Passer d’un moteur in-bord à un moteur hors-bord

Ce n’est pas parce qu’un moteur est en panne que le bateau est destiné à la casse… Si la coque est saine, l’unité peut repartir pour de nombreuses années de bons et loyaux services. C’est ce qui s’est passé avec ce Bertram 25 de 1963 dont nous avons suivi la remotorisation. Photos : L’auteur et LC MARINE.

Résumé :

Il y avait une envie de changement dans l’esprit de Thibault Picard-Claudel… Le système électrique du Yanmar de son Bertram 25, acheté d’occasion il y a un peu plus d’un an, montrait des signes de faiblesse et générait des problèmes. pannes répétées. Plutôt que de se lancer dans des réparations de remise à neuf, ce propriétaire a décidé de franchir le pas et de se lancer dans une opération de remotorisation complète.

Cette idée a été influencée par les nombreuses vidéos qu’il avait visionnées depuis l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou les États-Unis, pays où les modèles de cette marque américaine sont très présents, et où ce type de remotorisation est courant. “ Là-bas, la plupart des Bertram ont été remotorisés en moteurs hors-bord, dit-il. Les versions inboard sont même devenues rares. J’ai donc été convaincu et rassuré par la faisabilité du projet. »

Un projet que le concessionnaire Laurent Campera, du chantier costaricain LC Marine (Créhen) a validé après étude de la faisabilité technique.

La réingénierie, une affaire sur mesure

Laurent Campera avait un peu de recul sur ce type de transformation, car il avait déjà travaillé sur un Arcoa 6.90 de 1969. Au-delà de la faisabilité technique, la réingénierie du Bertram 25 a résolu de nombreux problèmes, notamment celui lié à l’échouage. En effet, ce bateau navigue en Bretagne nord où le marnage est fort et Thibault Picard-Claudel a souvent été contraint de jongler avec les mouillages pour éviter que la base ne bute contre le substrat à marée basse.

Il ne restait plus qu’à trouver les moteurs, ce qui s’est fait via le site L’Argus du Bateau, où une petite annonce proposait à la vente deux Mercury Sea Pro de 150 chevaux. Ces modèles d’occasion totalisaient moins de 1 000 heures chacun et disposaient surtout d’un carnet d’entretien particulièrement complet, preuve d’un entretien soigné effectué par un professionnel, le tout pour un budget inférieur à 12 000 €.

Les travaux pourraient alors commencer. ” Aucun équipement standard n’existe pour ce type d’opération. Le repowering est souvent une affaire sur mesure », explique Laurent Campera.

Un soudeur était chargé de fabriquer l’engrenage, sorte de plateforme en aluminium fixée directement sur le tableau arrière. Il ne s’agit pas d’une simple plateforme, mais plutôt d’un caisson qui apporte une flottabilité supplémentaire. De plus, un espace de 10 centimètres a été laissé entre le fond du caisson et la ligne de quille, qui fait office de marche. “ Il n’a pas été possible de réaliser le caisson en continuité avec la quille, explique Laurent Campera. Mais cet inconvénient s’est transformé en avantage, car cette pseudo-étape permet d’obtenir un meilleur comportement en mer. »

Ce boitier a été conçu pour supporter jusqu’à 2 x 300 chevaux, et pourra donc accepter plus de puissance que les deux Sea Pro si le propriétaire souhaite un jour en changer.

Le projet a débuté par l’extraction de l’ancien bloc, qui comptait 1 000 heures au compteur et qui a été revendu d’occasion. L’ancienne plateforme de bain en bois a également été retirée, tout comme la base et les plaques Z-drive. Une fois les trous comblés, il a fallu ajouter des renforts, notamment au niveau du panneau et des varangages.

C’est une pièce assez ingrate, car pas forcément visible, mais qui demande beaucoup de main d’œuvre. », explique Laurent Campera. Concrètement, ces travaux consistent à ajouter des entretoises et à renforcer la stratification.

Deux réservoirs (au lieu d’un à l’origine) ont été intégrés avec leurs filtres décanteurs respectifs. Ainsi, chaque moteur est connecté séparément à une vanne de jonction.

Le même principe a été utilisé pour les batteries : l’une est chargée d’alimenter l’électronique et tous les équipements embarqués, tandis que l’autre est destinée uniquement au guindeau, un équipement énergivore (et également changé lors de cette réparation). ” Cette séparation évite les chutes de tension dans tout le bateau lors du lever de l’ancre. », indique Laurent Campera.

Toute l’électricité a été refaite immédiatement, afin de purifier l’ancien système.

