« Tony, c’est hors du commun. Nous sommes tous étonnés”, a souligné Christophe Galichon, directeur général de Pyrénées Presse. Evidemment, la cérémonie proposée par notre journal ce vendredi soir au Palais Beaumont de Pau a livré un titre de plus au multi-médaillé et président du comité d’organisation des Jeux de Paris, celui de « super » Béarnais de l’année.
Malheureusement, Tony Estanguet n’a pas pu monter sur scène pour recevoir ce prix spécial. Mais à travers un message vidéo enregistré, il s’est dit « très honoré » et fier de cette distinction. « Vous connaissez mon attachement à notre territoire. Merci pour votre reconnaissance, votre soutien et félicitations à tous les autres gagnants. Ensemble, nous continuerons tous à promouvoir le Béarn et nos valeurs de partage et de fraternité qui nous sont très chères”, a promis le champion.
Les autres lauréats de cette sixième édition, des talents locaux, héros du quotidien, « qui s’engagent et agissent pour une société meilleure » a souligné Tony Estanguet, étaient également dans cet esprit et pris dans une grande émotion.
Ce fut par exemple le cas d’Emeline Pierre qui, comme en 2021, a été sacrée Béarnaise de l’année 2024. Elle succède au chercheur et nouvel académicien des sciences Olivier Donard.
Comme Tony, ses performances cet été à Paris ont facilité le choix du jury. Médaille d’or sur la distance reine du 100 mètres nage libre, médaille de bronze sur le 100 m dos, la nageuse, au-delà de son record paralympique, a ainsi concrétisé des années de travail, en forme de revanche et de résilience (lire ci-dessous).
“Je reste la même personne qu’avant ces médailles” sourit la Béarnaise de l’année. « Voir que ma terre natale continue de me suivre me procure un sentiment particulier. »
19 000 voix
Devant 500 personnes, la soirée a été ponctuée de belles histoires comme la sienne, remises une nouvelle fois à l’honneur, après avoir, comme tant d’autres, nourri les colonnes de nos journaux tout au long de cette année encore riche en actualité.
A l’issue du vote, qui a rassemblé 19 000 voix, sept autres lauréats ont été honorés, à travers les sept catégories définies par Eric Bély, rédacteur en chef adjoint et pilote de cet événement.
Pour rester dans l’esprit olympique, une catégorie est apparue cette année, avec des athlètes locaux ayant participé aux Jeux de Paris. Ici, c’est la basketteuse Marine Fauthoux, vice-championne olympique, qui a remporté les suffrages du jury.
On dira que cette année 2024 restera marquée par le sport. Preuve en est encore le vainqueur de la catégorie « Ils font bouger les lignes », avec Eric Deguil, le kayakiste de l’extrême qui, s’il fait bouger les lignes, n’hésite surtout pas à les dépasser. C’est son côté audacieux, ici, qui est récompensé après une année riche en exploits.
Il a réalisé l’exploit il y a 80 ans, l’audace qu’il avait eue, avec bien d’autres compagnons, lorsqu’il s’agissait de libérer la France du joug nazi. Depuis, le colonel Achille Muller, 100 ans le 3 janvier, ne cesse de rappeler, comme lors du 80e anniversaire du Débarquement en juin, où il s’est rendu aux côtés d’Emmanuel Macron. C’est pourquoi il est le favori de cette année. “Je suis très surpris” a reconnu le lauréat avant de raconter avec humour sa rencontre avec les chefs d’Etat breton et normand.
Aventure humaine
La solidarité a également été, comme à chaque édition, mise à l’honneur. On a évoqué celui qui était au travail dans la vallée d’Aspe après les intempéries du mois de septembre. Elle a également été célébrée par Jocelyn (Jos) Noble, l’ancien aide-soignant qui a créé sa petite entreprise pour proposer des séjours à des personnes lourdement handicapées. « Je ne suis qu’un petit pansement pour eux. Quitter les institutions pour partir en vacances est quelque chose d’extraordinaire pour ces personnes. Et ma récompense, c’est leur sourire”, a témoigné Jos Noble.
