Québec accorde 307 mégawatts à Hy2gen, du jamais vu depuis Northvolt

L’entreprise allemande Hy2gen a obtenu un bloc électrique de 307 mégawatts (MW) pour son projet d’hydrogène vert et d’ammoniac, a appris Radio-Canada de plusieurs sources. Il s’agit du deuxième plus gros bloc accordé par le gouvernement Legault depuis le projet de méga-usine de batteries Northvolt.

C’est très importantréagit Johanne Whitmore, chercheuse principale de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

307 mégawatts équivaut à :

  • presque autant d’énergie électrique que toutes les maisons de la Rive-Nord en ont besoin
  • un peu plus que la puissance produite par la centrale de la Romaine-1, l’une des quatre centrales hydroélectriques du Complexe de la Romaine
  • quatre à cinq fois plus que la demande de maisons à Baie-Comeau, où sera situé le projet

Le barrage et la centrale Romaine-1, sur la Côte-Nord (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada

La décision date du mois de mai et a été prise par l’ancien ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Nous savions que Hy2gen faisait partie des chanceux, mais l’entreprise et le public ne savaient pas combien de mégawatts.

Selon nos sources, Hy2gen a récemment reçu une lettre officielle d’Hydro-Québec garantissant la fourniture de tous les mégawatts qu’elle avait demandés. Il lui suffit d’une lettre officielle du gouvernement du Québec, qui devrait arriver sous peu.

Le cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Christine Fréchette n’a pas voulu « confirmer ou infirmer » nos informations.

Un projet important pour Baie-Comeau

La Ville de Baie-Comeau mise sur Hy2gen pour sa relance économique. Le projet, estimé à un milliard de dollars, pourrait créer 245 emplois d’ici quelques années.

Un bloc deux fois plus grand que TES Canada

Le projet d’usine de batteries gigaoctets de Northvolt a reçu l’an dernier une allocation de 354 mégawatts (MW), l’équivalent de la consommation de toutes les résidences de Longueuil.

Les quatre plus grandes allocations de mégawatts à ce jour :

  • 354 MW : Northvolt (secteur Batteries), à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville
  • 307 MW : Hy2gen (Hydrogène Vert), à Baie-Comeau
  • 150 MW : TES Canada (Hydrogène Vert), à Shawinigan
  • 104 MW : Greenfield Global (Bioénergie), à ​​Varennes

En raison de notre hydroélectricité verte et peu coûteuse (la moins chère en Amérique du Nord), les projets industriels se sont précipités pour accéder à nos mégawatts. Le gouvernement a reçu des demandes totalisant 24 000 MW, soit bien plus que ce qu’Hydro-Québec est capable de fournir en surplus à ses clients actuels.

Le Québec a accordé l’an dernier 956 MW à 11 projets. En mai, environ 400 MW ont été alloués à 11 autres projets, dont les trois quarts à Hy2gen.

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La gestion de l’énergie électrique est particulièrement importante lors des pointes de consommation hivernales. C’est durant ces périodes que les mégawatts risquent le plus de faire défaut.

Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas

Depuis l’adoption d’une nouvelle loi en février 2023, c’est le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie qui choisit les projets de plus de cinq mégawatts qui seront alimentés par Hydro-Québec. Cinq mégawatts correspondent à la puissance électrique requise par le Centre Bell de Montréal.

À titre de comparaison, au cours des 20 années précédentes, un seul projet de plus de 50 mégawatts a vu le jour au Québec, la mine d’or Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Hy2gen nécessite six fois plus de puissance.

Selon les plus récentes déclarations gouvernementales, il ne devrait plus rester beaucoup de mégawatts à distribuer pour des projets industriels jusqu’à ce qu’Hydro-Québec ajoute de la capacité à son réseau, à compter de 2027-2028.

Pas besoin d’autoproduction privée

Plusieurs observateurs s’attendaient à ce qu’Hy2gen soit obligée d’autoproduire de l’électricité pour répondre à une partie de ses besoins, à l’instar de TES Canada, en Mauricie. Mais elle n’y sera pas obligée, puisqu’elle a obtenu tout ce qu’elle voulait.

