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les combats d’une star hors du commun

Sharon Stone dans « Casino » (1995), de Martin Scorsese. MAXIMUM FILM / PHOTO DE STOCK D’ALAMY

ARTE – DIMANCHE 12 JANVIER À 23H05 – DOCUMENTAIRE

Luttez contre la lourde misogynie du cinéma, exigez l’égalité salariale, assumez vos choix, faites taire parfois votre douleur mais n’abandonnez jamais. Quitte à hausser le ton, à s’imposer physiquement, au point de se faire surnommer “les plus grosses paires de boules d’Hollywood” par des patrons de studio d’une rare délicatesse… Sharon Stone, parce que c’est bien d’elle dont on parle, occupe une place à part dans l’imaginaire collectif : répertoriée comme le sex-symbol ultime pour sa performance dans Instinct de base (1992), de Paul Verhoeven, et une scène d’interrogatoire devenue culte, voire « culte ».

Lire la chronique (en 2021) : Article réservé à nos abonnés De « Basic Instinct » à « La beauté de vivre deux fois », Sharon Stone dans « Le »

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Sharon Stone, 34 ans à l’époque, affolante dans le rôle de Catherine Tramell, jambes décroisées devant quelques flics dont l’un, incarné par Michael Douglas, était sous le choc. A Douglas a payé 14 millions de dollars pour ce thriller érotique tandis que Stone se contente d’un cachet de 500 000 dollars. Actrice depuis la fin des années 1980 sans jamais être apparue à l’écran, acceptant des rôles formatés de petite amie ou de maîtresse, Sharon Stone entre, après Instinct de base, dans un nouveau monde : « Vendredi, j’étais une actrice de renommée moyenne. Lundi, mon nom a été crié dans la rue ! »résume-t-elle.

L’intérêt de ce documentaire, rythmé par la voix de Julie Gayet, est de dépasser le choc de ce film pour dresser, à travers de nombreux extraits d’entretiens accordés par Stone à des chaînes de télévision américaines, le portrait d’une femme hors du commun. .

“J’ai tout vu”

De sa ville natale de Meadville (Pennsylvanie) à la gloire internationale, Sharon Stone, issue d’une famille modeste d’origine irlandaise, aura tout vécu, même le pire (agressée sexuellement par son grand-père maternel à l’âge de 8 ans, victime d’une hémorragie cérébrale grave à l’âge de 43 ans). Interrogée en 2018 sur les difficultés de travailler dans de bonnes conditions, elle sourit puis déclare : « Je fais ce métier depuis quarante ans. Pouvez-vous imaginer ce que c’était il y a quarante ans ? Avec mon physique, venant d’une ville de Pennsylvanie et sans protection ? J’ai tout vu. »

Tout vu, c’est-à-dire tout enduré et tout revenu. Des coups de gueule et parfois plus. En 1992, sur NBC, elle expliquait : « La vie est pleine de règles, surtout pour une fille. Et encore plus pour une fille de cinéma. Nous ne jouons pas souvent de vrais rôles de femmes. Nous jouons des rôles qui découlent de l’idée qu’un scénariste masculin se fait d’une femme. »

En 1994, le New York Times écrit : “MS. Stone pourrait passer de déesse du sexe à reine du cinéma si jamais elle trouve le bon rôle. » Martin Scorsese lui proposera ce rôle dans Casino (1995) quelques mois plus tard. « Mais après avoir joué avec Scorsese et De Niro, qu’est-ce qu’on fait ? »dit-elle en riant.

En 2023, elle déclare : « Une actrice n’a pas le droit de souffrir, ni de tomber trop bas. Et moi, après mon AVC, je suis tombé très bas. J’ai dû cacher la vérité pendant des années, juste pour pouvoir trouver du travail à la télévision, pour obtenir des seconds rôles. » L’instinct de survie. Rarement un documentaire aura aussi bien porté son titre.

Sharon Stone, l’instinct de surviedocumentaire de Nathalie Labarthe (Fr., 2024, 53 min). Disponible sur demande sur Arte.tv jusqu’au 11 avril.

Alain Constant

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