Un gain en vitesse de pointe

Une fois la construction de l’engrenage terminée, le réglage des moteurs a été effectué à blanc.

Une fois la hauteur validée, il était alors temps de passer aux tests in situ. Les réglages se sont révélés corrects dès le départ, puisque les tests ont été concluants. Avec 200 litres de carburant à bord, le bateau qui plafonnait à 28 nœuds avec son in-bord atteint désormais 37 nœuds en vitesse maximale.

Il plane à partir de 16 nœuds et maintient 18 nœuds sans faiblir. A 20 nœuds (sa nouvelle vitesse de croisière), il consomme 18 l/h par moteur.

Mais ce qui compte plus que la vitesse, c’est la maniabilité. Et de ce point de vue, c’est aussi une réussite. ” AAuparavant, il avait tendance à naviguer le nez en l’air, précise Thibault Picard-Claudel. Avec sa nouvelle paire de Sea Pros, il affiche une très légère assiette de seulement 5°. » Le passage en mer est impacté, tout comme la conduite dans les virages. Il faut rechercher ce changement vertueux dans le domaine de la flottabilité accrue. Le coffre arrière fournit plus de 400 litres, ce qui représente un bon volume d’air hermétique.

Les essais en mer à pleine charge n’ont montré aucune vibration.

Finalement, le cahier des charges a très peu évolué entre la naissance du projet et les essais en mer. Certes, quelques heures supplémentaires se sont ajoutées à celles initialement prévues (200 au total). Pourtant, passer du diesel à l’essence peut être déroutant, surtout à une époque où les prix des carburants sont élevés. ” La question s’est poséereconnaît Thibault Picard-Claudel, mais, quand vient le temps de faire le point, les avantages de l’essence par rapport au diesel l’emportent sur les inconvénients. »

En plus des excursions à la journée, ce propriétaire dispose d’un programme de navigation orienté vers la pêche hauturière. Ces deux moteurs apportent donc une sécurité supplémentaire !

Pas à pas … Les étapes de la réingénierie

Suppression de l’ancienne plateforme :

L’ancienne plateforme ajourée en bois et inox a été supprimée. On peut encore voir une partie de la base du Z-drive sur cette photo.

Le retrait de l’ancienne plateforme © DR

Dépose de l’intérieur :

Une fois le moteur et son socle démontés, il a fallu reboucher les trous avec du contreplaqué marin et de l’époxy, pour que le tout soit parfaitement étanche.

Le matos :

L’équipement © DR

Avant d’être définitivement fixée, l’équerre a été posée à blanc pour assurer son bon positionnement, notamment au niveau des ouvrages morts. Une telle installation nécessite des renforts, tant à l’intérieur (près du réservoir 1 ) que dans la boîte elle-même 2 .

Installation du premier moteur :

Une fois le réducteur fixé, il est alors possible d’installer le premier moteur

Installation du premier moteur © DR

Nettoyage de l’ancienne cale :

L’état du circuit électrique et ses ajouts successifs au fil des années sont un des éléments qui ont poussé le propriétaire à opter pour une refonte complète du bateau.

Nettoyage de l’ancienne cale © DR

Rescellement des passe-coques :

Outre l’empreinte Z-drive dans le panneau, d’autres accès anciens ont dû être bloqués, comme certains dalots ou passe-coques.

Rescellement des passe-coques © DR

Ajout de plateformes :

Les deux plates-formes latérales ont été soudées dans un deuxième temps, élargissant ainsi la surface d’accès à l’eau.

L’ajout de 9 plateformes DR

L’apparence d’une marche :

On voit bien sur cette photo le dénivelé d’une dizaine de centimètres entre la quille et le bas du train. Cette pseudo-étape va jouer un rôle considérable sur le comportement du bateau dans sa version hors-bord.

L’apparence d’une marche © DR

Installation d’une anode :

Le nouvel engrenage étant en aluminium, il était impératif d’installer une anode pour assurer une bonne protection électrolytique.

Pose d’une anode © DR

Un revêtement de terrasse :

Dans un avenir proche, l’ensemble de la plate-forme sera recouvert d’un substitut en teck.

Un revêtement de terrasse © DR

La nouvelle cale :

L’état de la nouvelle cale n’a plus rien à voir avec celui de l’ancienne. L’ensemble a été nettoyé. En plus des réservoirs, les filtres ont été ajoutés, ainsi que les deux batteries.

La nouvelle cale © DR

Le tableau de bord :

La commande unique du Yanmar a été supprimée au profit de la double commande Mercury, offrant par la même occasion une bien meilleure maniabilité au bateau.

Le tableau de bord © DR

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