Selon nos sources, Hydro-Québec n’était pas très enchantée par l’idée de reproduire le modèle hybride de TES Canada, qui est contestée. Les experts y voient une «brèche» dans le monopole d’Hydro-Québec.

L’entreprise étatique n’a pas confirmé cette information, mais on sait qu’elle a récemment annoncé vouloir devenir elle-même maître d’œuvre de projets éoliens de taille gigantesque.

Demande de plus de transparence sur l’allocation des mégawatts

Ce qui sera important, c’est de démontrer que c’est la meilleure utilisation des blocs que nous accordons qui aura le plus grand impact en termes de réduction des gaz à effet de serre.cette Johanne Whitmore. La démonstration n’est pas toujours claire.

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Johanne Whitmore, chercheuse principale de la Chaire de gestion du secteur énergétique, à HEC Montréal (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada / Mathieu Arsenault

Au début du mois, le Parti libéral du Québec a écrit à la vérificatrice générale pour l’inviter à enquêter sur l’octroi de blocs énergétiques à des entreprises, craignant un « arbitraire ».

L’opposition déplore le fait que des projets d’entreprises étrangères aient obtenu des mégawatts alors que des entreprises déjà établies au Québec ont été refusées.

Une entreprise chinoise, Tiandingfeng Canada, a par exemple obtenu des mégawatts pour un projet à Sorel-Tracy, tandis que l’entreprise Les Forges de Sorel n’a pas obtenu les 16 MW qu’elle demandait pour décarboner ses procédés.

En commission parlementaire, en septembre, le PDG d’Hydro-Québec Michael Sabia avait critiqué les choix de Pierre Fitzgibbon, estimant que l’ancien ministre avait « peut-être » réservé trop de blocs électriques aux entreprises étrangères, et ce, au détriment des entreprises locales. .

>>Michael Sabia en commission parlementaire.>>

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Hydro-Québec CEO Michael Sabia (Archive photo)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Dans son discours, M. Sabia a également noté que les mégawatts alloués ne respectaient pas les objectifs fixés par l’entreprise publique de 75% pour la décarbonation et 25% pour la croissance économique.

Selon le gouvernement, les critères retenus pour sélectionner les projets sont les suivants : :

  • capacité technique d’Hydro-Québec pour les raccorder
  • frais et délais de connexion
  • démontrer une gestion énergétique optimale
  • retombées économiques et financières du projet pour le Québec
  • contribution à la décarbonisation du Québec (réduction des GES)
  • acceptabilité sociale
  • effets du projet sur le développement régional
  • cohérence avec les directives et stratégies gouvernementales

Hydrogène vert – soyez prudent lorsque vous l’utilisez

La société allemande Hy2gen prévoit de produire du carburant propre pour les navires afin de remplacer l’utilisation du pétrole. Le port de Baie-Comeau pourrait servir de station de recharge pour ces navires.

>>Le port de Baie-Comeau.>>

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Le port de Baie-Comeau (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada

L’hydrogène vert est obtenu par électrolyse de l’eau, ce qui nécessite une consommation électrique importante.

C’est une activité très gourmande en énergie, nous n’avons donc pas le luxe d’utiliser l’hydrogène vert d’une manière ou d’une autre.mentionne Johanne Whitmore.

Selon le chercheur, c’est important de décarboner d’abord l’utilisation de l’hydrogène gris [fabriqué à partir d’énergies fossiles]qui est utilisé dans les secteurs de la sidérurgie et de la chimie.

Il faut aussi veiller à ce que cet hydrogène vert soit utilisé pour les secteurs les plus difficiles à décarboner, par exemple le transport maritime lourd. En revanche, il n’est pas prioritaire de créer de nouveaux carburants de synthèse au gaz naturel pour l’injecter dans le réseau d’Énergir.

Par ailleurs, elle rappelle que le gouvernement s’engage à faire en sorte que la production d’hydrogène vert soit principalement destinée à être utilisée sur le marché québécois.

 
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