Cette soirée a également permis de récompenser, dans la catégorie espoir, les élèves d’une classe de BTS du lycée Saint-Cricq de Pau qui, sous la houlette de leur professeur Eric Bourdet, ont conçu un robot pour la recherche médicale. « Cela nous motive pour la suite » ont confié les lauréats. Plus qu’un simple exercice, une aventure humaine.
Un peu à l’image de ce que vit le célèbre groupe SuperSoul Brothers, déjà sur la scène Béarnais de l’année en 2020, pour l’animer. Mais cette fois, c’est en tant que gagnants, en tant que « créatifs », qu’ils ont été récompensés.
Enfin, pour saluer l’engagement en faveur du développement durable, les Amap du Béarn (33 associations) ont été récompensées tandis que cette année le réseau local, le plus dense de France en faveur des producteurs locaux, a fêté ses 20 ans.
Julien Lieb a fait le show
Un bel âge et ce n’est guère celui de la jeune Oloronaise Clara Guéry, 18 ans, qui s’est produite sur scène ce vendredi soir, notamment avec l’école de danse Terpsichore. Elle a remporté notre concours de talents organisé avec Créa-Sud (qui a également coproduit ce soir) lors de la dernière Foire de Pau.
Et pour animer ce spectacle, autre talent qui se confirme, notre invité d’honneur, Julien Lieb a interprété trois chansons. “C’est un fou honneur d’être ici, sur cette terre qui m’a fait grandir”, a déclaré le chanteur. Le finaliste de la Star Academy 2023 a entamé un beau parcours artistique, un beau chemin qui le mènera peut-être un jour à être Béarnais de l’année.
Ce titre honorifique qui récompense, comme on l’a vu ces dernières années, des personnes anonymes ou un peu plus médiatiques, mais toujours engagées, passionnées, et exemplaires.
Emeline Pierre, le sacre de la résilience
Et deux. La nageuse Emeline Pierre double la mise en étant nommée Béarnaise de l’année 2024. Elle avait déjà reçu cette distinction en 2021, qu’elle partageait ensuite avec un autre athlète paralympique, Ahmed Andaloussi.
A l’époque, elle avait participé aux Jeux de Tokyo mais elle n’avait pas réussi à briller comme elle le souhaitait, sportivement parlant. Cette fois, c’est tout le contraire. Aux Jeux Paralympiques de Paris cet été, la Billéroise, entraînée aux Dauphins Pau, a été l’une des reines du grand bassin, remportant deux médailles, une de bronze au 100 m dos, et surtout le titre au 100 m nage libre en fin d’année. une course époustouflante face à l’ultra favori canadien.
Plus qu’une récompense, un exploit pour cette jeune femme de 25 ans aujourd’hui, dont notre journal suit le parcours depuis une dizaine d’années déjà.
Cette consécration olympique était d’abord une véritable revanche sur le destin. A l’âge de 13 ans, alors qu’elle était gymnaste, elle chute d’une poutre et est grièvement blessée : luxation du coude droit couplée à une fracture du cubitus.
Malheureusement, une erreur chirurgicale ne lui a pas permis de retrouver toutes ses capacités motrices et depuis, elle se limite à la flexion-extension du coude et de l’épaule, et à la supination-pronation du poignet.
Elle se tourne alors vers la natation et prouve, au fil des heures de tours, qu’elle a le talent pour aller loin, et vite. Mais la vie d’un sportif de haut niveau connaît des hauts et des bas.
Après Tokyo, elle se sentait moins bien, notamment mentalement, comme elle nous l’expliquait cet été. Il a fallu remonter la pente, reconstruire un projet, à travers beaucoup de remises en question.
Depuis deux ans, c’est à Brest que cet étudiant en psychologie a pris un nouveau départ. L’abnégation, le travail, la patience ont fait le reste.
Related News :