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la suite de la saison a été dévoilée

Saison du Théâtre de Vidy

Vincent Baudriller : « On y croit toujours ! »

La scène théâtrale lausannoise veut encore croire en son pouvoir d’influence sur les perceptions. Démonstration avec le reste de son menu.

Publié : 02.12.2024, 18h43 Mis à jour il y a 14 heures

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Dans un contexte de guerres, de violations du droit international et suite à une élection présidentielle américaine qui porte au pouvoir un « homme populiste et machiste », le Théâtre de Vidy ne veut pas baisser les bras. « On y croit toujours ! » jure Vincent Baudriller, directeur d’une institution lausannoise qui s’efforce de placer ses scènes au cœur des contradictions et oppositions de la marche du monde et revendique un taux d’occupation de sa première partie de saison de 75%, comme l’année dernière.

Comment le responsable du fleuron de la création théâtrale vaudoise conçoit-il son credo ? « La force du théâtre, de la représentation, permet de rappeler que d’autres avenirs sont possibles. Plus respirant, plus désirable. Le théâtre ne va pas changer le monde, mais il peut aider chacun à s’engager dans cette voie… »

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Si la politique occupe une place centrale dans la deuxième partie de saison qui s’ouvrira le 15 janvier avec la nouvelle création de Dieudonné Niangouna, « Opération Rumba », cette dimension n’étouffe pas une offre plombée de poésie, de mouvement et de littérature, avec tout ce qui lui est dû. respect à ceux qui pensent que création contemporaine et textualité de premier ordre sont incompatibles. Et cette attention aux mots ne passe pas seulement par des lectures, comme celles d’Ed Wige et Jérémy Gindre, deux Prix suisses de littérature (17 janvier), ou d’Olivier Cadiot, qui ne donnera pas seulement un aperçu de son dernier ouvrage, « Départs de feu ». », mais aussi le texte écrit pour Christoph Marthaler, « Irréparable ».

Lettres et tableaux

La littérature rythme le parcours de la programmation de Vidy, sans céder aux formats traditionnels. Avec « Par autan » (à partir du 29 janvier), le Théâtre du Radeau enrôle par exemple Walser, Kafka, Kleist et Tchekhov sur son bateau ivre. Olivia Grandville ou David Geselson abordent des textes plus proches de nous. Le premier (du 8 février) avec une adaptation de “La Guerre des pauvres” d’Eric Vuillard, récit d’une insurrection populaire en 1524, dans le sud de l’Allemagne. La seconde (du 26 février) s’inspire de la poignante « Lettre à D. – Histoire d’un amour » d’André Gorz.

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A Vidy, la littérature fait un grand bond. Événement annoncé pour cette prochaine rentrée, « Les Employés » de Lukasz Twarkowski (dès le 28 février), nouvelle star polonaise des scènes européennes avec « Lokis », d’après l’affaire Cantat, ou « Rothko », autour du peintre américain, est basé sur un roman de science-fiction d’Olga Ravn. Tandis que « Quichotte » de Gwenaël Morin (du 11 mars), avec Jeanne Balibar dans le rôle titre, s’inspire visiblement de Cervantes pour bricoler son théâtre brut. Quant à Lola Giouse, si elle s’attaque à « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand (dès le 5 mai), c’est pour mieux déconstruire sa représentation, grâce à une incarnation du personnage prise en charge par un collectif de comédiennes. Büchner et Calvino se cachent encore dans cette forêt littéraire…

Chemins possibles

D’autres parcours sont évidemment possibles dans la gamme de Vidy, qui propose également une carte ludique, mais très utile, pour se frayer un chemin selon vos envies et vos goûts dans la programmation, en suivant des parcours comme « Jouer à deux », « Rencontrer d’autres cultures » ou « D’une génération à l’autre » et en jaugeant la météo émotionnelle de quelque 25 propositions.

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Dix ans après l’arrivée de Vincent Baudriller, Vidy a réussi le pari de rajeunir son public. Les tranches d’âge sont toutes représentées à peu près à parts égales, même si les proportions varient selon les spectacles. Dans un souci de pérennité, mais aussi pour réaffirmer ses meilleurs choix, le Théâtre insiste sur des reprises qui permettent de relancer des créations éprouvées (« Préparation au miracle » de Marc Oosterhoff, le « Hominal/Öhrn », la « Terre gaspillée » de Ntando Célé).

“Tuer les fascistes”

Impossible de nommer tout le monde… On terminera avec un set imbattable. D’abord Tiago Rodrigues, réalisateur d’Avignon, qui revient non seulement avec « Par cœur », mais aussi avec un « Catarina et la beauté de tuer des fascistes » plus que jamais d’actualité. Ensuite, le Suisse Christoph Marthaler sera au centre d’un Tempo Forte – « - fort » qui remplace, en mai, la logique festivalière de Programme Commun, mais sans Arsenic et Sévelin à l’affiche – avec sa nouvelle création, « Le sommet ». .

Dans la même séquence, la Brésilienne Gabriela Carneiro da Cunha donnera la parole au cours d’eau pollué du Tapajós et à ses femmes empoisonnées au mercure. De l’Amazonie au lac Léman, de l’industrie capitaliste à la parole des femmes : la mission de Vidy continue son cours.

A revoir en décembre

  • Emilie Charriot, toujours sur la piste avec un texte incontournable de Marguerite Duras, « L’Amante anglaise », inspiré d’un fait divers sordide. Salle 64, jusqu’au 8 décembre.

  • Avec « Reminiscencia », l’artiste chilien Malicho Vaca Valenzuela se penche sur la mémoire. Celles des échecs de ses grands-parents, mais aussi l’oubli des luttes sociales qui faisaient battre le cœur d’un pays déchiré. Un ouvrage émouvant et impactant sur la transmission entre générations. Salle 96, du 4 au 8 décembre.

  • « L’émission qui écoute enfin les paroles des enfants » de Lola Giuse s’adresse évidemment aux enfants, mais pas seulement… Un jeu subtil autour de la parole pour les plus jeunes. Salle 76, du 6 au 15 décembre.

  • Chorégraphie toujours singulière de Catol Teixeira entre cirque, danses classiques et contemporaines, fête. « Arrebentação », la danse de l’hybridation. Salle 17, du 11 au 14 décembre.

  • Presque un spectacle de Noël, ce « Les chats (ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés) » de Marlène Saldana et Jonathan Drillet, qui rend visite à une « Maman » de dix chats par le geste et la musique. Magnétique! Salle 64, du 12 au 14 décembre.

Boris Senff travaille dans la section culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l’architecture et les beaux-arts.Plus d’informations @Sibernoff

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