52 représentations sont programmées du 20 novembre au 2 janvier 2025 sur la scène du Théâtre Châtelet à Paris. Que savoir sur cette œuvre et le roman emblématique qui l’a inspiré ? En guise d’apéritif, avant cette première très attendue, nous avons sélectionné dix informations surprenantes sur le sujet. Les Misérables, sous toutes leurs formes.
1 Le roman de Victor Hugo est né de l’adultère
En 1845, Victor Hugo avait 43 ans. Après le décès de sa fille Léopoldine, il retrouve le goût de la vie dans les bras d’une jeune femme de 25 ans, Léonie Biard. Elle est mariée à un peintre qui la soupçonne d’être inconstante. Pour la confondre, il la fait suivre et le 5 juillet 1845, à l’aube, un policier arrive dans une garçonnière située passage Saint-Roch à Paris. Les deux amants sont au lit, en flagrant délit d’adultère, ce qui n’était pas une plaisanterie à l’époque. La jeune femme est conduite à la prison Saint-Lazare puis au couvent. Il n’en part qu’en février 1846. Victor Hugo a la chance de pouvoir invoquer l’immunité que lui confère son statut de pair de France et s’enferme chez lui pour éviter tout outrage. Pour occuper son temps, il entreprend alors d’écrire une grande fresque qu’il sera le premier à nommer Jean Trejean Alors Les misères.
2 « Les Misérables » ont fait fortune
La première édition du livre, parue le 30 mars 1862, se vend à 100 000 exemplaires, un chiffre colossal pour l’époque. A la sortie du deuxième volet, le 15 mai, il y a eu presque une émeute à Paris devant la boutique de l’éditeur Pagnerre. On veut connaître sans tarder la suite des mésaventures de Jean Valjean, l’ex-taulard au grand cœur, du policier Javert, son ennemi juré et de la pauvre Cosette, maltraitée par les Thénardier, les parents de Gavroche. Le biographe Jean-Marc Hovasse raconte que dans certains ateliers les ouvriers se réunissaient pour acheter le roman et tiraient au sort les ordres de lecture. Ce sera l’un des premiers livres à bénéficier d’une sortie mondiale dans une douzaine de capitales.
Ce qui peut paraître paradoxal, c’est que ce livret de 1 500 pages dénonçant la misère du peuple a grandement enrichi son auteur. Hugo avait signé un contrat ahurissant d’une valeur de 240 000 francs argent, l’équivalent de 600 000 euros, avec l’éditeur belge Albert Lacroix, venu le rencontrer dans son lieu d’exil à Guernesey. Il utilisera cette aubaine pour restaurer sa maison et construire sa célèbre toiture. bloc, une pièce entièrement vitrée où il écrivait debout. Le romancier attribue également une dot à sa fille Adèle et investit le reste en actions boursières. C’est vraiment dommage !
3 Avant la comédie musicale, il y avait un album
Alain Boublil dit que c’était alors qu’il assistait au spectacle à Londres Olivier Twist, selon Dickens, qui a eu l’idée d’adapter le roman de Victor Hugo en comédie musicale. Avec son complice, le compositeur Claude-Michel Schönberg, il décide d’écrire «quelque chose avec la structure d’un opéra avec de la Musique et des paroles des années 80L’aventure commence avec la sortie d’un double album en 1980. Parmi les interprètes on retrouve Rose Laurens (Fantine), Adamo (Combeferre), Michel Sardou (Enjolras) et Michel Delpech (Feuilly). Il se vendra à plus de 300 000 exemplaires. .
4 Robert Hossein a sauvé le projet
L’idée de monter une comédie musicale sur ce sujet difficile ne suscite pas l’enthousiasme des producteurs, loin de là. Le directeur de Radio Europe N°1 conseille alors aux deux amis de se tourner vers Robert Hossein, spécialiste des grosses productions. Lorsqu’ils arrivent à la réunion, Robert Hossein leur dit immédiatement qu’il ne peut rien faire pour eux mais qu’il est curieux de savoir ce qu’ils ont fait du Misérable. Schoenberg s’assoit au piano et chante. Deux heures plus tard, Robert Hossein s’exclame : «Votre opéra, les enfants, je le mettrai en scène pour vous ! « .
Le spectacle arrive au Palais des Sports de Paris le 17 septembre 1980 avec certains des artistes qui ont enregistré l’album. Les deux Michel, Sardou et Delpech, sont remplacés par d’autres interprètes. L’orchestre compte 28 musiciens comme dans les plus grands spectacles de Broadway. Cette première production attire près de 500 000 spectateurs en quatre mois mais ne tourne pas car Robert Hossein refuse de voler ! Pour Les Misérables, tout s’arrête.
5 Le spectacle renaît de ses cendres à Londres
Le spectacle est déjà sorti de l’affiche en France lorsque Cameron Mackintosh, producteur britannique de la comédie musicale De chat écoutez l’album par hasard. Convaincu du potentiel de l’œuvre, il contacte Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg et leur dit : « Vous ne réalisez pas ce que vous avez écrit ! » Pendant deux ans, ils ont fait des allers-retours à Londres et avec lui, ils ont complètement retravaillé le spectacle, pratiquement à partir de zéro.
