Après la disparition de la SPAC d’Accor, vers une vague de liquidations en 2023 ? – .

Après la disparition de la SPAC d’Accor, vers une vague de liquidations en 2023 ? – .
Après la disparition de la SPAC d’Accor, vers une vague de liquidations en 2023 ? – .

(BFM Bourse) – Stars des années 2020 et 2021, les entreprises dites “chèque en blanc” ont beaucoup moins la cote. Des annonces de liquidation de SPAC commencent à apparaître, faute d’acquisitions correspondant à leurs critères. C’est donc l’heure de vérité pour ces véhicules d’investissement, deux ans après l’euphorie qui a gagné ce marché.

Même les dirigeants de la côte parisienne peuvent se casser les dents sur un retournement de marché. Accor l’a appris à ses dépens. Deux ans après sa création, la SPAC Accor Acquisition Company soutenue par le géant hôtelier français va être dissoute faute de trouver des cibles correspondant à ses critères.

Lancée au printemps 2021, la “coquille vide” d’Accor s’était donnée deux ans pour trouver sa cible à acquérir, après avoir levé 300 millions d’euros auprès d’investisseurs dont les banques américaines JP Morgan et Goldman Sachs.

Accor avait été séduit par cette voie alternative à la Bourse, qui a tenté un nombre croissant de candidats, notamment durant les années 2020-2021. Derrière cet acronyme barbare qu’est la SPAC, se cache une société sans activité opérationnelle qui lève des fonds en bourse dans le seul but de réaliser une ou plusieurs acquisitions. Une coquille vide qui s’introduit en amont en bourse sur la base d’une documentation succincte – aucune activité ni résultat à présenter – en demandant aux investisseurs une sorte de chèque en blanc.

Dans le cas d’Accor, la Société d’Acquisition SPAC Accor était destinée à permettre au géant de l’hôtellerie de monter en puissance dans sa stratégie de diversification de ses activités avec l’acquisition d’entreprises présentes dans la restauration, le bien-être, flex-office (bureau partagé), divertissements et événements, et technologies liées à l’hôtellerie.

Le SPAC avait identifié pas moins de 120 cibles et avait même engagé des “discussions approfondies” avec une vingtaine d’entre elles, rapporte une Source citée par Les échos. Or, selon Accor, la tâche a été plus compliquée que prévu, compte tenu de conditions de marché défavorables, d’un intérêt moins marqué pour le modèle SPAC ou encore les entreprises visées ont été jugées trop immatures pour une introduction en bourse, ajoute cette Source aux Echos.

“La chaussure était trop grande”

“On ne nous a pas trouvé de chaussure, de toute façon la chaussure était trop grande ou trop chère”, a annoncé le PDG d’Accor Sébastien Bazin, le 17 mai devant les actionnaires du groupe réunis en Assemblée générale.

Face à ce constat d’échec, Accor Acquisition Company a décidé de mettre un terme à l’aventure et de ne pas demander de prolongation de six mois. Les fonds seront restitués aux investisseurs par le rachat de toutes les actions de SPAC, dont la disparition est prévue le 30 juin.

Cette annonce fait suite à l’annonce en avril dernier de la liquidation de Pegasus Europe, la plus grande SPAC d’Europe, soutenue notamment par Bernard Arnault. Cette dernière sera liquidée en juillet prochain faute, elle aussi, d’avoir trouvé des sociétés à acquérir avant l’échéance du 3 mai 2023, telle que définie dans le prospectus d’introduction en bourse de la société.

Le temps devient donc orageux pour les SAVS. “Après un succès phénoménal en 2021, notamment aux Etats-Unis, où plus de 160 milliards de dollars ont été levés, 2022 affiche une mauvaise performance boursière”, expliquait début janvier Thomas Hornus, associé chez EuroLand Corporate. “La plupart des SPAC cotées en bourse qui se négociaient ont pour la plupart disparu, avec l’indice De-SPAC, un panier d’anciennes sociétés à chèque en blanc cotées en bourse, ayant chuté de 67% en 2022”, rappelle son côté Bloomberg.

