Accusé d’être « distrait et absent », l’ancien patron a obtenu 10 millions en 2023

Accusé d’être « distrait et absent », l’ancien patron a obtenu 10 millions en 2023
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(Montréal) La rémunération annuelle de l’ancien patron de Gildan, Glenn Chamandy, a frôlé les 10 millions $ US au cours des trois dernières années, même si le conseil d’administration lui reproche d’avoir « considérablement réduit » son implication quotidienne dans la gestion de l’entreprise « au cours des dernières années ». » dans le cadre d’une guerre d’actionnaires qui secoue le fabricant de vêtements montréalais.

Stéphane Rolland

La Presse Canadienne

Malgré ces allégations fermement démenties par M. Chamandy, le conseil d’administration a tout de même jugé son travail suffisamment satisfaisant pour lui verser des primes annuelles en 2021 et 2022.

Même s’il n’a pas reçu de bonus annuels en 2023, sa rémunération totale atteint tout de même 10,2 millions de dollars américains, l’équivalent de 13,8 millions de dollars américains, selon les documents réglementaires envoyés aux actionnaires.

Ces émoluments ont été accordés à une époque où le conseil d’administration allègue que le patron de l’entreprise s’est désengagé « ces dernières années » de la gestion quotidienne de l’entreprise. “M. Chamandy ne venait au bureau que quatre fois par mois et n’envoyait que quelques e-mails professionnels par jour », affirme le conseil d’administration dans la circulaire aux actionnaires.

« À un moment aussi critique de l’histoire de Gildan, le conseil d’administration croyait que l’entreprise ne pouvait pas rester entre les mains d’un PDG distrait et absent », ont déclaré les administrateurs.

Cette version a été démentie par M. Chamandy lorsqu’elle a été évoquée pour la première fois en janvier. “Je suis offensé par ce qui semble être une tentative préméditée de saper publiquement mon bilan et, ce qui est encore pire du point de vue de l’entreprise, c’est que le comportement négligent du conseil d’administration ternit également la réputation d’une grande entreprise”, a répondu M. Chamandy dans un communiqué. déclaration.

Des actionnaires importants ont pris la défense de l’homme d’affaires, notamment la société américaine Browning West et le gestionnaire d’actifs montréalais Jarislowsky Fraser, qui réclament le remplacement des administrateurs.

Les actionnaires auront l’occasion de trancher la question lors de l’assemblée annuelle du 28 mai à Montréal.

Si les actionnaires activistes obtenaient un soutien majoritaire, cela pourrait ouvrir la voie au retour au pouvoir de M. Chamandy.

Indemnité de départ en attente

Dans le document, il est indiqué que M. Chamandy réclamerait une prime d’« environ » 38 millions US, ce qui représente près de 50 millions. L’année dernière, le conseil d’administration a estimé que le dirigeant aurait droit à une indemnité de départ d’environ 20 millions de dollars américains, soit environ 27 millions de dollars, en cas de licenciement sans motif.

Le conseil d’administration de la société déclare qu’il « ne peut pas prendre de décision éclairée » quant au versement d’une partie ou de la totalité de l’indemnité de départ tant que les actionnaires ne feront pas entendre leur voix.

Un message contradictoire

Dans ce cas-ci, il semble y avoir une certaine contradiction dans le message du conseil, constate le professeur et codirecteur du Centre d’études en droit économique de l’Université Laval, Ivan Tchotourian.

“C’est un message un peu troublé car effectivement, on ne peut pas lui reprocher quelque chose et en revanche lui proposer une rémunération importante”, répond l’expert en gouvernance.

Toutefois, plusieurs facteurs ont pu jouer un rôle dans l’évaluation de la rémunération de M. Chamandy, a nuancé M. Tchotourian. La rémunération est établie en fonction de certains critères, notamment des rendements financiers, qui ont été atteints, quel que soit le jugement porté sur le rôle réellement joué par l’entrepreneur dans l’atteinte des objectifs.

Plus généralement, la contradiction évoque les limites des programmes de rémunération à long terme basés principalement sur la performance boursière, selon le président-directeur général de l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques (IGOPP), François Dauphin.

Ces programmes visent à aligner « le plus près possible » l’intérêt du dirigeant avec celui des actionnaires, mais « cela n’a pas forcément grand-chose à voir avec les qualités personnelles ou individuelles du PDG », note M. Dauphin.

Si les performances de l’entreprise sont bonnes, il faudra peut-être un certain temps avant que les dirigeants se rendent compte que l’engagement du grand patron n’est pas au rendez-vous, estime M. Dauphin. « Nous nous rencontrons occasionnellement, mais nous ne sommes pas sur le terrain tous les jours. »

La décision de licencier un PDG, surtout lorsqu’il est fondateur, doit être mûrement réfléchie. Il est normal que le conseil prenne le temps de faire une enquête interne « pour autant que de l’extérieur, cela semble fonctionner ».

Le conseil d’administration et M. Chamandy ont fourni des versions différentes, mais il est ressorti qu’il y avait un désaccord sur le plan stratégique et la succession.

Ces discussions sur la succession suggèrent que le conseil d’administration avait entamé des travaux pour planifier un nouveau chapitre stratégique et tenter une transition en douceur, estime M. Dauphin. « Il y a probablement un travail de base qui a été mis en place. Je pense que tout ce travail qui devait être fait de manière ordonnée n’a pas fonctionné. »

M. Tchotourian estime également que le conseil d’administration a tenté d’assurer une certaine transition en douceur avec le fondateur, ce qui pourrait expliquer la rémunération des dernières années. Le fort soutien d’actionnaires importants à M. Chamandy, comme en témoigne leur mécontentement suite à son licenciement, aurait pu compliquer le travail du conseil d’administration, selon lui.

“M. Chamandy est toujours soutenu par certains actionnaires. Il se pourrait donc très bien que s’il avait bénéficié d’une rémunération jugée trop faible, les actionnaires auraient pu contester le conseil d’administration. Vous donnez des bâtons pour vous faire battre. »

 
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