«Nous avons vécu un rêveils disent, aux côtés des plus grands génies de la comédie musicale anglo-saxonne. Le 8 octobre 1985, Les Misérables ils sont présentés à Londres en anglais puis à Broadway à New York le 12 mars 1987. Une plateforme tournante, révolutionnaire pour l’époque, permet de passer d’un côté à l’autre des barricades. Les spectateurs sont transportés par les mouvements du public et par les chants interprétés sur scène par une quarantaine de comédiens.
6 « Les Misérables » ont fait exploser les standards
Alain Boublil raconte qu’au lendemain de la première, les critiques ont été féroces : «Il y a pire qu’une mauvaise comédie musicale : une comédie musicale française.” “une collection de chansons uniquement bonnes pour l’Eurovision ». Cameron Mackintosh tente alors de contacter le théâtre pour savoir où en sont les réservations. En vain car le standard a explosé. En une matinée, près de 5 000 billets ont été vendus.
Cité de Salon de la vanité le 13 mai 2024, Claude-Michel Schönberg affirme que l’émission avait la meilleure publiciste : Lady Di elle-même. La princesse, enthousiasmée par cette comédie musicale dramatique sous forme d’opéra, créa «déclarations enthousiastes» dans la presse. Chose rare, la longévité de Misérable incitera certains critiques à reconsidérer leur opinion. Le journaliste de Courrier quotidienJack Tinker a même écrit un article intitulé : Ma faute.
7 Certains titres sont devenus des hymnes politiques
La comédie musicale fait un bref retour à Paris en 1991 au Théâtre Mogador mais sans connaître le même succès qu’à l’étranger. Une des chansons de Misérable, j’ai fait un rêvechanté par le personnage de Fantine, il est même devenu un succès international, éclipsant sa version française : J’ai rêvé d’une autre vie. La veille de l’investiture de Bill Clinton aux États-Unis en 1993, Aretha Flanklin l’a interprété lors du gala présidentiel, en commençant par ces paroles qui évoquent celles de Martin Luther King : j’ai fait un rêve [J’avais un rêve].
Un autre titre, Entendez-vous les gens chanter ? ? il devient l’hymne des insurgés du monde entier : on l’entend en Turquie lors du mouvement de contestation de 2013, en Ukraine sur la place Maidan à Kiev en 2014 ou encore en 2019, lors des manifestations pro-démocratie à Hong Kong. Les participants chantent : Entendez-vous les gens chanter ? Chanter les chansons des hommes en colère ? C’est la musique d’un peuple qui ne sera plus jamais esclave. Ils expriment ainsi leur refus de voir leur territoire passer sous le contrôle total de Pékin.
8 « Les Misérables » ont battu tous les records
Si l’on en croit ses créateurs, c’est la comédie musicale la plus jouée de tous les temps. Et Alain Boublil d’ajouter : «Si on y pense, c’est difficile de le porter sur nos épaules, heureusement on n’y pense pas souvent.”. À Broadway, le spectacle a duré seize ans. A Londres, Les Mis ils sont joués sans interruption depuis 39 ans, pour un total de plus de 15 000 représentations. Le spectacle a déjà été joué dans 442 villes à travers le monde et dans plus de cinquante pays. Traduit en 22 langues, il a également remporté 160 des prix internationaux les plus prestigieux : Oliver, Tony, Grammy, Academy Awards, Golden Globe… En France, il a remporté un Molière et la Victoire de la Musique du meilleur spectacle musical en 1992. .
9 Le livre a été adapté à plusieurs reprises au cinéma.
En 2013, Les Misérables ils triomphent également sur grand écran dans l’adaptation de Tom Hooper avec Anne Hathaway dans le rôle de Fantine et Hugh Jackman dans celui de Jean Valjean. La France n’apprécie pas remake mais à l’échelle mondiale, les recettes du box-office ont explosé, atteignant 442 millions de dollars. Nominé huit fois aux Oscars, le film a remporté 3 statuettes dont celle de la meilleure actrice dans un second rôle pour Anne Hathaway. Bien plus tôt, en 1897, les frères Lumière furent les premiers à s’attaquer au chef-d’œuvre de Victor Hugo en tournant de petites scènes avec les personnages principaux. S’ensuivent une cinquantaine d’adaptations avec des acteurs célèbres : Harry Baur en 1933, Jean Gabin et Bourvil en 1957, Gérard Depardieu, Lino Ventura ou encore Jean-Paul Belmondo dans le film réalisé par Claude Lelouch en 1995. Le réalisateur Ladj Li, dans un style tout aussi personnel en raison de son grand impact, remettra le titre du roman en lumière en 2019.
10 Les Français pourraient enfin s’allumer
La France, dernier bastion qui a résisté à la force de Misérableversion comédie musicale, est-ce sur le point de céder ? Peut-être, si l’on en croit la billetterie. Les billets pour les spectacles du Théâtre du Châtelet du mercredi 20 novembre sont épuisés. La plupart des dates sont déjà complètes. Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, soutenus par le producteur Stéphane Letellier et le réalisateur Ladislas Chollat, sont convaincus que les comédies musicales ont enfin trouvé leur public en France ces dernières années. L’ayant droit, Cameron Mackintosh, a un peu hésité mais a fini par accepter cette nouvelle production aux paroles en partie retravaillées par rapport à la version anglaise. Les décors et costumes ont été réalisés par les ateliers du Châtelet. Si le succès est obtenu, une tournée suivra. Toute l’équipe croise déjà les doigts.
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