Grandeur et déclin du site Heuliez à Cerizay

Grandeur et déclin du site Heuliez à Cerizay
Grandeur et déclin du site Heuliez à Cerizay

Lorsque la liquidation de la société Heuliez est annoncée en 2013, ce fut un choc énorme pour Cerizay. Au plus fort de son activité, l’entreprise de carrosserie avait employé jusqu’à 2 500 personnes.

Au début de cette aventure, une histoire de famille. Celle de la charronnerie d’Adolphe Heuliez, reprise en 1922 par Louis Heuliez. En 1923, il invente un procédé permettant de poser une bande de caoutchouc sur les roues des charrettes.« Quand j’ai rejoint l’entreprise en 1963, il n’y avait encore que trois bâtiments »affirme Jacques Jolly, un ancien salarié de l’entreprise.

Au plus fort de son activité, Heuliez employait près de 2 500 personnes dans une véritable usine de fabrication d’automobiles pour de grands constructeurs.
© (Photo N)R

À l’époque, l’entreprise n’avait ni la dimension industrielle ni la vocation automobile qui lui allait plus tard être attribuée. « Nous avons commencé à produire nos premières pièces de plancher pour le fourgon Citroën HY. »

Par la suite, Heuliez produira des soubassements de Simca 1301 et 1501, des pièces de carrosserie pour Peugeot, Citroën, Renault, Saviem… Une partie du savoir-faire d’Heuliez consiste également à construire des véhicules spéciaux, notamment des véhicules publicitaires (pour La Nouvelle République (entre autres).

Jusqu’à 33 hectares

Le développement de l’entreprise nécessitera son expansion. « Le bâtiment de direction a été construit sur le site de la gendarmerie de Cerizay », se souvient Jacques Jolly. « Il fallait de la place pour les presses à emboutir. La production de mobilier scolaire (Robustacier) s’est déplacée à Bressuire et a donné naissance à BRM. » Plus tard, le déménagement de la production d’autobus à Rorthais donnera naissance aux bus Heuliez. « Nous avions même une usine à Villers-la-Montagne, à la frontière luxembourgeoise. »

Autant que le paysage de Cerizay, Heuliez façonne son tissu social. « À la fin des années 1960, la main d’œuvre portugaise a commencé à arriver pour soutenir la production. Il y avait cinq ou six lignes de bus pour récupérer les travailleurs dans un rayon d’au moins 30 km. »

Lorsqu’elle a finalement vendu, il n’a pas fallu longtemps pour que sa maison soit rasée.

Jacques Jolly, former Heuliez employee Cerizay

Le développement d’Heuliez ne connaît pas de limites. « On s’est toujours dit : on ne peut pas aller plus loin. » La route de Cerizay-le Pin est pourtant engloutie d’un seul coup. « Ils ont même comblé une vallée à l’endroit approximatif de la rocade de Cerizay pour agrandir l’usine. La maison d’une dame se trouvait au milieu de l’usine. Elle refusait de partir. La pauvre a dû passer de mauvaises nuits. Les presses ont dû faire trembler la maison. Quand elle a finalement vendu, il n’a pas fallu longtemps pour que sa maison soit rasée. »

Les presses Heuliez se sont arrêtées en 2013, heureusement pas définitivement puisque d’autres entreprises se sont installées sur le site, entre autres pour une activité d’emboutissage.
© (Photo NR, Dominique Guinefoleau)

A leur apogée, la production du break BX pour Citroën dans les années 80 puis celle de la Xantia semblaient ouvrir des horizons infinis. Le bureau d’études Heuliez travaillait pour des projets spéciaux pour les constructeurs et des modèles de démonstration présentés sur les plus grands salons automobiles.

Le navire a commencé à couler avec la production de l’Opel Tigra. Ce fiasco commercial allait lancer le déclin de l’entreprise chérizéenne jusqu’à son naufrage en 2013.

Dominique Guinefoleau

Heuliez n’a pas laissé de terrain vague

La chute d’Heuliez n’a pas été brutale. On l’a vue venir, espérant à chaque avertissement qu’un nouveau sursis, un plan miraculeux ou même un sauveur industriel préserverait l’outil. L’entreprise comptait encore 1 500 salariés en 2008 (3 000 en 2005) mais Heuliez SA n’en employait que 275 au moment de sa liquidation.

On a espéré un temps que la Mia Electric, petite voiture trois places née dans les bureaux d’études Heuliez avant sa liquidation, permettrait de relancer le site avec d’autres sociétés, émanations plus ou moins directes du carrossier historique et une participation financière de la Région Poitou-Charentes.

Mais cette histoire s’est terminée par un épisode judiciaire et industriel aussi calamiteux qu’avorté.

Heureusement pour Cerizay, ce vide de 33 ha a été comblé par la reprise du site par plusieurs entreprises (OMA, DPC, Technypôle, etc.). Sans aller jusqu’à Heuliez, ces entreprises ont empêché le site de devenir un terrain de jeu pour les amateurs d’urbex.

 
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