Pour un autre spécialiste, le marché a été trop vite inondé de projets, porté par un environnement de taux négatifs, où il y avait beaucoup moins d’investissements intéressants qu’aujourd’hui. « Nous sommes passés à une trentaine de SPAC par semaine outre-Atlantique en 2021. Cette année-là, 70 % des projets d’introduction en bourse étaient des SPAC, représentant plus de 150 milliards d’euros en volume et plus de 600 SPAC aux États-Unis au total sur l’année », explique Pierre Troussel, co-responsable des marchés actions France, Belgique et Luxembourg à la Société Générale dans une interview à La Tribune.

Il ajoute que certains mécènes ont même « industrialisé » l’usage de cet instrument en créant cinq, six ou sept entreprises en même temps lorsque le phénomène était à la mode. “Donc forcément, aujourd’hui, ça ne donne pas confiance pour investir dans ce genre de véhicule et encore moins pour rester investi une fois l’entreprise rachetée”, poursuit le spécialiste. Et faute d’un nombre suffisant d’objectifs de qualité pour tant de SPAC lancées en si peu de temps, les liquidations étaient donc inévitables, entraînant une désaffection du marché pour ces véhicules d’investissement.

Pour les SPAC qui ont émergé en 2021, l’heure des comptes est désormais venue. Le temps presse et ceux qui n’ont pas agi pour se rapprocher d’une autre société connaîtront probablement un dessein fatal cette année.

“De nombreuses échéances sont prévues cette année pour les SPAC cotées en 2021, mais compte tenu de la volatilité persistante des marchés financiers, les acquisitions seront plus difficiles à réaliser”, rappelle Pitchbook, qui a recensé 791 sociétés cotées en bourse en 2021. SPAC. Mais seuls 467 d’entre eux ont fait des acquisitions depuis. De plus, la majorité de ces acquisitions ont été réalisées dès 2021.

Après l’éclatement de la bulle, le retour à la raison ?

Les disparitions à venir d’Accor Acquisition Company et de Pegasus Europe ne sont pas des cas isolés, les liquidations de SPAC se sont en effet déjà multipliées ces derniers mois. Près de 30 milliards de dollars provenant de sociétés dites “vierges” ont déjà été restitués aux investisseurs depuis le début de l’année, rapporte On The Money citant des données compilées par SPACIsder. “Entre le plafond de la dette et les faillites bancaires, le début d’année a été difficile”, a déclaré Kristi Marvin, fondatrice et PDG de SPACIsder, à On The Money. « Tout a été paralysé. Il est vraiment difficile de conclure une transaction aujourd’hui, quelle que soit la manière dont on la considère ».

Cette vague de liquidations annonce-t-elle la mort des SAVS ? Non, tempère Pierre Troussel, qui argumente qu’il s’agit simplement d’une correction, et d’un « retour à la normale » d’un marché qui n’a pas pu absorber autant de projets. Pour qu’elle soit pérenne, le spécialiste insiste sur une utilisation raisonnée de cet instrument afin que les SPAC « puissent cibler les entreprises à acheter qui créent de la valeur », en vue de tirer leur valorisation « à la hausse après la conclusion des projets de rapprochement, et plus largement ». au fil du temps”.

Un constat partagé par Thomas Hornus. Selon lui, le marché des SPAC pourrait redevenir attractif à condition de redonner confiance aux investisseurs en “réalisant leur introduction en bourse (IPO, ndlr) sur une valorisation cohérente avec leur projet” mais aussi en “identifiant plus en amont les cibles potentielles à acquérir”. “. La dernière condition pour restaurer la confiance des investisseurs est que ces SPAC rémunèrent la ou les cible(s) ciblée(s) au « juste prix ».

Sabrina Sadgui – ©2023 BFM Bourse

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