Finances News Hebdo : De votre point de vue d’opérateur, quels sont les avantages du marché à terme pour le marché des capitaux marocain ?
Adel Elaroussi : Le marché à terme apporte plusieurs avantages au marché des capitaux au Maroc. Il permet de gérer les risques de prix, notamment pour les produits dérivés, offrant ainsi aux investisseurs des outils pour se couvrir contre les fluctuations. Il favorise également la liquidité et la transparence du marché en augmentant les volumes de transactions. Enfin, il contribue à rendre le Maroc encore plus attractif en tant que place financière compétitive, en diversifiant les instruments disponibles et en attirant les investisseurs institutionnels étrangers.
FNH : Le marché à terme, plus encore que le marché spot, nécessite des infrastructures post-marché robustes et efficaces. Pour quelles raisons, selon vous ?
AE : Le marché à terme est plus complexe que le marché au comptant car il implique des engagements à régler à une date ultérieure. Cela introduit des risques supplémentaires, comme le risque qu’une partie ne soit pas en mesure d’honorer son engagement. C’est pourquoi une infrastructure solide, telle qu’une chambre de compensation, est nécessaire pour garantir le bon déroulement des transactions, tout en gérant les risques et les marges. Ces infrastructures permettent également de gérer les dépôts de garantie et les ajustements (appelés appels de marge), qui doivent être effectués régulièrement pour éviter des pertes importantes en cas d’évolution des prix. En résumé, sans une bonne infrastructure post-négociation, le marché à terme serait trop risqué et instable.
FNH : En tant qu’opérateur, quelles sont vos avancées dans ce domaine ?
AE : La direction de CDG Capital est pleinement engagée dans le développement des infrastructures nécessaires au développement du marché financier et à l’accompagnement de la croissance de CDG Capital. Nous avons mis en place une feuille de route bien définie et travaillons en étroite collaboration avec tous les acteurs du marché. Nous sommes presque prêts à démarrer notre activité, en ligne avec l’évolution du marché.
FNH : Un groupe de travail a été mis en place pour développer les infrastructures post-marché liées au marché à terme. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
AE : La mission du groupe de travail sur les infrastructures des marchés à terme était de comprendre le modèle de rémunération marocain, de le remettre en question et de partager cette compréhension avec toutes les parties prenantes concernées. Elle regroupe la Bourse, le régulateur, certaines banques, des sociétés de bourse, ainsi que des associations professionnelles comme le GPBM, l’APSB et l’AMSM. Des réunions régulières sont organisées pour assurer une bonne coordination, établir une vision commune et définir des standards partagés. L’objectif est de mutualiser les investissements technologiques, de réduire les coûts de développement et d’éviter que chaque acteur développe ses propres solutions. En travaillant ensemble, le groupe vise à promouvoir une approche cohérente et efficace du marché à terme.
FNH : Selon vous, quand peut-on espérer l’introduction des produits à terme sur le marché marocain ?
AE : Le démarrage du marché à terme et de la Clearing House devrait être imminent. On attend surtout la finalisation de la réglementation, qui est presque prête. Le cadre documentaire avance bien et des solutions techniques adaptées au contexte marocain sont testées à grande échelle, dont au moins une ayant passé avec succès les vérifications de connexion et de communication avec le marché à terme et la Clearing House. Le déploiement des produits à terme débutera par l’introduction d’un futur sur indice, qui facilitera le lancement et permettra de tester le fonctionnement de la Clearing House.
