(Washington) L’inflation aux Etats-Unis est tombée en septembre à son plus bas niveau depuis février 2021, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed et publié jeudi, à cinq jours de l’élection américaine dans laquelle la flambée des prix joue un rôle majeur.
Publié à 9h05
Mis à jour à 10h11
Julie CHABANAS
Agence France-Presse
L’indice d’inflation PCE, publié par le département du Commerce, est tombé à 2,1% sur un an, contre 2,3% en août, atteignant presque l’objectif de 2% fixé par la banque centrale américaine (Fed).
Sur un mois, il repart cependant à la hausse, à 0,2% contre 0,1%.
Ceci est conforme aux attentes des analystes.
Hors volatilité des prix alimentaires et énergétiques, l’inflation dite sous-jacente est stable sur un an, à 2,7%, mais enregistre également une légère accélération sur un mois, à 0,3% contre 0,2%.
Autre mesure de l’inflation, l’indice CPI, publié plus tôt dans le mois et sur lequel sont indexées les retraites, a également chuté en septembre à son plus bas niveau depuis février 2021, à 2,4% sur un an.
A cinq jours de l’élection, qui va départager Kamala Harris et Donald Trump, le président Joe Biden s’est félicité de cette baisse de l’inflation, dans un communiqué de la Maison Blanche.
Le président démocrate a en outre accusé les républicains d’avoir un « programme qui augmente les coûts (pour les familles) ». “Nous avons un programme de réduction des coûts.”
« Liste de prix en tête »
L’inflation est un enjeu clé dans la course à la Maison Blanche et une épine dans le pied de Kamala Harris.
L’envolée des prix depuis 2021, lors de la reprise post-Covid-19, et alors que Joe Biden venait d’arriver à la Maison Blanche, handicape le camp démocrate, malgré la solidité de la croissance et de l’emploi, le fait que les prix aient stoppé leur folle hausse. , et que les salaires ont augmenté.
En effet, « tout le monde a une grille tarifaire en tête […] Vous vous souvenez qu’avant, vous payiez 3 dollars pour cela, et maintenant vous payez 4 dollars », a expliqué Jared Bernstein, président du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche, lors d’un point de presse mercredi. .
Près de la moitié des Américains (41 %) déclarent que l’inflation est leur principale préoccupation économique lors de cette élection, selon un sondage Bankrate publié le 15 octobre. Cette part s’élève même à 56 % parmi les électeurs républicains, mais n’est que de 28 % parmi les démocrates.
Partout dans le pays, plantés sur les pelouses des électeurs républicains, des pancartes indiquent « Trump prix bas, Kamala prix élevés ».
Donald Trump a encore promis, samedi, lors d’un rassemblement à New York, de rendre le coût de la vie “à nouveau abordable en Amérique”, notamment avec des baisses d’impôts.
Tarifs inférieurs
Pour faire baisser l’inflation, c’est la banque centrale américaine (Fed) qui a pris les commandes et a relevé ses taux à leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans. L’objectif : influencer le coût du crédit pour réduire la demande, et donc alléger la pression sur les prix.
Mais, alors que l’inflation se rapproche de son objectif de 2% sur un an – un niveau jugé sain pour l’économie – la Fed s’inquiète de voir à son tour le chômage s’envoler.
Elle a donc commencé à baisser ses taux en septembre, et devrait poursuivre le mouvement lors de sa prochaine réunion, les 6 et 7 novembre, au lendemain du scrutin. Une baisse d’un quart de point de pourcentage, qui ramènerait les taux dans une fourchette de 4,50 à 4,75%, est largement attendue, selon l’estimation du Groupe CME.
“Du point de vue de la Fed, ces données montrent suffisamment de progrès sur les prix du PCE pour que les décideurs continuent de réduire les taux, même si l’inflation sous-jacente continue d’être un peu plus rapide que (la Fed) ne le souhaiterait”, analysent Carl Weinberg et Rubeela Farooqi, directeur général de la Fed. économistes pour l’économie à haute fréquence.
Le département du Commerce a par ailleurs indiqué jeudi que les revenus des ménages américains avaient augmenté plus vite en septembre qu’en août (0,3% contre 0,2%), en raison notamment des hausses de salaires. Les dépenses se sont également accélérées (0,5% contre 0,3%).
Cette « forte croissance », précisent Carl Weinberg et Rubeela Farooqi, montre à la Fed « qu’il n’est pas nécessaire de procéder à des baisses de taux agressives pour éviter une récession. »