L’Europe menace de suspendre son programme de récompenses

L’Europe menace de suspendre son programme de récompenses
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Bruxelles a ouvert lundi une enquête visant la nouvelle application TikTok Lite et a menacé de suspendre à partir de jeudi la fonctionnalité du réseau social chinois qui récompense le temps passé devant les écrans au risque d’accroître les addictions.

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Des pièces virtuelles, convertibles en carte cadeau, en échange du visionnage de vidéos… TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, a lancé fin mars son nouveau service controversé en France et en Espagne. En poussant les gens à rester connectés, cela pourrait dangereusement renforcer la dépendance au réseau social.

La Commission européenne, qui joue désormais le rôle de gendarme du numérique dans l’UE, estime que le mécanisme présente « des risques sérieux pour la santé mentale des utilisateurs ». La plateforme n’a toutefois pas communiqué à Bruxelles, avant son lancement, d’évaluation des risques, conformément à ses obligations au titre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

C’est pourquoi l’exécutif européen s’apprête à imposer une suspension du programme de récompenses. “Avant de l’adopter formellement, TikTok s’est vu accorder un délai jusqu’au (mercredi) 24 avril pour présenter ses arguments de défense.”

“Nous sommes déçus du lancement de ce processus : le programme de récompenses TikTok Lite n’est pas accessible aux moins de 18 ans et inclut une limite quotidienne de visionnage de vidéos”, a déclaré un porte-parole de TikTok joint par l’AFP. Le groupe entend toutefois « poursuivre les discussions » avec Bruxelles.

La Commission européenne a émis un premier avertissement le 17 avril, demandant à la plateforme de fournir sous 24 heures une évaluation des risques liés à ce déploiement et de détailler les moyens mis en œuvre pour les réduire. Mais « TikTok n’a pas fourni le document à temps », a expliqué la Commission.

“Les flux incessants de vidéos courtes et rapides peuvent sembler amusants, mais ils exposent nos enfants à des risques de dépendance, d’anxiété, de dépression, de troubles de l’alimentation et de réduction de la capacité d’attention”, a déclaré le commissaire européen. au Numérique Thierry Breton.

« Nous soupçonnons TikTok Lite d’être aussi toxique et addictif que les cigarettes « légères » », a-t-il déclaré, cité dans le communiqué. « Nous ne ménagerons aucun effort pour protéger nos enfants », a-t-il prévenu.

TikTok doit fournir son rapport d’évaluation des risques au plus tard mardi et répondre aux autres questions d’ici le 3 mai.

Amendes et pénalités

En l’absence de réponse dans les délais, la Commission peut imposer des amendes allant jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires global annuel du groupe et des pénalités allant jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires quotidien.

TikTok Lite récompense les utilisateurs avec des jetons s’ils se connectent quotidiennement pendant dix jours, passent du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 minutes par jour) et effectuent certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenu. Ces pièces peuvent ensuite être échangées contre des cartes cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.

Le réseau social a rappelé à plusieurs reprises que seules les personnes âgées de 18 ans ou plus peuvent collecter des points et qu’il applique des procédures pour s’assurer de l’âge des utilisateurs. Un selfie avec pièce d’identité, un selfie vidéo ou une autorisation de carte bancaire sont donc nécessaires pour convertir les pièces en bons d’achat, a expliqué TikTok à l’AFP.

Mais, pour les experts, les risques de contournement semblent évidents.

La secrétaire d’État française chargée du Numérique, Marina Ferrari, a exprimé « son inquiétude » lors du lancement de TikTok Lite. Ses services étudient “avec la plus grande attention les mécanismes de l’interface” qualifiés de “dérive discutable” à l’heure où la France a commencé à réfléchir sur le temps d’écran, notamment chez les jeunes.

Avec ses clips vidéo souvent dansants ou musicaux, TikTok, qui a séduit plus de 1,5 milliard d’utilisateurs dans le monde, est accusé depuis plusieurs années aux Etats-Unis et en Europe de provoquer des comportements addictifs chez les adolescents.

La plateforme chinoise faisait déjà l’objet d’une enquête de la Commission, ouverte en février, pour des manquements présumés dans la protection des mineurs au titre du DSA. Les manquements présumés, avant même le lancement de TikTok Lite, concernaient déjà la gestion des risques liés à la conception addictive et aux contenus préjudiciables du réseau social, mais aussi la transparence de la publicité, et l’accès aux algorithmes pour les chercheurs.

 
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