le désarroi d’une famille à Saint-Évarzec

le désarroi d’une famille à Saint-Évarzec
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« Mais comment ces gens font-ils pour dormir en paix ? », demande Camille Brélivet, 44 ans, devant le chantier inachevé du nouveau pavillon dans lequel elle devait s’installer avec son mari et leurs quatre enfants, en novembre 2023. L’incarnation d’un des quarante dossiers très impactés par le procès en liquidation judiciaire contre la société Habitat de l’Odet intervenu en novembre 2023, alors franchisé Maisons Pierre à Quimper. Cette dernière société a été désignée pour reprendre les contrats de construction dont les travaux avaient commencé.

« Plus de son, plus d’image »

« Mais nous n’avons plus ni son ni image depuis février 2023 », déplore Mickaël Brélivet, 46 ans. « On nous a demandé une augmentation de 5 % du prix initial de la maison en raison de l’augmentation du prix des matériaux. C’est légal, mais sur présentation de factures», précise celui qui est prêt à payer dans des conditions synonymes des travaux réalisés. « On a juste envie d’entrer dans notre maison », dit-il désillusionné, rappelant que le contrat avec Habitat de l’Odet a été signé en 2021. « Ce n’est pas un extra. Il s’agit d’une franchise à la charge des acheteurs », explique Pierre Jude, directeur fondateur de Maisons Pierre. Cela permet au constructeur de partager l’augmentation du coût des matériaux.

Nous ne sommes pas en difficulté financière. Il y a des gens plus en difficulté que nous dans cette affaire… Mais ça ne peut pas durer

Derrière Mickaël Brélivet, le pavillon de 140 m2 répartis sur deux niveaux est l’un des derniers, dans ce joli petit lotissement récemment ouvert à Saint-Évarzec, à rester dépourvu de parpaings. La maison est pour ainsi dire hors d’eau et d’air, dalle du rez-de-chaussée et étage terminés. Mais rien, absolument rien de plus. Pas un escalier, pas l’ombre d’une cloison : un chantier couvert. « Le mur ouest commençait à verdir », montre même Mickaël Brélivet en haussant les épaules, à l’intérieur de ce qui devrait devenir un salon.

« Nous ne sommes pas en difficulté financière. Il y a des gens plus en difficulté que nous dans cette affaire… Mais ça ne peut pas durer. »

Réfugiés chez grand-mère en semaine

Car, à une visibilité réduite à zéro par le silence des interlocuteurs depuis des mois, s’ajoutent des contraintes financières et logistiques qui pèsent parfois de manière inattendue sur tous les membres de cette grande famille. « Nos deux grands préparent leur baccalauréat. L’aînée se réfugie chez sa grand-mère la semaine, pour qu’elle puisse travailler sereinement dans une chambre seule », explique Camille Brélivet, les poings enfoncés dans les poches de son manteau et les yeux cernés de fatigue.

J’ai le sentiment que c’est avant tout une question de simple respect…

« Et puis, on multiplie les déplacements entre les écoles des uns et les autres, le travail », ajoute la mère, abasourdie par l’absence de retour. « J’ai le sentiment que c’est d’abord une question de simple respect… » Car, calculant avec le délai initial de livraison de leur nouvelle maison, les Brélivet ont vendu leur ancienne maison à Édern. Un modèle de financement qui les a conduits vers un hébergement de transition à Clohars-Fouesnant. Mais 80 m2 pour trois pièces pour six personnes n’étaient envisageables que dans un temps limité.

Cerise sur le gâteau, l’assureur* garant des pénalités à payer en cas de retard de livraison semble lui aussi en difficulté : « 72 € par jour. Nous n’arrivons pas à récupérer une somme qui commence à approcher les 10 000 € », ajoute Mickaël Brelivet avec un peu plus de désarroi. Terrain, construction : la famille a déjà investi 150 000 sur les 300 000 € du projet global. Mais les délais de la banque auprès de laquelle ils ont emprunté leur financement complémentaire se resserrent.

* Contactée par téléphone, la Sogerep a indiqué qu’elle n’était qu’un courtier du groupe Axa en l’occurrence franchisé Habitat de l’Odet Maisons Pierre.

 
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