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Critique du film « Babygirl » : Beaucoup de bruit pour rien ?

Et si Petite fille de Halina Reijn, avec Nicole Kidman, n’était qu’un 9 semaines et demie beaucoup plus timide…

En 1986 (oui, déjà), le sulfureux 9 semaines et demie d’Adrian Lyne avec Kim Basinger et Mickey Rourke a exploré la complexité d’un rapport de pouvoir mêlé à une relation sexuelle et amoureuse (oui, on pourrait peut-être parler de BDSM, mais dans une version très légère et loin des absurdités alambiquées du 50 nuances de Grey). Aujourd’hui, à l’ère de la sexualité positive et regard féminin (contrairement à regard masculinla façon dont les hommes regardent le corps des femmes) Petite fille ça sent l’anachronisme.

PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

Le film s’ouvre sur un gros plan du visage de Romy (Nicole Kidman qui a encore plus perdu son expression faciale depuis sa dernière opération) en train de s’amuser avec Jacob, son mari (Antonio Banderas qui n’apparaît qu’en figurant). Après le sexe, elle se masturbera dans son bureau en regardant un film porno. Le jour, Romy est patron d’une grande entreprise de robotique, gère des centaines d’employés, donne des conférences et des interviews sur le leadership, etc. Mais dans sa vie privée, c’est autre chose. Elle a ce qu’elle appelle « un sombre secret » qui l’empêche de s’amuser avec son mari depuis 19 ans (sérieusement ?! WTF ?). Ce « secret », c’est tout simplement qu’elle aime se faire humilier sexuellement… ce qu’un stagiaire nommé Samuel (Harris Dickinson) semble comprendre au premier coup d’œil. Evidemment, ils entament une liaison qui devient « torride » (notez les guillemets) et qui menace la vie professionnelle, conjugale et familiale de Romy.

A Venise, où le film, décrit comme un « thriller érotique », a eu sa grande première, Nicole Kidman a parlé de se sentir « exposée et vulnérable, mais le tournage a été très délicat, intime et très très profond ». Le réalisateur a mis en avant l’exploration du « désir féminin » ainsi que « une crise existentielle ». Bref, Petite fille a été saluée comme une œuvre moderne et subversive en ces - de contrôle féminin sur la sexualité.

Mais c’est oublier les travaux récents. Comme la scène de sexe d’époque dans Brûlure de sel d’Emerald Fennell, les découvertes charnelles d’Emma Stone dans Pauvres créaturesl’affirmation de soi dans Souriez, tout va bien de Zoë Kravitz et des quantités de longs métrages ou de séries (on pense notamment à Éducation sexuelle et au personnage de Gillian Anderson, ou à Kristen Bell dans Personne ne veut ça) qui mettent en scène des femmes aux dimensions multiples, qui existent autrement que dans les yeux des hommes… ce dont la Romy de Nicole Kidman est malheureusement incapable. Et c’est oublier la fin de 9 semaines et demie.

Et c’est aussi oublier que Nicole Kidman nous avait livré de manière bien plus audacieuse Les yeux grands fermés en 1999 et dans lequel elle, Tom Cruise, son mari de l’époque, et Stanley Kubrick, exploraient la sexualité et l’infidélité d’un couple.

Note : 3 sur 5

Petite fille est présenté dans les cinémas de la province à partir du 25 décembre.

 
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