Vingt dieux est le premier long métrage de fiction de Louise Courvoisier ; nous entraîne dans une épopée ringarde et sentimentale ancrée dans le village de son enfance.
Reprendre : Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et à fréquenter les dancings du Jura avec sa bande d’amis. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il décide donc de créer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remportera la médaille d’or au concours agricole et 30 000 euros.
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Louise Courvoisier il a grandi dans un petit village du Jura. Elle s’est inspirée des gens qui l’entouraient et qu’elle observait depuis son enfance pour écrire Vingt dieuxses personnages et son histoire :
« Totono et ses amis sont un peu des « collègues » de mon pays. Dans la plupart des cas, ils ont abandonné leurs études très tôt pour travailler avec leurs parents dans les fermes. Beaucoup vivent des situations familiales difficiles. J’ai voulu filmer ces jeunes peu représentés au cinéma, qui démarrent la vie avec moins de chance que beaucoup d’autres, et dresser d’eux un portrait “intérieur” positif et nuancé. »
Son film prend des allures de western sans en emprunter tous les codes. On retrouve le rapport à l’espace, à la conquête du territoire, à l’adversité et parfois, lors de certaines aventures, un certain côté” Pieds nickelés » est apparu :
« C’est pour cela que j’ai choisi le format Scope. J’ai aussi aimé l’idée de filmer des visages marqués par une expérience. La peur de l’inconnu, la conquête de territoire, tout cela s’accompagnait d’une certaine gêne inhérente à mes personnages et à leur comportement. Le côté Pieds nickelés tu peux le sentir dans leur façon d’agir Totono et ses amis. Ils tentent des choses, ils se soutiennent dans l’adversité. Leur groupe, aussi maladroit soit-il, leur donne de l’élan. »
Louise Courvoisier nous présente un personnage qui, dès la première scène, donne le ton : il danse sur le comptoir du bar :
«J’ai beaucoup d’affection pour Totonomême s’il n’est pas héroïque et plein de défauts. Je voulais montrer ses défauts autant que ses points forts. Totono c’est un jeune chien fou et maladroit qui peut danser à moitié nu dans un bar ou qui n’aide pas son père quand il en a besoin, mais malgré tout il est affectueux. Totono c’est aussi une force de la nature, doté d’une manière originale de réagir aux événements, et d’un sens du groupe. »
Il décrit les figures féminines, la petite sœur de Totone, la paysanne Marie-Lise et le fromager :
« Marie-Liza et le petite soeur ce sont des personnages que j’ai écrits contre les stéréotypes de la féminité. Marie-Liza elle n’aime pas la séduction, elle parle franchement, ce qui ne l’empêche pas d’être sexy. Je voulais m’éloigner de la caricature de l’agriculteur et mettre à cette place une jeune femme très compétente et confiante. Pour la petite sœur, il fallait ressentir son intelligence dans sa présence et dans son regard, sa maturité liée à sa situation et sa complicité avec son frère, qui commence par des maladresses et évolue avec le temps. Je ne voulais pas que la fromagère devienne une figure maternelle trop positive. Je la voulais très charismatique, et c’est l’actrice, qui vit dans mon village, qui est gardienne de prison dans la vie et que je connais bien, qui lui a donné cette force. »
Un autre personnage est présent dans le long-métrage Vingt dieux : le comté !
«C’était un vrai défi. Il fallait d’abord préparer le fromage cinégénique. Ensuite, sur le plan narratif, il a fallu comprendre que ce parcours de deuil était intimement lié à la création de ce pays, si central dans la région dans laquelle se déroule cette histoire. Un des enjeux était de montrer la véritable fabrication du fromage, avec ses difficultés : c’est la partie documentaire du film, qui fait partie de la fiction. »
Mais sans compter sur un autre personnage : le chaudron. Un outil que vous décrivez :
« J’aime l’idée qu’un outil apparemment sans importance puisse se transformer en un objet plein de promesses. De même, mes personnages, que certains pourraient considérer comme des inadaptés, se révèlent beaux et capables. On le voit aussi dans leurs gestes, de plus en plus assurés et précis. Avec mon directeur de la photographie, Elio Balézeauxqui a également étudié avec moi à la CinéFabrique, nous avons essayé de donner à ce chaudron une forme de sensualité et de solennité. On voit à peine ce qui se passe à l’intérieur, jusqu’à ce qu’on s’en approche. Il a fallu inventer différentes manières de le montrer d’une scène à l’autre, avec une progression jusqu’à découvrir le contenu. »
Une progression se profile à travers le comté et le chaudron ; celui de Totono. Vingt dieux c’est une histoire initiatique :
“Oh, Totono devient adulte par la force des choses. L’action du film s’étend sur plusieurs mois. Le temps de création du fromage suit : le temps de maturation du Comté et un peu de celui du Totono Aussi ! Il parvient à surmonter la perte de son père sans jamais en parler, en restant très modeste… A la campagne, contrairement à la ville, il n’est pas courant d’aller chez le psychologue. Les gens ont peu de clés pour analyser leurs émotions. Si cela ne passe pas par les mots et les larmes, comment peut-il s’exprimer ? J’ai voulu montrer la rudesse de mes personnages, ce qui n’empêche pas leur sensibilité et leurs défauts d’exister. Sans les entraîner vers un pathos qui ne leur ressemble pas. »
Pour raconter son histoire, Louise Courvoisier a réalisé un casting sauvage dans le Jura :
« Tous les acteurs du film ne sont pas professionnels…
Clémente FaveauQui joue TotonoIl a dix-huit ans et travaille dans une ferme avicole. Je l’ai rencontré dans un lycée agricole. Il m’a fallu du temps pour le convaincre, mais le projet lui plaisait. Clément comprend tout. Il parvient à avoir raison sans avoir l’air de jouer à un jeu. Son naturel dans le jeu est impressionnant. Il incarnait très bien le côté têtu et fragile de Totono.
Pour le rôle de la petite sœur j’ai rencontré beaucoup d’enfants au casting, mais j’ai choisi Luna Garret, que j’ai vu grandir dans mon village. Je trouve qu’elle a une très forte présence et j’avais très envie de travailler avec elle. Lors du casting, aux côtés des garçons, il a évidemment interagi comme il le fait avec ses frères dans la vie.
Maïwène BarthélémyQui joue Marie-Lizail était en BTS agricole lorsqu’il a réussi le casting. Outre ses compétences de paysanne, elle a immédiatement montré sa capacité à se glisser dans la peau du personnage avec un naturel déconcertant. Elle a immédiatement semblé adaptée au rôle. »
Le titre Vingt dieux a aussi son rôle à jouer :
« Je l’ai choisi le jour où j’ai découvert comment écrire cette expression si courante dans ma région. J’aime beaucoup cette référence aux dieux au cœur du monde rural ! »
► ► ► Répartition
Un film de Louise Courvoisier
Intrigue et dialogues – Louise Courvoisier et Théo Abadie
Escroquer
- Clémente Faveau – Totono
- Luna Garrett – Claire
- Mathis Bernard – Jean-Yves
- Dimitri Baudry – Francesco
- Maïwène Barthelemy – Marie-Liza
- Armand Sancey Richard – Cyrille
- Luca Marillier – Pierrick
- Isabelle Courajeot – Nadine
Commentaires recueillis par Anne-Claire Cieutat
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