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Voyage existentiel avec l’inclassable Mathieu Boogaerts et son « Grand piano »

Célébrant ses trente ans de carrière, le chanteur hirsute nous replonge avec un réel plaisir dans son intimité.

Bon sang, trente ans. En 1995, un jeune rêveur aux cheveux et aux fausses apparences de l’écrivain Georges Perec apparaît lors d’une séance de relooking chaotique – coupe de cheveux et rasage compris – pour sa première apparition à la télévision.

Le clip est intitulé Ondulé, chanson de son premier album Super (un titre concis, déjà). Pour de nombreux jeunes téléspectateurs·Riz, dont votre humble serviteur, ce clip a été parmi les premiers à révéler l’existence d’une scène indépendante française. Une fenêtre unique sur l’art du DIY sonore élégant et un monde aux codes décalés, bien loin de ceux des vieux baroudeurs de l’époque.

Avec Dominique A et Philippe Katerine, Mathieu Boogaerts reste le chanteur français le plus cité comme influence par les artistes dits « émergents », qui a d’ailleurs fait l’objet d’un hommage en 2016 à La Souterraine, vitrine de la chanson française expérimentale.

Puissance et amplitude sous la douceur

Depuis trente ans, Mathieu Boogaerts ne cesse de nous proposer une musique originale, captivante et poétique. Sur ce neuvième album, Grand piano, il partage ses questions sur l’amour, la vieillesse, les horreurs du quotidien et la paternité avec cette légèreté distinguée si caractéristique, celle qui pousse doucement l’auditeur vers une écoute attentive.

Les arrangements, derrière leur apparent minimalisme, mettent en valeur la guitare, le piano et la voix. Il y a de la puissance et de l’amplitude sous cette douceur. Et ces fameux rythmes syncopés qui poussent toujours les corps à onduler.

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Comme à son habitude, on retrouve sur le disque quelques touches bienvenues de musique du monde, qui sont autant de réminiscences des voyages de son auteur-compositeur-interprète à travers le monde, notamment en Afrique et plus particulièrement au Kenya. Ainsi, la fluidité festive des guitares et les rythmes des soukous s’invitent sur l’éclat, Dans un case.

Etrange impression d’écouter le francophone Vampire Weekend (ou est-ce l’inverse ?) pour souffler parmi une poignée de titres qui fouillent dans les replis de l’intimité de Mathieu Boogaerts. Des angoisses, des fractures, des doutes qu’il nous confie sur un ton confidentiel, presque désinvolte, sur Mélancolie, Bancal ou Ma jeunesse. Avant de repartir sur le très rocailleux Noémiedéclaration tendre et ludique.

Sourires et larmes se mélangent tour à tour avant le morceau final, intitulé La vie est belle. Un cliché que seul Mathieu Boogaerts pouvait porter avec classe et honnêteté. Un aveu de bonheur ensoleillé et lucide qui clôt délicatement l’album. Derrière le piano à queue, Mathieu Boogaerts trône en toute modestie. L’artiste sait que la vérité requiert avant tout la simplicité.

Grand piano (Tôt ou tard/Croyez). Sortie le 17 janvier.
En tournée française et en concert au Théâtre de la Ville, Paris, le 7 mars.

 
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