L’artiste sétois réalise aujourd’hui des fresques en France et à l’étranger après avoir débuté dans le graffiti à l’adolescence.
Impossible en déambulant dans les rues de Sète de ne pas tomber sur une œuvre de Depose. Rue de Tunis, place de la mairie, halles… : ces dessins colorés, au style très reconnaissable, ornent les façades de cette île unique. “Mais ça faisait longtemps que je n’avais pas créé d’œuvre à Sète”reconnaît l’artiste. Sur son téléphone portable, il fait défiler les photos de sa dernière grande création : une bombe de peinture décorée de tentacules de poulpe sur fond rouge. Une œuvre réalisée dans le cadre d’une résidence d’artistes au Street Art City, centre de culture urbaine situé dans l’Allier. Où les Sétois doivent se rendre à nouveau en mai 2025 pour une exposition personnelle. «Je travaillerai autour de lieux historiques comme le phare d’Alexandriedit-il. Je veux, dans mes peintures, raconter des histoires. Je l’ai fait avant mais de manière simpliste, maintenant je vais aborder des sujets plus compliqués.
Premiers graffitis à 14-15 ans
Aujourd’hui, Depose vit de son travail de muraliste, terme qu’il préfère à celui de street artiste – “le terme me dérange, c’est un fourre-tout”. “Je suis heureux. A presque 50 ans, je fais ce que je voulais faire quand j’avais 16 ans.sourit ce passionné de culture hip-hop. C’est aussi à travers cette culture urbaine – qu’il découvre notamment avec l’émission télévisée HIPHOP animée par Sydney – qu’il se lance dans le graffiti en 1990, alors qu’il est encore adolescent. Ayant grandi dans « un environnement culturel riche et éclectique » Grâce à ses parents, David Delacoux (de son vrai nom) dessine depuis l’enfance. Il effectuera également une préparation aux Beaux-Arts de Sète avant d’obtenir un baccalauréat professionnel en graphisme publicitaire. Mais il pratique le graffiti en autodidacte. Ou presque.
Egalement DJ
Pour Depose, graffiti « est indissociable de la musique ». “L’enfant des Beastie Boys”, il a toujours été immergé dans la culture hip-hop. Il décide donc de se lancer comme DJ en 1996-1997. Pratiquant beaucoup le scratch, procédé consistant à modifier la vitesse de lecture d’un vinyle pour produire un certain effet, il collabore sur certains morceaux avec des rappeurs ou des groupes. Des projets que ce passionné souhaite développer à nouveau dans le futur.
Lorsqu’il commence à peindre, en 1990, dans la rue, sur la voie ferrée… notamment à Sète où il a grandi, Depose bénéficie du soutien d’un street artiste montpelliérain qui le prend sous son aile. Il lui apprend les règles de base : ne pas effacer le dessin d’un autre artiste, comment créer les lettres typiques du graffiti… « Il fallait être sur le terrain, il y avait des rivalités entre groupesse souvient Depose. Aujourd’hui, c’est complètement différent.. Même s’il admet que ces sorties nocturnes lui ont valu quelques démêlés avec la justice, il assure qu’il est désormais “beaucoup plus sage.” Il continue de peindre de manière non autorisée mais toujours sur les murs “laid. Cela ne dérange pas les gens.
Son propre bestiaire
D’autant qu’aujourd’hui, l’artiste est reconnu par ses pairs. Il expose ses tableaux et peint des fresques dans toute la France mais aussi à l’étranger. Une évolution qui tient aussi à la façon dont le street art a été perçu ces dernières années : «C’est devenu une habitude, ça donne la possibilité de travailler plus qu’avant». Depuis 2012, le Sétois a abandonné les petits boulots qu’il exerçait en complément de son activité de peintre. Au fil des années, il a également affirmé un nouveau style graphique. Après son travail autour des bulles (voir photo), cet amoureux du dessin et de la bande dessinée a imaginé son propre bestiaire : des cactus, des fleurs aux yeux imposants mais aussi des poissons, méduses et autres animaux marins. Une œuvre inspirée, en grande partie, par Sète, « par sa lumière, par sa mer qui m’entoure ».