La petite fusée enverra dans l’espace un satellite du programme d’observation de la Terre Copernicus.
Décollage prévu depuis le port spatial de Kourou en Guyane française le 3 septembre à 22h50 heure locale : ce sera la dernière mission du lanceur italien Vega de la firme Avio, en service depuis 2012, avant le passage de relais à Vega C, une version améliorée et plus puissante, clouée au sol depuis 2022 suite à un accident.
Ce vol « est le deuxième volet de la restauration de l’autonomie spatiale et de l’autonomie stratégique européenne », commente Philippe Baptiste, président du CNES, le Centre national d’études spatiales.
Cette mission, baptisée VV24, placera son passager, le satellite Sentinel-2C du programme Copernicus de l’Union européenne, sur une orbite héliosynchrone à une altitude d’environ 780 km. Il sera placé sur orbite 57 minutes après son décollage.
Dans le cadre du programme spatial d’observation de la Terre, domaine d’excellence de l’Europe, le satellite Sentinel-2C soutiendra un large éventail d’applications opérationnelles, notamment l’agriculture, la surveillance de la qualité de l’eau, la gestion des catastrophes naturelles telles que les incendies de forêt, les tremblements de terre ou les inondations, et la détection des émissions de méthane.
La mission honorera « l’engagement d’Arianespace de garantir à l’Europe un accès indépendant à l’espace », a indiqué dans un communiqué le groupe français Arianespace, qui gère le lancement. Depuis le dernier vol d’Ariane 5 en juillet 2023, les Européens ne sont plus en mesure de mettre seuls un satellite en orbite.
Pression sur Vega C
Le succès du premier vol d’Ariane 6, dont le développement a pris quatre ans de retard, a donné début juillet des ailes aux Européens, marquant la fin de l’année « noire » durant laquelle le Vieux Continent a été privé d’accès à l’espace. La reprise des vols de leurs lanceurs est d’autant plus stratégique pour les Européens qu’ils peinent à exister face au géant américain SpaceX, qui lance ses fusées réutilisables Falcon 9 environ deux fois par semaine.
Un optimisme prudent est de mise concernant Vega C, dont le premier vol commercial en décembre 2022 s’est soldé par un échec provoquant la perte de deux satellites Airbus, alors que l’Europe était déjà privée de Soyouz après l’invasion russe de l’Ukraine et en attente d’Ariane 6.
« Je suis confiant. Nous serons prêts dès la fin novembre pour lancer Vega C », a déclaré Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l’Agence spatiale européenne (ESA), ajoutant que la conception du moteur, à l’origine de plusieurs anomalies, avait été « complètement revue » et que les derniers tests étaient concluants.
« Il y a beaucoup de pression sur Vega C, mais il n’y a aucune raison pour que cela ne se passe pas bien », a-t-il assuré.
Selon lui, l’ESA prépare désormais un deuxième vol d’Ariane 6 en décembre ainsi que six lancements d’Ariane 6 et quatre de Vega C en 2025.
« Nous sommes sortis d’une crise technique et politique des lanceurs », explique Pierre Lionnet, directeur de recherche d’Eurospace, qui regroupe les acteurs européens de l’industrie spatiale. « Mais la grande question est de savoir qui achètera suffisamment de lancements pour que l’opérateur et les acteurs de l’industrie puissent fournir les services à un prix acceptable pour les clients et qui permettrait à toute la chaîne industrielle de dégager des bénéfices », ajoute-t-il.
De toutes les puissances mondiales, l’Europe est « le plus petit client pour les besoins de lancement » et doit trouver sa place sur un marché « qui a radicalement changé », conclut-il. Pour Toni Tolker-Nielsen de l’ESA, il faudra au moins « une décennie » pour que l’Europe devienne compétitive dans ce domaine face aux États-Unis.
