Pour chaque tranche de 100 € de bénéfices réalisés, les plus grandes entreprises actives en Belgique reversent 73 € à leurs actionnaires

Pour chaque tranche de 100 € de bénéfices réalisés, les plus grandes entreprises actives en Belgique reversent 73 € à leurs actionnaires
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Les marges des entreprises alimentent l’inflation mais ce sont les salariés qui sont mis au régime

En Belgique, les marges des entreprises ont contribué deux fois plus à l’inflation en 2021 que les augmentations de salaires. En 2022, la contribution des marges des entreprises à l’inflation était encore 25 % supérieure à celle des salaires. Les marges bénéficiaires des entreprises atteignent des niveaux historiques, elles ont augmenté davantage en Belgique que dans les pays voisins et sont les plus élevées depuis 20 ans.

En 2024, la loi prévoit que les salariés pourront voir leur salaire augmenter de… 0% (hors indexation). Une absurdité alors même que la richesse créée par les salariés des plus grandes entreprises actives en Belgique au cours des six dernières années a augmenté de 45%. Sur la même période, les dépenses par salarié de ces entreprises n’ont augmenté que de 13 %..

« La richesse générée par les entreprises n’est pas équitablement répartie, l’augmentation des profits passe avant les salaires et les prix équitables pour les consommateurs. En moyenne, 73 % des bénéfices des grandes entreprises sont reversés sous forme de dividendes aux actionnaires. Au cours des 6 dernières années, certaines entreprises ont même versé plus de dividendes qu’elles n’ont réalisé de bénéfices ! » explique Julien Désidériochargée de plaidoyer pour la justice fiscale chez Oxfam Belgique.

Et tout cela alors que les marges des grandes entreprises n’ont jamais été aussi élevées. « Ces superprofits se retrouvent notamment dans des secteurs comme l’énergie, l’agroalimentaire, les nouvelles technologies ou le transport maritime. Des secteurs qui ont par exemple profité de la guerre en Ukraine, profitant de leur position dominante pour augmenter les prix et donc leurs profits. Ces bénéfices exceptionnels, réalisés en partie grâce à un contexte de crise, ont ensuite profité aux actionnaires sous forme de versements de dividendes et de programmes de rachat d’actions », conclut Julien Désidério.

La Belgique est un paradis fiscal pour les détenteurs de capitaux

Il faudrait plus d’un siècle de travail, sans dépenser un euro, pour qu’une personne au Smic perçoive l’équivalent de ce que gagne en un an un cadre du BEL20. Un écart salarial qui ne s’explique plus par la performance des entreprises et qui n’a pas plus de fondement que le prix exorbitant des joueurs de football. Une situation qui profite majoritairement aux hommes puisque seulement 4,5% des entreprises cotées en Belgique ont une femme comme CEO.

Le système fiscal belge établit une inégalité structurelle entre les personnes qui tirent des revenus de leur travail et celles qui tirent des revenus uniquement de leurs investissements. Par exemple, un particulier qui gagne 41 000 euros bruts en travaillant devra payer un impôt de 30 % en moyenne sur ces revenus. Un particulier qui génère un bénéfice de 41 000 euros en revendant des actions paiera un impôt de 0% sur sa plus-value.

La Belgique est le pays de l’OCDE où la différence de fiscalité entre les détenteurs de capitaux et les travailleurs est la plus grande. Un système inégal qui profite aux plus riches quand on sait que les 10 % les plus riches de la population détiennent près de 80 % des actions cotées en bourse.

La Belgique offre également des régimes fiscaux favorables pour les paiements de dividendes et les rachats d’actions. Les dépenses fiscales belges en faveur des détenteurs de capitaux équivalent ainsi à 3% du PIB.

L’État subventionne massivement les entreprises très rentables

“Au niveau international, la Belgique n’est pas seulement connue pour ses frites, sa bière et son chocolat mais aussi pour les incitations fiscales qu’elle accorde au secteur pharmaceutique”, note Julien. Désidério. Des avantages fiscaux qui coûtent des millions chaque année, dont l’impact n’est pas évalué par les pouvoirs publics et dont l’efficience et l’efficacité font l’objet de critiques de la part du Bureau fédéral du Plan, de la Commission européenne ou encore de l’OCDE. Le taux d’imposition moyen des sociétés pharmaceutiques n’a varié qu’entre 1 % et 2,15 % pendant la pandémie.

L’État désinvestit dans ses compétences internes et fait de plus en plus appel à des sociétés de conseil. Des choix qui coûtent cher aux contribuables et privent les services publics de compétences stratégiques. La Flandre, par exemple, économise 75 millions d’euros par an sur ses fonctionnaires, mais compense en dépensant le double auprès des cabinets de conseil.

Recommandations pour une économie plus juste

Oxfam appelle les différents partis politiques et le futur gouvernement à prendre des mesures ambitieuses pour assurer une répartition équitable des richesses, tant au sein des entreprises que dans la société. Cela passe par un renforcement de la lutte contre le pouvoir des monopoles et une révision de la loi sur les normes salariales de 1996. Il est également crucial de dissuader la pratique des rachats d’actions en les taxant comme les dividendes, et d’encadrer la rémunération des dirigeants pour lier leurs revenus à la pérennité. objectifs.

Sur le plan fiscal, réaffirmer la progressivité de l’impôt et instaurer une fiscalité cohérente sur les plus-values ​​et les dividendes sont des mesures essentielles pour restaurer l’équité fiscale. Une fiscalité efficace des multinationales, avec un impôt minimum de 25 %, ainsi que l’instauration d’un impôt sur la fortune pour les plus riches, permettraient de financer des politiques publiques indispensables à la lutte contre les inégalités et le changement climatique. Encadrer la part des bénéfices versée aux actionnaires en fonction du respect d’objectifs sociaux et climatiques permettrait d’aligner les intérêts économiques avec le bien-être sociétal.

Enfin, l’adoption d’un modèle d’entreprise responsable et conscient des limites planétaires nécessite la mise en œuvre ambitieuse d’une loi sur le devoir de vigilance, l’adoption d’un statut d’entreprise à mission et le développement de modèles de comptabilité extra-financière prenant en compte les impact écologique des activités d’une entreprise. « Ensemble, ces mesures jettent les bases d’une société plus juste et plus durable, dans laquelle les avantages économiques ne se font pas au détriment de l’équité sociale ou de l’intégrité environnementale », conclut Désidério.

Note aux éditeurs

  • julien DésidérioLe responsable de la défense de la justice fiscale et auteur du rapport est disponible pour plus d’.
 
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