Le maire de Québec, Bruno Marchand, s’y attendait : à la veille d’annoncer aux automobilistes de la région qu’ils seraient davantage taxés à partir de 2025, il prédisait déjà un tollé.
Cette vague d’opposition se reflète dans la dernière enquête SOM.Le Soleil-FM93 réalisée du 22 au 27 octobre, soit un peu plus d’un mois après la confirmation du montant à collecter.
Et les résultats sont sans équivoque.
Pas moins de 43% des personnes interrogées se disent « totalement opposées » à une taxe sur l’immatriculation pour financer les transports en commun. A cela s’ajoute une proportion deux fois moins importante (21%) qui sont d’accord avec l’idée, mais qui jugent le montant choisi « trop élevé ».
Ensemble, les critiques de la taxe d’immatriculation de 60 dollars représentent donc près des deux tiers des personnes interrogées.
Un avis qui s’exprime majoritairement dans plusieurs tranches d’âge. «Les jeunes et les 65 ans et plus comprennent mieux pourquoi, mais les 45-54 ans et les 55-64 ans sont les plus susceptibles d’être opposés à la taxe, peu importe son montant», analyse le vice-président et chef de la stratégie d’affaires. au cabinet SOM, Éric Lacroix.
« Un ajout sur le toast »
L’administration Marchand puisera cette somme l’an prochain dans les poches de quelque 300 000 automobilistes du Québec pour contribuer à réduire le déficit anticipé au Réseau de transport de la Capitale (RTC) et pour l’ajout de nouveaux services, notamment en banlieue.
Déjà, les automobilistes déboursaient 30 $ à ces fins lors du renouvellement annuel de leur immatriculation. Pour 2025, la dépense totale s’élèvera donc à 90 $ et la taxe sera par la suite indexée chaque année.
Dans une situation économique complètement différente pour les ménages, les résultats de l’enquête auraient pu être très différents, présume l’enquêteur. Mais l’inflation n’a pas aidé.
« C’est juste 5 $ de plus par mois, mais cela se produit dans un contexte inflationniste et c’est une baisse supplémentaire car les gens paient de plus en plus pour tout. Ce n’était peut-être pas la chose la plus intelligente à faire pour le moment», a déclaré M. Lacroix.
“C’est un ajout au coût du logement, de l’épicerie et de tout ce qui coûte plus cher.”
— Éric Lacroix, vice-président et chef de la stratégie d’affaires chez SOM
De même, l’expert en sondage avance l’idée qu’une partie de la population considère que d’autres mesures auraient pu être prises avant d’arriver à la solution d’un nouvel impôt. “Les gens ne le reçoivent pas forcément bien, alors qu’il y a cette perception que les finances du RTC n’ont pas été assainies.”
Mal-aimé, mais « nécessaire »
Au centre du spectre, restent ceux qui auraient préféré que l’administration Marchand n’opte pas pour une augmentation de la taxe d’immatriculation, jugeant toutefois que le contexte l’exige. A 17%, ils admettent qu’ils « n’aiment pas » la facture plus élevée, mais qu’elle est « nécessaire ».
Un peu plus d’une personne interrogée sur dix est d’accord avec l’augmentation de la taxe d’immatriculation et seulement 3% vont même jusqu’à dire qu’elle « aurait pu être plus élevée ».
La quasi-totalité des 514 personnes interrogées avaient une opinion sur la question, avec seulement 3 % choisissant de ne pas y répondre.
Bataille ouverte
Dans ce dossier, l’administration Marchand a annoncé ses couleurs en mai, faisant savoir qu’elle imposerait bel et bien une contribution plus élevée sur l’immatriculation des véhicules à partir de l’année prochaine.
Et avant même de prendre sa décision sur le montant à percevoir – ce qui a pu affecter sa cote de popularité au cours des derniers mois –, le maire de Québec savait que cela ne serait pas populaire. Mais il a soutenu qu’il était nécessaire de mener une « guerre contre la congestion ».
« Vous allez voir des gens qui vont probablement être très critiques et je les comprends. Cela nous rend tous malades […] Nous savons que les citoyens sont pris à la gorge. Nous ne sommes pas naïfs au point de penser que les gens diront que c’est une bonne nouvelle », déclarait-il en septembre.
Bruno Marchand a accusé à plusieurs reprises le gouvernement Legault de « manquer de responsabilité » quant à sa mission de financer le transport collectif et de refiler le fardeau aux villes.
Depuis 1992, la taxe d’immatriculation des automobilistes québécois n’est pas indexée.
Avec les 60 $ de revenus supplémentaires, la Ville de Québec estime à 18,4 millions de dollars l’augmentation des revenus qu’elle recevra pour le RTC.
Ce sondage en ligne a été réalisé du 22 au 27 octobre 2024 auprès de 514 adultes québécois francophones de la ville de Québec. L’échantillon est issu du panel SOM Gold, composé d’individus recrutés aléatoirement par téléphone (fixe et mobile). Les données ont été pondérées pour refléter au mieux les caractéristiques de la population selon l’âge, le sexe, la taille du ménage et le niveau d’éducation. La marge d’erreur maximale, pour tous les répondants, est de +/- 5,1%, 19 fois sur 20.