Eveline Widmer-Schlumpf soutient la réforme de la LAMal

Eveline Widmer-Schlumpf soutient la réforme de la LAMal
Eveline Widmer-Schlumpf soutient la réforme de la LAMal

Entretien avec Eveline Widmer-Schlumpf

« Les seniors sont exploités, nous nous y opposons »

L’ancien conseiller fédéral et actuel président de Pro Senectute est impliqué dans la campagne de vote sur la modification de la LAMal.

Publié : 01.11.2024, 21h08

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Les Suisses diront le 24 novembre s’ils acceptent un financement uniforme des soins de santé, un projet qui vise notamment à réduire le poids des primes et à se concentrer davantage sur les traitements ambulatoires.

Les opposants au financement uniforme des services ambulatoires et hospitaliers (EFAS) mettent en garde contre une détérioration des soins de longue durée.

Ils soutiennent que l’intégration des soins dans la réforme entraînera une forte augmentation des primes. Eveline Widmer-Schlumpf, ancienne conseillère fédérale et actuelle présidente de Pro Senectute, n’est pas d’accord.

Madame Widmer-Schlumpf, pourquoi êtes-vous impliquée dans la campagne de vote contre l’amendement à la LAMal en tant que présidente de Pro Senectute ?

On voit que les seniors sont utilisés dans la contre-campagne. Les opposants affirment que l’EFAS présente des désavantages pour les personnes en traitement de longue durée et qu’elles sont particulièrement touchées par la réforme. Nous ne pouvons pas laisser tomber cette situation, car c’est une erreur. Pro Senectute s’engage à garantir que les personnes âgées puissent rester à leur domicile aussi longtemps qu’elles le peuvent et le souhaitent, avec le soutien et les soins nécessaires.

Qu’est-ce que cela a à voir avec l’EFAS ?

Le projet renforce l’ensemble du secteur ambulatoire, car les cantons contribuent à ces coûts. Le secteur ambulatoire est essentiel pour les personnes âgées. Les soins à domicile aident les personnes âgées à rester indépendantes et à vivre chez elles le plus longtemps possible. Nous pensons que l’EFAS a une réelle valeur ajoutée dans ce domaine.

Vous dites que l’EFAS privilégie le fait de rester à la maison. Existe-t-il une réelle pression financière pour que les personnes soient transférées dans des maisons de retraite alors qu’elles souhaitent rester chez elles ?

Aujourd’hui, les soins de longue durée en institution sont favorisés par les caisses d’assurance maladie pour des raisons financières. Cela incite les personnes âgées à s’orienter vers un établissement médico-social plutôt que de rester à domicile avec un accompagnement accru des soins à domicile. En EMS, plus de la moitié du financement est assuré par le canton.

Mais les opposants à l’EFAS mettent en garde. Si les soins de longue durée sont davantage financés par les primes d’assurance maladie, la pression pour fournir des services moins chers qu’aujourd’hui augmentera.

Je voudrais d’abord dire quelques mots sur l’EFAS. La réforme contribuera à freiner la hausse des coûts de santé au détriment des primes des assurés. En effet, les traitements médicaux ambulatoires continueront à augmenter à l’avenir par rapport aux traitements hospitaliers. En Suisse, seulement 20% environ des interventions médicales sont réalisées en ambulatoire, alors qu’à l’étranger, cette proportion est beaucoup plus élevée. Cette tendance à la croissance rapide, à savoir le transfert des traitements médicaux de l’hôpital vers le milieu ambulatoire, est également inévitable en Suisse. L’EFAS exige une participation financière des cantons, réduisant ainsi la charge pesant sur les assurés.

Toutefois, si les soins aux personnes âgées doivent être largement financés par des fonds, les assureurs feront pression pour qu’ils soient les plus efficaces possibles. Cela ne se fera-t-il pas au détriment de leur qualité ?

Certainement pas. C’est là qu’intervient l’initiative de soins qui doit être mise en œuvre. Elle nécessite de bonnes conditions de travail pour le personnel soignant. Au contraire, je suis convaincu qu’il y aura moins de demande si davantage de personnes sont prises en charge à domicile par des employés ou des proches de Spitex. Les maisons de retraite auront donc besoin de moins de personnel médical.

Pour les soins de longue durée, une convention collective sera nécessaire à l’avenir pour pouvoir facturer les fonds. La présence humaine dans les maisons de retraite se mesurera en points d’impôt et en unités de temps. Cela mettra encore plus de pression sur le personnel soignant.

La question de la convention collective des soins de longue durée doit être discutée avec ou sans l’EFAS. Je ne pense pas qu’il soit judicieux de mélanger toutes les questions qui se posent dans ce domaine avec le débat sur la réforme. Il faut d’abord résoudre la question du financement avec une clé de répartition uniforme.

SantéSuisse, la principale organisation du secteur de l’assurance maladie sociale en Suisse, s’oppose à un financement accru des soins par l’assurance maladie et met en garde contre une forte augmentation des primes.

Je ne partage pas sa peur. Les soins de longue durée ne pèsent pas si lourd. Un financement uniforme augmentera la transparence et mettra en évidence les coûts cachés qui subsistent dans le système. Cela contribuera à alléger le fardeau des payeurs de primes.

Les discussions au sein des Chambres durent depuis quatorze ans, notamment parce que les cantons n’ont donné leur accord qu’après l’intégration des soins dans l’EFAS. On les soupçonne donc de vouloir réduire leur charge financière et économiser sur les soins de longue durée. Qu’en pensez-vous en tant qu’ancien directeur cantonal des finances et ministre des Finances ?

Je ne partage pas ce point de vue, basé sur mon expérience. Les cantons sont directement responsables envers la population et ils assument leur rôle. Ils contribueront à l’avenir aux frais médicaux dans le secteur ambulatoire. Globalement, l’EFAS permettra de financer davantage de prestations avec l’argent des contribuables. Nous devons considérer le système dans son ensemble. Si les cantons participent davantage, c’est à dessein. De ce fait, ils auront intérêt à gérer l’offre et le développement du secteur ambulatoire.

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Markus Brotschi est rédacteur au Palais fédéral chez Tamedia. Ses rapports portent principalement sur la politique sociale et la santé. Il travaille comme journaliste et rédacteur depuis 1994. Plus d’informations

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