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avec les comédies musicales, le cinéma chante encore

La musique est bonne à Hollywood. Le cinéma chanté tient une note ascendante. Le genre est une fois de plus dans l’air du temps, même s’il serait exagéré d’en conclure que réveil de l’âge d’or des comédies musicales, ces fantaisies colorées et extravagantes incontournables jusque dans les années 1960 et 1970, avec des œuvres considérées comme des classiques, Le Magicien d’Oz (1939), Chantons sous la pluie (1952), Histoire du côté ouest (1961).

Les biopics musicaux font leur grand retour

Sorti début décembre, le très spectaculaire Méchantla version filmée de la préquelle explosive de Broadway de l’histoire d’Oz, a déjà généré plus de 540 millions de dollars de revenus mondiaux pour Universal Pictures. Même les superstars s’essayent au chant : Joaquin Phoenix a chanté aux côtés de Lady Gaga dans Joker: Folie à deux; Timothée Chalamet plays Bob Dylan in Un parfait inconnu (en salles le 29 janvier), après son rôle de chanteur dans Wonka.

Le biopic musical fait son grand retour. Les succès de Bohemian Rhapsody (sur Freddie Mercury), Homme-fusée (sur Elton John), ou même L’enfant (sur Édith Piaf) encourageait les imitateurs, souvent avec de gros chiffres au box-office. Sorti en octobre dernier, le portrait de Charles Aznavour, réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir, avec Tahar Rahim qui a œuvré pour devenir le sosie vocal du chanteur, vient de dépasser les deux millions d’entrées.

Plus surprenant, les œuvres musicales et plus largement dramamo-musicales réenchantent également le cinéma français, dans une variété de styles et de propositions : Émilie Pérez by Jacques Audiard transgender version, Reines du drame d’Alexis Langlois version queer, ou encore Assez Jolie de Diastème et Alex Beaupain version vaudeville mélodramatique.

Un type timide en

Le genre est toujours resté lointain en France, qui le juge trop cher et trop risqué. Même Jacques Demy, référence ultime avec ses cultes comme Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies de Cherbourg et Peau d’ânen’a pas réussi à lui donner une plus grande portée. Jacques Audiard, qui explore à son tour le genre avec Émilie Pérez, partage ce constat : « Aux Etats-Unis, il existe une véritable culture de la comédie musicale. En France, c’est différent. Si l’on devait publier une histoire de la comédie musicale française, ce serait un tout petit volume. » Audiard avoue aussi une certaine distance personnelle avec le genre : « En réalité, je n’aime pas beaucoup d’entre eux. Peut-être avais-je la prétention de créer une comédie musicale qui me plairait en tant que spectateur. »

Un pilier du cinéma américain

Si la France semble encore un peu prudente, c’est en partie parce que le genre musical est historiquement un pilier du cinéma américain, depuis l’avènement du parlant dans les années 1920, alors que la ligne du cinéma français est plus cérébrale. Dans le spectacle, il préfère les mots, privilégie le texte. Inès Daïen Dasi, productrice de Reines du drame (Les Films du Poisson), précise que si « le film d’Alexis Langlois a d’emblée été conçu comme une comédie musicale, il n’a pas été présenté ainsi aux partenaires financiers, de peur de les effrayer et de compromettre le projet. »

Pour que le cinéma français puisse surmonter ces réticences historiques et culturelles, il est temps de réévaluer le film musical comme genre majeur et de l’inscrire pleinement dans la culture populaire. Avec le dernier film d’Audiard, un film millionnaire, c’est chose faite. « Ce qu’il y a d’intéressant dans Émilie Pérez, souligne Benoît Basirico, spécialiste de la musique au cinéma, c’est qu’elle semble séduire un public qui n’est pas forcément fan de films musicaux. Cela est peut-être dû à la façon dont Jacques Audiard traite la musique dans le film. Il ne s’agit pas d’une comédie musicale classique où les dialogues se transforment en chansons. Ici, Audiard utilise la musique comme des pauses narratives, sortes de clips intégrés à l’intrigue. Cette approche maintient la plausibilité et rend le film plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers avec le genre. »

La musique, « pas un simple ornement »

Selon Benoît Basirico, ce qui distingue une vraie comédie musicale d’un film musical, c’est que, dans le premier, la musique n’est jamais illustrative : elle reflète les humeurs des personnages, elle fait avancer l’action, évoque des flashbacks ou anticipe des situations. Il devient une extension du corps et de la voix du personnage, un outil narratif dramatique à part entière.

Le succès deÉmilie Pérez pourrait ouvrir la voie à d’autres productions françaises, surtout si le film remporte des prix aux Golden Globes ou aux Oscars. Pour Benoît Basirico, l’enjeu des comédies musicales françaises est « d’aller au-delà de l’hommage à leurs modèles pour proposer des œuvres où la musique est un élément central, et non un simple ornement. »

 
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