Dans Se lever la nuitLe réalisateur congolais Nelson Makengo dresse un portrait saisissant de Kinshasa plongée dans l’obscurité, reflet d’une réalité quotidienne marquée par des coupures d’électricité récurrentes. Alors que le Congo s’apprête à inaugurer la plus grande centrale électrique d’Afrique, les habitants de la capitale s’organisent, improvisent et résistent à une absence de lumière qui dépasse la simple privation matérielle pour devenir un obstacle à la dignité humaine.
« Une maison sans électricité est une maison malheureuse », affirmons-nous dès les premières minutes. Pourtant la lumière, fragile et éphémère, persiste. Dans cette nuit omniprésente, Makengo capture la lutte quotidienne pour l’illumination : torches accrochées au crâne, guirlandes lumineuses accrochées aux murs, bougies vacillantes, ou encore la lueur d’un feu d’artifice illuminant brièvement le ciel. Le film dépeint une recherche presque divine de lumière, incarnée dans des moments de solidarité et de célébration, comme pour repousser les ombres envahissantes.
L’obscurité omniprésente devient ici un personnage à part entière. A travers des scènes tournées à contre-jour ou des plans volontairement plongés dans l’obscurité, le réalisateur fait de l’absence de lumière un puissant vecteur narratif. Mais cela ne s’arrête pas là : la lumière elle-même, sous toutes ses formes, devient un symbole de vie et d’espoir. Ces éclats de lumière, qu’ils émergent d’un marché de fortune ou des étoiles au petit matin, rappellent l’ingéniosité et la résilience des habitants.
Se lever la nuit c’est aussi un film politique, même si son discours reste implicite. Les panoramas de Kinshasa, entre chaos et beauté, inscrivent les luttes individuelles dans une réalité collective. Chaque plan évoque une ville écrasée par les défis structurels et transcendée par l’énergie vitale de ses habitants. Si la répétition de certaines scènes peut laisser une impression de sécheresse, elle reflète le poids de la survie dans un quotidien figé entre inondations et ténèbres.
A travers cette immersion nocturne, Se lever la nuit il raconte bien plus qu’une ville dans le noir : il capture l’âme d’une communauté debout, malgré tout.
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