Casino passe sous le contrôle de Daniel Kretinsky et prépare un plan social d’envergure

Casino passe sous le contrôle de Daniel Kretinsky et prépare un plan social d’envergure
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Nouvelle ère pour Casino. Placé en protection accélérée en octobre pour échapper à ses créanciers, le distributeur stéphanois va changer de mains ce mercredi en tournant la longue page de Jean-Charles Naouri, son futur ancien PDG.

Comme l’a décidé le tribunal de commerce de Paris il y a deux mois, le groupe va passer sous le contrôle du consortium dirigé par deux milliardaires, les Tchèques Daniel Kretinsky et Marc-André Ladreit de Lacharrière, soutenu par le fonds d’investissement Attestor. En contrepartie d’un effacement de dette de 5 milliards d’euros, ce trio doit injecter 900 millions d’euros sur 1,2 milliard d’euros d’argent frais prévu pour relancer Casino. Les augmentations de capital ont été lancées lundi et le cours de l’action sera suspendu mercredi 27 mars.

En fin de compte, au lendemain du dernier conseil d’administration de la direction actuelle, le conseil d’administration de la nouvelle équipe, présidé par l’ancien secrétaire d’État Laurent Pietraszewski, entérinera non seulement l’écrasement de la dette qui passera de 7,4 milliards d’euros fin 2023 à un peu plus de 2,6 milliards d’euros, mais aussi la dilution des anciens actionnaires dans le capital du nouveau Casino, à commencer par le premier d’entre eux, Jean-Charles Naouri, contraint de démissionner sans indemnité de départ.

Presque tous les supermarchés ont vendu

Cette dilution est énorme puisqu’un actionnaire qui détenait 1% du capital de Casino n’en détiendra désormais plus que 0,003%, selon le groupe. Résultat : le consortium détiendra 53,7% du capital et en prendra le contrôle alors que les actionnaires actuels n’en détiendront qu’environ 0,3%. Quant aux créanciers, ils récupéreront le solde du capital, soit environ 46 %.

Le casino ne sera plus que l’ombre de lui-même. La quasi-totalité (288) des hypermarchés et supermarchés seront en effet cédés d’ici juin à Intermarché, Auchan et Carrefour. Il ne restera que C-Discount, 1 300 magasins intégrés (338 Monoprix, 170 Naturalia, 323 Franprix et 493 magasins de proximité sous enseignes Spar, Vival, Le Petit Casino), pour près de 7 000 magasins exploités en franchise.

Relancer Monoprix, le projet prioritaire de Casino

Avec ce régime d’amincissement, Casino va perdre des magasins avec un chiffre d’affaires minimum de 4,65 milliards d’euros, soit un petit tiers des 14,2 milliards (hors taxes) générés en 2022 en France. En termes d’effectifs, qui s’élevaient à 50 000 salariés en France fin 2022, les transferts de salariés pourraient concerner près de 16 000 personnes. Un chiffre supérieur à celui avancé par les syndicats en raison d’un nombre de magasins vendus qui pourrait être supérieur aux attentes. La direction a en effet reçu des manifestations d’intérêt pour plusieurs supermarchés ou hypermarchés qui n’ont pas encore été vendus.

Un plan social présenté en avril

Ces transferts vont retirer de l’activité aux fonctions support, administratives mais aussi logistiques au sein du groupe. Et donc créer du sureffectif. Pour le réduire, le nouveau directeur général, Philippe Palazzi, ancien de Metro et Lactalis, travaille sur un plan social qui sera présenté en avril. Si les chiffres sont ajustés, ils semblent déjà élevés. Récemment, les syndicats évoquaient 6 000 suppressions de postes. Considéré comme cohérent par certains proches du dossier, ce chiffre constitue néanmoins le pire scénario. La direction cherche en effet à limiter la casse en réinternalisant certaines activités jusqu’alors sous-traitées, notamment au siège stéphanois. A tel point que certains syndicalistes tablent désormais sur « 2 000 à 3 000 personnes », explique à La Tribune un responsable intersyndical. Pas sûr cependant que la direction aille aussi loin.

Ces suppressions d’emplois concerneront les magasins non rachetés par des concurrents, les entrepôts qui vont fermer et le siège stéphanois où 80 % des 1 500 personnes en CDI (1 800 dont CDD, stagiaires, etc.) travaillent pour les magasins qui sont va être vendu. La direction a cependant pris des engagements : porter une attention particulière à Saint-Etienne pour limiter l’impact social, proposer des indemnités de départ supérieures à celles prévues par l’accord collectif et, en complément du plan social, un plan de départ des volontaires. Même s’il faut du temps pour négocier ces différents plans, les premiers départs sont attendus cet automne.

Multiplier l’Ebitda par 7 d’ici 2028

L’enjeu est colossal pour le groupe : la trésorerie serait suffisante pour durer jusqu’à la fin de l’année et il est indispensable pour le nouveau management de retrouver rapidement une bonne rentabilité. C’est ce que visent les repreneurs, souhaitant multiplier par plus de 7 l’Ebitda ajusté (excédent brut d’exploitation) après loyers des distributeurs d’ici 2028. Estimé à 126 millions d’euros en 2024, il doit passer à 920 millions en 2028, selon leur prévisions. Les repreneurs disent prévoir 1,6 milliard d’euros d’investissements d’ici 2028, notamment pour “rénover le parc de magasins”, et espèrent “développer la rentabilité des enseignes” notamment à travers des prix “compétitifs et stables”. l’expansion via la franchise ou encore « l’adaptation des plans logistiques ».

Philippe Palazzi, un vétéran de la distribution aux commandes du nouveau Casino

 
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