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Raoul Peck raconte un photographe pionnier

« Certaines de ces photos sont emblématiques et tous ceux qui se sont intéressés à l’Afrique du Sud ou ont participé à la lutte contre l’apartheid les connaissent. » Lorsque Raoul Peck (né en 1953) fut contacté il y a cinq ans par les ayants droit du Photographe sud-africain Ernest Cole (1940-1990), il connaît les images de son livre La Maison des Servitudes (1967), une documentation frappante sur l’apartheid, mais qui n’a pas son nom en tête.

Le directeur deJe ne suis pas ton nègre (2016), documentaire captivant sur l’écrivain James Baldwin, est touché par l’œuvre ainsi que par la trajectoire de cet artiste entré dans l’histoire comme l’un des premiers photojournalistes noirs mais encore trop peu connu du grand public. « Au début, raconte-t-il, je voulais aider la famille à préserver les archives qui devaient être numérisées. » Rapidement, il décide de lui consacrer un film, qui sortira ce mercredi 25 décembre sous le titre Ernest Cole, photographe.

Un héritier de Cartier-Bresson

Celui-ci retrace le destin d’un homme passionné d’imagesqui entre pour la première fois dans un studio de photographie de Johannesburg pour nettoyer les sols. Dix ans plus tard, le magazine noir Tambour publie ses photos déchirantes de l’apartheid, où blancs et noirs sont séparés par des banderoles « Européens uniquement ». Rapidement déclaré persona non grata par le gouvernement, il quitte l’Afrique du Sud pour l’Europe puis les Etats-Unis, où il travaille pour l’agence Magnum.

Photographie tirée du film « Ernest Cole, Photographer » de Raoul Peck, 2024

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© Ernest Cole / Magnum Photos / © 2024 Condor Dist. SAS

« Nous avons longuement interviewé tous ceux qui ont rencontré Ernest Cole pour en tirer leurs sentiments, leurs souvenirs, leur vision. »

Raoul Peck

« Il pense qu’il va exploser en tant qu’artiste », se souvient le réalisateur. Pourtant, on lui demande surtout de photographier des personnes noires, dans la pauvreté. Il se rêve Cartier-Bresson. Un photographe est un photographe, pas « un photographe noir ». Dans les journaux d’Ernest, nous avons trouvé de nombreux magazines de mode et publicités. Cela l’intéressait. » Ernest Cole reçoit en effet une subvention de la Fondation Ford pour documenter la vie quotidienne des populations noires dans le sud des États-Unis… Mais le livre qui en résulte n’a pas été publié, pour une raison inconnue.

Une découverte mystérieuse

Ernest Cole arrête la photographie à la fin des années 1970et passa les dernières années de son existence dans un dénuement total. Raconter votre histoire est obligatoire un long travail d’enquête » à Raoul Peck qui détaille : « Ce qu’on a fait avec mon équipe, c’est de rechercher tous ceux qui l’ont rencontré en Afrique du Sud, en Suède, en Angleterre, aux Etats-Unis… Et nous les avons tous longuement interviewés pour en tirer leurs propres idées. leurs sentiments, leurs souvenirs, leur vision. J’ai accumulé des moments clés, des réflexions, des ambiances. »

Photographie tirée du film « Ernest Cole, Photographer » de Raoul Peck, 2024

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© Ernest Cole / Magnum Photos / © 2024 Condor Dist. SAS

L’ensemble brosse un portrait extrêmement sensibleraconté à la première personne par le réalisateur lui-même dans la version française, d’une personnalité sur laquelle plane encore un mystère : « En 2017, presque 60 000 négatifs et photos sont découverts dans trois grands coffres métalliques dans les coffres d’une banque suédoise. Là, l’histoire vire au thriller avec la découverte d’un trésor dont nous ignorions tous, y compris la famille. » Comment sont-ils arrivés là ? Qui a financé ce dépôt ? «Nous ne sommes qu’au début du redécouverte de ce grand artiste qui était Ernest Cole. »

Flèche

Ernest Cole, photographe

Réalisé par Raoul Peck

106 minutes. · en salles le 25 décembre 2024

 
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