annuel moyen et de la même manière pour tous les salariés.
Aucune levée du délai susvisé ni aucune prime de licenciement extralégale n’ont été accordées par l’AGS.
La garantie AGS sera donc limitée aux indemnités de préavis, aux congés payés, aux indemnités légales de départ (dans le respect des dispositions contractuelles, conventionnelles et légales) et aux salaires dans la limite des plafonds habituellement pratiqués comme pour toute procédure de liquidation judiciaire. »