Fermetures de bureaux en Suisse –
« La Poste doit arrêter de détruire son réseau »
Jean Christophe Schwaab, ancien conseiller national (PS/VD) et vice-syndic de Bourg-en-Lavaux, appelle à la résistance contre la stratégie du géant jaune.
Publié aujourd’hui à 11h21
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- Jean Christophe Schwaab appelle à la résistance face à la fermeture des bureaux de poste.
- Il souligne l’importance des services postaux pour les personnes non connectées.
- Les communes pourraient s’allier pour faire pression sur La Poste.
- Schwaab critique l’impact économique et la réduction des emplois locaux.
Dans un tweet, vous appelez à la résistance contre la fermeture des bureaux de poste. A quoi penses-tu ?
En tant que citoyen, j’espère que les gens se mobiliseront et feront comprendre à La Poste qu’elle ne peut plus continuer à détruire le réseau local. Je participerai à cette mobilisation ! En tant qu’élu de Bourg-en-Lavaux, je ne peux pas vous répondre plus précisément pour le moment, car l’exécutif n’a pas encore établi sa stratégie. On attend de voir ce que La Poste compte faire concrètement. Car je tiens à souligner que l’entreprise a annoncé publiquement les suppressions de bureaux avant même de consulter les communes concernées. C’est inélégant.
Avez-vous déjà contacté d’autres communes concernées ?
C’est une option. Les municipalités doivent se serrer les coudes.
De quels leviers disposeraient les communes pour faire pression sur le géant jaune ? Pourriez-vous décider de revoir vos relations avec certains de ses prestataires, notamment informatiques ?
Personnellement, je n’exclus aucune piste. Tant qu’il existe des alternatives sur le marché. Mais, là encore, ce sera à l’exécutif de décider.
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Honnêtement, à quand remonte la dernière fois que vous êtes allé à un guichet de poste ?
Juste avant mes vacances, il y a trois semaines. J’y vais environ une fois par mois. Je poste des colis ou des lettres volumineuses. Je collectionne les lettres recommandées.
Utilisez-vous également les services postaux numériques ?
Oui. J’effectue des paiements et des dépôts en ligne. Je génère des tampons pour des lettres simples. Et je fais retenir mon courrier avant de partir en vacances.
Un guichet postal n’est donc pas indispensable pour vous. Pourquoi es-tu si en colère ?
Je me bats surtout pour les clients qui ont vraiment besoin des bureaux de poste. Tous ces gens qui ne sont pas forcément à l’aise avec les services en ligne. Il ne s’agit pas seulement des retraités. La fracture numérique touche de nombreuses personnes. Cela dépend aussi des revenus, du niveau de formation ou encore du lieu de résidence.
Ces personnes ne pourraient-elles pas être accompagnées dans des filiales partenaires ?
Certainement. Mais le problème est que ces filiales dépendent de l’existence d’une entreprise. Toutefois, cette dernière peut fermer ou changer de modèle économique du jour au lendemain. La pérennité des services n’est pas garantie.
Votre commune compte plus de 5000 habitants. Elle a plus d’une entreprise. Il sera toujours possible de créer une filiale, non ?
Nous ne pouvons jamais le garantir. Les petites entreprises traversent une période difficile. Le service public et sa qualité ne doivent pas dépendre d’autres facteurs, comme la bonne santé économique des tiers. L’externalisation des tâches conduit rarement à une amélioration des services. En revanche, une chose est sûre : les emplois de bonne qualité seront supprimés.
Les enquêtes d’opinion montrent que les clients sont plus satisfaits des agences que des guichets. Pourquoi vos concitoyens ne le seraient-ils pas aussi ?
Le besoin de service public ne doit pas être déterminé par les enquêtes de La Poste. Cela doit être fait par une décision démocratique. La Poste doit certes s’adapter aux besoins de ses clients, mais elle est avant tout une entreprise de service public.
En effet, les clients se rendent de moins en moins au comptoir. N’est-il pas normal de les fermer ?
La vraie question à se poser est : les clients doivent-ils encore se rendre au comptoir ? Si tel est le cas, un service public local se justifie. Quand je vais au comptoir, je suis parfois servi tout de suite. D’autres fois, je dois attendre parce qu’il y a quatre ou cinq personnes devant moi. Les guichets sont toujours occupés. Et nous ne devons pas oublier que la fréquentation engendre la fréquentation. Après avoir déposé mon colis au comptoir, je vais toujours faire du shopping ou prendre un café dans le commerce d’à côté. Si je devais aller à La Poste dans le village voisin, je ferais un peu moins mes courses à Cully.
Vous êtes très mécontent des fermetures des bureaux de poste. Mais c’est quand même un socialiste, Christian Levrat, président de La Poste, qui les a décidés. N’est-ce pas hypocrite ?
Vous ne devez pas prendre la mauvaise décision quant à savoir qui est responsable. Le président du conseil d’administration ne décide pas seul. La politique de La Poste est avant tout définie par son actionnaire unique, à savoir le Conseil fédéral à majorité bourgeoise.
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Delphine Gasché est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre principalement l’actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pour l’agence de presse nationale (Keystone-ATS) dans les sections internationale, nationale et politique. Plus d’informations
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