En 1983, sort « La Conque de Ramor », le premier volume de la série « La Quête de l’Oiseau du Temps ». En quatre tomes, le scénariste Serge Le Tendre et le dessinateur Régis Loisel achèveront la première grande saga heroic fantasy de la bande dessinée francophone. La conclusion, en 1987, a laissé les lecteurs sans voix et a grandement contribué au succès et à la renommée de cette série. Sans oublier évidemment la virtuosité graphique de Loisel et la finesse du scénario du Tendre, avec des personnages hors du commun.
Onze ans plus tard, en 1998, paraît « L’ami Javin », premier tome d’une série débutée 40 ans avant « La Quête » et racontant la jeunesse de Bragon et sa rencontre avec la princesse Mara. Le Tendre est toujours au scénario, accompagné de Loisel qui a laissé le dessin à Lidwine, mais s’est chargé des couleurs. Le nouveau designer a un talent fou, mais la création de l’album prend beaucoup de temps.
Il est remplacé et ce n’est qu’en 2007 que sort le tome 2, dessiné par Mohamed Aouamri. Vincent Mallié lui succédera pour les deux prochains en 2010 et 2013, David Etien réalisera les tomes 5 à 7 entre 2017 et 2022 avant que Vincent Mallié ne revienne conclure la saga avec « L’Omégon », sorti en novembre dernier.
Là encore, Le Tendre a su concocter une fin poignante à la hauteur de la saga. Tout au long de cette guerre qu’aura menée Bragon, dans ce prequel, contre les adorateurs du culte du dieu Ramor, on retrouve évidemment tous les personnages de la série initiale. C’est justement ce qui fait tout le charme et l’intérêt des préquelles. Qui n’a pas voulu en savoir plus sur Rige après avoir lu le tome 3 en son nom, sorti en 1985 ? Et ce deuxième cycle est passionnant quand on le relit dans son intégralité (surtout si chaque album a été lu au moment de sa sortie, il y avait du temps entre chacun).
Mais, parce qu’il y en a une, il est vrai que 26 ans pour terminer ce prequel, c’est encore long. Et Le Tendre, qui au départ ne pensait pas faire huit albums, n’aurait peut-être pas dû changer d’avis. Car l’une des forces de « La Quête de l’Oiseau du Temps » résidait dans sa concision. Seulement quatre volumes pour une histoire extraordinaire. En seulement quatre ans. La pré-quête se perd dans trop de détails, emprunte des chemins détournés alors que la ligne droite aurait pu être préférable. Cela reste d’excellentes bandes dessinées, mais nous aurions gagné à les rendre plus courtes.
Si le projet autrefois articulé par Le Tendre et Loisel de se charger eux-mêmes d’un troisième cycle racontant la mort de Bragon se réalise, il devrait être nettement plus court, car les auteurs avaient évoqué deux tomes au maximum. Espérons que ce soit le cas. Et laissez-les s’y tenir.
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