Le double meurtre de La Seyne, ce samedi dans une épicerie de nuit, a suscité la peur et alimenté de nombreuses rumeurs dans le centre-ville. Cette exécution est-elle liée au racket ? Un vol qui a mal tourné ? Une altercation qui a dégénéré ?
Selon nos informations, les enquêteurs privilégient plutôt l’hypothèse d’un règlement de compte lié au narco-banditisme marseillais. Un lien avec la DZ Mafia, le groupe criminel qui contrôle le marché de la drogue dans la ville de Marseille, est même évoqué.
Temar Boulkaria, 29 ans, a reçu au moins trois balles dans la tête ce samedi vers 22h30. Sa compagne, 31 ans, a également été tuée. Leurs corps ont été découverts dans l’arrière-boutique de l’épicerie Alimentation et Brunch que le couple tenait récemment.
Un premier suspect disculpé
Un individu a été interpellé en possession de munitions dans le quartier de La Beaucaire à Toulon peu après les faits. Les vêtements qu’il tentait de cacher ont été placés sous scellés. A ce stade, il n’a pas été mis en cause dans cette affaire, a-t-on appris de sources policières et judiciaires.
Même si la piste d’un ou plusieurs artistes recrutés localement ne peut être exclue, c’est le profil du gérant de l’épicerie qui permet d’orienter l’enquête vers la piste d’une contestation à Marseille.
Le parquet de Toulon a cité une ancienne condamnation, par le tribunal correctionnel de Marseille, pour implication dans un trafic de stupéfiants.
Et, plus récemment, Temar Boulkaria a été mis en examen, toujours à Marseille, pour « participation à une association de malfaiteurs » et « violation de la législation sur les armes ».
Un exil varois forcé
De quoi pousser le Marseillais, libéré sous conditions (dans le cadre d’un contrôle judiciaire), à s’éloigner de sa ville natale et de ses associés, et à démarrer une activité professionnelle.
Dans le Var, le jeune homme n’était pas connu des services. Et c’est à La Seyne qu’il entreprend de se faire oublier.
L’enseigne Alimentation et Brunch a été inaugurée cet automne rue Marceau. Son activité a officiellement démarré le 1er novembre. Des comptes ont été créés sur les réseaux sociaux en octobre pour promouvoir les produits en vente.
Activité sur les réseaux sociaux
Alcool, sodas, friandises, chaussures de sport… Des photos et vidéos ont été publiées sur l’application de messagerie Snapchat et sur au moins une plateforme de e-commerce. En revanche, l’accès au profil Instagram de l’épicerie – qui compte un millier d’abonnés – a été restreint.
La petite entreprise Seynoise était enregistrée au nom d’un proche de Temar Boulkaria. Depuis le printemps dernier, cet ancien professionnel du BTP est également à la tête d’une autre épicerie de nuit à Aix-en-Provence.
Temar Boulkaria a-t-il été la cible d’une vendetta liée à ses activités passées, d’une tentative d’extorsion ou d’une expédition punitive pour un autre motif ? Les enquêtes sur le double meurtre de La Seyne ont été confiées à la division délinquance organisée et spécialisée (DCOS) de Toulon.
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