la noblesse populaire par le travail

Tout le monde a entendu parler du petit monde des Compagnons et on les associe souvent à l’image des bâtisseurs traversant la France sur les chantiers. Mais que sait-on exactement d’eux, de leurs mythes fondateurs et de leur histoire mouvementée (aujourd’hui encore), de leurs rites initiatiques et de leurs traditions confréries ou de leur métier quotidien, qui confine à la véritable noblesse par le travail, tout en traitant de la tension entre tradition et modernité. ?

La notion de Devoir

Dans leur dernier ouvrage, Sylvie et Rémy Boyer ont pénétré leur univers pour parler du Compagnonnage au-delà du spectaculaire. Ils ont recueilli des témoignages de certains d’entre eux, parfois inattendus, mais dont les paroles sont toujours fortes, notamment lorsqu’il s’agit d’allier savoir-faire et compétences relationnelles. La première partie de l’ouvrage est consacrée à l’histoire et à la nature du Compagnonnage, inscrit en 2010 au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité par l’UNESCO, en tant que « réseau de transmission des savoirs et de l’identité à travers le métier ».

Donné

Une transmission qui est le ciment des Compagnons, dont les traditions sont très fortes. Les formations se déroulent dans des écoles dédiées et ouvertes à tous, dont les effectifs sont actuellement au plus haut niveau. Aujourd’hui, selon la Source, il existe en France entre 15 000 et 45 000 Compagnons, répartis en trois grandes organisations : la Fédération des camarades, l’Association ouvrière et le Syndicat des camarades.

Même si nous avons en commun la notion de Devoir, tout le monde n’est pas bâtisseur, puisque l’on retrouve également tous les métiers du bâtiment, ainsi que les artisans ferronniers, maroquiniers, boulangers, pâtissiers… Des métiers qu’il convient désormais de combiner avec le féminin, des femmes qui ont fait leur entrée ces vingt dernières années, non sans résistances et débats…

Fonctionnement fraternel

Après un glossaire bien utile pour tenter de comprendre la langue du Compagnon, les auteurs ont retranscrit des entretiens avec des boulangers, des facteurs d’orgues (au singulier, car c’est le seul en France !), des menuisiers et des tailleurs de pierre. Rituels, formation, place des jeunes générations, vie de couple, signes distinctifs, Tour de France, évolution du métier… Autant de sujets abordés qui permettent de mieux comprendre le fonctionnement fraternel de ces hommes (et femmes) qui sont bien plus que de simples ouvriers exceptionnels…