[Article publié mercredi 30 octobre à 19h25 et mis à jour à 20h57] Moins d’un an après son entrée en fonction, Christian Scherer s’apprête déjà à démissionner. A la surprise générale, Airbus a annoncé ce mercredi, lors de la présentation de ses résultats trimestriels, le lancement d’une période de transition pour remplacer le directeur général de sa branche Avions Commerciaux, la plus importante du groupe.
Christian Scherer, qui a passé 40 ans dans les différentes branches d’Airbus, a notamment été PDG de la filiale ATR, avant de devenir directeur commercial du groupe. Fort de son statut de « super vendeur », il a pris le 1er janvier la direction de la branche Avions commerciaux – recréée pour permettre à Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus, de se concentrer sur les décisions stratégiques –. L’occasion pour lui de prouver qu’il était capable de diriger une branche opérationnelle et une organisation industrielle majeure (beaucoup plus grande qu’ATR). Toutefois, compte tenu de l’âge de Christian Scherer – 62 ans –, Airbus a jugé utile d’anticiper sa succession.
Il sera remplacé par Lars Wagner qui prendra ses fonctions “à la fin de son mandat actuel” à la tête du motoriste allemand MTU Aero Engines, a indiqué Airbus. Ce mandat prendra fin le 31 décembre 2025, selon un communiqué distinct de la société allemande. Lars Wagner devrait prendre ses fonctions début 2026.
L’avionneur européen communique aujourd’hui à « supprimer l’incertitude » Concernant l’évolution de sa direction, a indiqué le directeur général Guillaume Faury lors d’une conférence téléphonique, insistant sur une “transition organisée”. “Cela ne veut pas dire que Christian ne fait pas son travail”, a-t-il déclaré.
De son côté, Guillaume Faury devrait être reconduit dans ses fonctions de directeur général en 2025 comme proposé par le conseil d’administration. Les actionnaires seront invités à approuver sa prolongation au poste de directeur général du groupe lors de la prochaine assemblée générale, qui a habituellement lieu au printemps.
En pleine accélération, Airbus se met en ordre de marche autour de Guillaume Faury et Christian Scherer
Un bénéfice net en hausse
Côté résultats, alors que l’avionneur européen avait affiché des chiffres décevants au premier semestre, le ciel semble désormais s’éclaircir. Au troisième trimestre, Airbus a vu son bénéfice net bondir de 22% à 983 millions d’euros. Le chiffre d’affaires a également augmenté de 5% à 15,7 milliards d’euros.
« Nous avons constaté une forte demande sur l’ensemble de notre gamme de produits au cours des neuf premiers mois de l’année. Les résultats sur neuf mois reflètent le niveau des livraisons d’avions commerciaux, une solide performance dans le secteur des hélicoptères et les charges de nos activités spatiales enregistrées au premier semestre.s’est réjoui son directeur général, Guillaume Faury dans un communiqué.
Pour rappel, en juillet dernier, Airbus publiait un bénéfice opérationnel en baisse de 23% au premier semestre 2024 par rapport à la même période de l’année dernière. Et ce, alors que le chiffre d’affaires était en hausse de 4% à 29 milliards d’euros. Même baisse du résultat opérationnel ajusté qui s’est encore effondré de 47% au premier semestre, en comparaison toutefois avec des éléments exceptionnels enregistrés l’année précédente. Le bénéfice net est tombé à 825 millions d’euros, presque divisé par deux.
La division Airbus Defence and Space en difficulté
La raison de ces mauvais chiffres réside principalement dans sa division Airbus Defence and Space. Airbus a annoncé le 16 octobre la suppression de 2.500 emplois d’ici mi-2026 dans sa division de production de satellites, ce qui plombe ses performances financières. Par ailleurs, une provision a été constituée au premier semestre, de près d’un milliard d’euros pour les activités spatiales, à l’issue de laquelle le bénéfice net a été divisé par deux.
Concernant cette branche, le patron d’Airbus a assuré, lors de la présentation des résultats semestriels, que “toutes les options” sont à l’étude pour redresser et restructurer l’activité spatiale du groupe, incluant la possibilité d’une fusion ou d’une fusion-acquisition ainsi que le renforcement continu de la gouvernance. C’est en effet ce qui a été révélé La Tribune deux semaines plus tôt. Selon plusieurs sources concordantes, Airbus et Thales étudient à nouveau et très sérieusement une fusion de leurs activités spatiales réunies au sein d’Airbus Defence & Space (Airbus DS) et Thales Alenia Space (TAS).
Airbus : la rentabilité s’effondre au premier semestre sous les coûts spatiaux
Objectifs de livraison maintenus
Autre bonne nouvelle ce mercredi : le groupe européen d’aéronautique et de défense a indiqué avoir maintenu ses objectifs de livraison de 770 avions pour 2024 malgré des problèmes avec certains de ses fournisseurs. Elle a livré 497 avions depuis le début de l’année.
« Nous nous adaptons constamment à un environnement opérationnel complexe et en évolution rapide, marqué par des incertitudes géopolitiques et des défis spécifiques en matière de chaîne d’approvisionnement qui se sont matérialisés en 2024. »a rappelé Guillaume Faury, assurant : « Nous restons concentrés sur nos priorités, notamment l’augmentation des livraisons d’avions commerciaux et la transformation de notre division Défense et Espace. »
Quant aux objectifs de production, le programme de la famille A320 continue de monter en puissance vers une cadence de 75 avions par mois en 2027, celui de l’A220 vers une cadence de production mensuelle de 14 avions en 2026.
Pour les gros-porteurs, la société stabilise désormais la production mensuelle de l’A330 autour de 4 appareils.
Enfin, concernant l’A350, la société vise toujours une cadence de 12 avions en 2028 et gère activement les défis spécifiques de la supply chain qui « pourrait avoir un impact sur la trajectoire de montée en puissance du programme, notamment en 2025 »prévient cependant Airbus.