Londres (awp/afp) – Les banques britanniques s’exposent à des « pertes graves et inattendues » en ne parvenant pas à évaluer correctement leur exposition aux risques du secteur du capital-investissement en croissance rapide et largement basé sur l’endettement, souligne la Banque d’Angleterre ( BoE).
“Notre examen a révélé que de nombreuses banques sont incapables d’identifier et de regrouper ou de mesurer systématiquement” leur exposition aux risques du capital-investissement, a déclaré mardi Rebecca Jackson, responsable de la banque centrale britannique.
Dans le cadre de ce modèle, les banques prêtent d’importantes sommes d’argent pour financer l’achat d’entreprises, les bénéfices de ces entreprises étant ensuite utilisés pour payer les intérêts des prêts.
Avec une croissance d’environ 13 % par an, le secteur du capital-investissement vaudrait plus de 8 000 milliards de dollars en 2023, contre un peu moins de 2 000 milliards de dollars en 2012, selon Mme Jackson.
Mais ce système rend les banques particulièrement vulnérables en cas de crise, car les entreprises se retrouvent dans l’incapacité de vendre immédiatement leurs actifs pour rembourser leurs prêts.
Selon Mme Jackson, « il n’est pas difficile d’imaginer un scénario comme celui d’une faute professionnelle chez [une société de capital-investissement] ou la faillite de plusieurs sociétés d’un portefeuille », ce qui laisse « les banques exposées à des pertes graves et inattendues ».
Elle rappelle les difficultés posées par l’implosion du fonds américain Archegos Capital, dont la faillite en mars 2021 a coûté plus de dix milliards de dollars aux banques mondiales, et contribué à la chute du Crédit Suisse, touché à hauteur d’environ 5 milliards de dollars.
Toutefois, outre les problèmes d'”agrégation des données” nécessaires à la mesure des risques, la BoE a noté que “très peu” de banques “réalisent des stress tests de routine, sur mesure et complets” sur les sociétés de capitaux.
L’institution monétaire “a noté un sentiment rampant de complaisance” parmi les prêteurs, “en raison de l’absence d’antécédents de pertes dans ce secteur”.
Dans une lettre envoyée mardi aux directeurs du contrôle des risques de plusieurs banques, la BoE leur a donné jusqu’au 30 août pour identifier leurs lacunes dans le secteur et partager leurs suggestions d’amélioration.
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