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Sous pression, la Cinémathèque annule “Dernier Tango à Paris”

Par

Éditorial Paris

Publié le

15 décembre 2024 à 7h47

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Et à qui le tour demain ? Une projection du “Dernier Tango à Paris” (1972), film contenant une scène de viol tournée sans le consentement de l’actrice Maria Schneider, avait été annulée 24 heures plus tôt par Cinémathèque françaisesous la pression des associations féministes. L’institution a pris cette décision « dans un souci d’apaisement et compte tenu des risques sécuritaires », a-t-elle indiqué dans un tweet samedi 14 décembre.

Un choix cinématographique dénoncé par Judith Godrèche

« Nous sommes une cinémathèque, pas un camp retranché. Et nous ne pouvons pas prendre de risques pour la sécurité du personnel et du public», a répondu à l’AFP Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque. « Des gens violents commençaient à s’annoncer et maintenir cette projection précédée d’un débat devenait un risque complètement disproportionné. Dommage», a-t-il déclaré.

“Le Dernier Tango à Paris” aurait été projeté dimanche à 20 heures dans le cadre d’une rétrospective consacrée à l’acteur américain Marlon Brando.
Un choix vivement dénoncé par l’actrice Judith Godrèche, figure du mouvement #MeToo en , qui a déploré le manque de contextualisation du film et le manque de respect envers l’actrice Maria Schneider décédée en 2011, après une vie abîmée.

“Il est - de se réveiller, chère Cinémathèque, et de redonner aux actrices de dix-neuf ans (l’âge de Maria Schneider au moment du tournage, ndlr) leur humanité en se comportant de manière humaine”, a-t-elle écrit sur Instagram.

Le film réalisé par Bernardo Bertolucci évoque la relation entre un veuf américain de passage à Paris et une très jeune femme. Ce huis clos, à la fois sexuel et morbide, atteint son paroxysme dans une scène de sodomie non consensuelle.

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Tir traumatisant

Cette scène, qui a valu au film X les foudres du Vatican, est entrée dans l’histoire du cinéma avant de symboliser des années plus tard les violences sexuelles dans le septième art. Car, bien que simulée, la scène s’est imposée à l’actrice, sans qu’elle n’en sache rien.

Ce que dénonçaient des actrices hollywoodiennes comme Jessica Chastain lors de l’émergence du mouvement #MeToo en 2017. « À tous ceux qui ont aimé le film, vous regardez une jeune fille de 19 ans se faire violer par un homme de 48 ans. Le directeur a planifié l’attaque. Cela me rend malade.

Depuis les années 1970, Maria Schneider garde le silence sur ces clichés traumatisants, évoquant un double viol de la part de l’acteur et du réalisateur qui s’étaient décidés sur scène sans lui parler. Elle sera à peine entendue, comme le montre le film « Maria », sorti en juin.

Le collectif 50/50, qui lutte pour l’égalité au cinéma, a également lancé un appel

De son côté, le syndicat SFA-CGT a rappelé que “filmer et diffuser un viol reste répréhensible”. « Aujourd’hui, nous le savons. Nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas comprendre et voir l’ampleur de cette scène de viol”, écrit le syndicat, tout en assurant le respect de la “liberté d’expression”.

La Cinémathèque avait promis vendredi “un moment d’échange avec le public” avant la projection, “sur les problématiques” évoquées.
“Ce film aura réussi à scandaliser deux fois plus de 50 ans plus tard”, estime Frédéric Bonnaud, rappelant qu’il a été diffusé “sans problème” à la Cinémathèque en 2017 “en hommage à son directeur de la photographie”.

Fin 2017, la Cinémathèque avait déjà annulé une rétrospective consacrée au réalisateur Jean-Claude Brisseau, condamné en 2005 pour harcèlement sexuel.

Avec l’AFP

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