(Québec) Le Québec vise les établissements de santé les plus déficitaires du réseau. Cinq CISSS ont reçu la visite d’auditeurs indépendants pour évaluer leur performance et leur gouvernance, apprend-on La presse.
Publié à 1h50
Mis à jour à 5h00
Les établissements de l’Abitibi-Témiscamingue, du Bas-Saint-Laurent, des Laurentides et de la Montérégie-Ouest ont confirmé avoir fait l’objet, au cours des derniers mois, d’une vérification externe par une firme mandatée par le ministère. de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
C’est également le cas du CISSS de la Côte-Nord, où le PDG et le président du conseil d’administration (CA) ont récemment été congédiés. Le conseil d’administration de l’établissement a également vivement contesté le rapport préliminaire d’audit, selon des documents obtenus dans le cadre de la loi sur l’accès à l’information.
Les établissements visés par l’exercice sont ceux dont le déficit représente la plus grande proportion du budget, a-t-on appris. La presse. Dans le contexte de son déficit historique, Québec serre la vis aux CISSS et CIUSSS.
«Le retour à l’équilibre budgétaire n’est pas négociable cette année», fait valoir une Source haut placée du réseau de la santé, qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement.
Selon nos informations, Québec a voulu aller plus loin en confiant à une firme externe le mandat d’examiner la gestion des établissements de santé qui accumulent des déficits depuis la pandémie afin de proposer des solutions pour les remettre au vert.
«C’est la première fois que le MSSS réalise un tel exercice concernant notre administration», confirme le CISSS des Laurentides, qui précise qu’une firme indépendante a réalisé «l’analyse des différents aspects de [son] administration » entre 2020 et 2023.
« Dans le cadre de cette démarche, le cabinet nous a rencontrés pour procéder à différents échanges d’informations. Il nous a également été demandé de lui transmettre divers documents liés à notre administration et à notre gouvernance », écrit l’établissement.
Le coût du travail indépendant
Au Bas-Saint-Laurent, on parle aussi d’un exercice insolite. L’audit a été réalisé « justement » dans le cadre du recours à la main d’œuvre indépendante (MOI), précise-t-on.
Le cabinet du ministre Christian Dubé confirme que « des communications ont été envoyées aux établissements leur demandant de respecter leur budget » sans réduire les services.
« Depuis 2018, le budget de la santé est passé de 40 à 60 milliards, soit une augmentation de 50 %. Malgré ces augmentations, ces dernières années, certains établissements ont malheureusement dépensé plus que le budget qui leur était alloué pour différentes raisons.
La dépendance aux agences coûte cher aux établissements et accroît le déficit d’année en année. Au CISSS du Bas-Saint-Laurent, le déficit anticipé pour l’année 2024-2025 atteint 37,9 millions, dont 30 millions en raison du recours au MOI.
« Comme expliqué [mardi] Au conseil d’administration, le MSSS nous demande de résorber ce déficit afin d’atteindre l’équilibre budgétaire », écrit le porte-parole Gilles Turmel. Le PDG de l’établissement, Jean-Christophe Carvalho, a déclaré mardi à Radio-Canada que cet objectif est « irréalisable ».
La Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue dépendent aussi largement des agences. L’entrée en vigueur en mai dernier d’une convention resserrant les règles a plongé ces CISSS dans une crise du travail.
Dans leurs cas, l’audit a porté sur « la gestion des ressources financières, humaines, contractuelles et la gouvernance ». Sur la Côte-Nord, le déficit anticipé pour 2024-2025 est estimé à 98,9 millions. C’est 96,5 millions en Abitibi-Témiscamingue.
Les établissements ont depuis présenté des plans de réduction des coûts au ministère.
Un audit qui ne passe pas
Sur la Rive-Nord, l’audit de performance réalisé par la firme BDO Canada a été transmis à l’ancienne PDG, Manon Asselin, le 1est en octobre dernier, neuf jours avant son licenciement.
« Nous vous invitons à préparer un plan d’action […] ce plan doit présenter clairement les principales lacunes qui ont donné lieu aux recommandations ainsi que les actions visant à les corriger », écrit le MSSS dans une lettre adressée à M.moi Asselin.
Le CA s’est fermement opposé à une « version préliminaire » du même rapport, a-t-on appris. Dans une lettre adressée au ministre Christian Dubé le 19 septembre, l’ancienne présidente, Ginette Côté, a déploré que le document présente « plusieurs erreurs et mensonges ».
Le rapport « ne rapporte pas fidèlement les faits présentés », note également un extrait du procès-verbal d’un conseil d’administration tenu à huis clos la veille.
En entretien avec La presseM.moi Côté a précisé que le document indiquait à plusieurs reprises le CISSS de la Montérégie-Ouest plutôt que le CISSS de la Côte-Nord. Il a aussi été écrit que le moteur économique de la région minière était l’agriculture, rapporte-t-elle.
Le MSSS a refusé notre demande d’accès à l’information pour consulter la version finale de l’audit.
Le CA a également reproché à Québec d’avoir mandaté le CISSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour accompagner la haute direction de la Côte-Nord avant même le dépôt de la version finale de la vérification.
Dans une lettre datée du 9 septembre, le sous-ministre de la Santé, Daniel Paré, explique sa décision après « avoir été informé des difficultés vécues » au CISSS de la Côte-Nord qui nécessitent une « vigilance accrue » des activités.
« Cela met notamment en lumière les enjeux liés à la gestion de l’impact de la nouvelle réglementation sur le recours au travail indépendant. […] et le respect de l’équilibre budgétaire », écrit M. Paré.