Troisième épouse de Jacques Chaban-Delmas, maire historique de Bordeaux décédé le 10 novembre 2000, Micheline fait son entrée officielle au Palais-Rohan le 8 octobre 1971, après y avoir fait sa première apparition, le 24 septembre, pour se marier à entière discrétion du maire historique de Bordeaux.
Ces derniers l’avaient présenté aux conseillers municipaux et à leurs épouses, ainsi qu’à M. et Mme Gabriel Delaunay, préfet d’Aquitaine, et aux principaux collaborateurs de la commune, après avoir reçu la presse bordelaise. « Chacun a pu apprécier la gentillesse et la simplicité de Mme Chaban-Delmas, qui a une grande envie de mieux connaître notre ville, qu’elle souhaite découvrir pleinement », écrivait « Sud Ouest » le lendemain.
“Dame”
Celle qu’on appelle « Madame » à la mairie n’apparaîtra nulle part dans le pouvoir, mais sera tacitement responsable de certaines affaires culturelles (la CAPC) ou d’affaires caritatives, et c’est elle qui, en 1991, en sera à l’origine. de la nomination au cabinet de trois femmes : Martine Noverraz, responsable de la communication ; Francine Fort, responsable de l’architecture et de l’urbanisme ; et Josy Froment, pour la promotion et l’image de la ville, comme le rappelle « Sud Ouest », dans l’article intitulé « Qui gouverne aujourd’hui ? » à la veille des élections municipales de 1995, qui verront Alain Juppé succéder à Chaban.
Au premier rang des principales causes dans lesquelles Micheline Chaban-Delmas s’engage : la lutte contre la drogue. Au sein de la Fondation de France, il crée la Fondation Addictions et Prévention des Jeunes dont il est président. Le 14 mars 1987, il expliquait à notre journaliste santé Annie Larraneta comment il fallait organiser la lutte contre ce fléau, en amont, pour prévenir, et en aval, pour guérir. Nous republions cette interview ci-dessous.
« Toxicomanie : prévention et traitement »
Un ami de mes enfants est mort d’une overdose. Parfois il venait chez nous, la maison était toujours « portes ouvertes ». J’avais le sentiment que quelque chose n’allait pas. Il y a eu une sorte d’interruption dans le dialogue, il m’a probablement appelé, je ne sais pas. Si je les avais entendus, je n’aurais pas su comment répondre…”
Informer et former
Avec peu de temps et “n’ayant pas le droit de se désintéresser de la question”, Micheline Chaban-Delmas a tenté d’aider les familles et les enfants. En janvier 1980, il crée la fondation Toxicomanie et Prévention au sein de la Fondation de France. Des formations sont notamment organisées et des informations dispensées… pour que les adultes relais puissent comprendre les « appels » et devenir des agents de prévention. « Si certains éléments fondamentaux reviennent continuellement, explique Micheline Chaban-Delmas, les problématiques liées à la drogue changent et évoluent constamment et nous devons modifier notre évaluation des êtres et des choses. Il faut rester complètement ouvert et attentif. Chacun des jeunes toxicomanes a sa propre histoire et un rapport particulier à la société. On ne peut pas généraliser, c’est fragmentaire. Bien sûr, on retrouve la rupture dans le dialogue, mais pas seulement avec les parents… Ce dialogue est tellement difficile qu’il faut aider les parents à le maintenir. La drogue est un véritable drame familial, toute la famille est touchée. »
Pour agir en amont il faut informer. « Il faut donc fournir l’information la plus « objective » possible à quiconque en fait la demande. Si on l’imposait, cela pourrait être mal compris, mal vécu. Et je crois, évidemment, à l’entraînement. C’est un domaine très particulier, il nécessite un type d’éducation pour tous ceux qui sont en contact avec les jeunes. Nous organisons donc des cours avec de vrais spécialistes et aidons ceux qui souhaitent les suivre et ceux qui pourraient trouver cela cher. Ils sauront alors comment réagir et vous alerter. Vous savez que nous avons une équipe pilote à Bordeaux, autour du docteur Damade, directeur du Centre d’études et d’information en pharmacie. »
En compagnie
Il animera, lundi à 17 heures, à la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux (17, place de la Bourse), une conférence-débat sur le thème de « La toxicomanie au travail ». S’inquiéter de ce qui se passe dans l’entreprise est une autre possibilité d’atteindre les familles. Micheline Chaban-Delmas en est convaincue. « Je crois qu’il y a une nouvelle prise de conscience au sein de l’entreprise. Dans ce cas également, il est important de former des adultes en relais. Mais ils doivent toujours être entourés d’une petite structure. Car il peut arriver qu’ils se laissent déborder par une affaire…”
La fondation ne laisse rien au hasard. Cela fonctionne à tous les niveaux. Même parmi les très jeunes. « Je recommence à collaborer avec le laboratoire du Centre Georges-Pompidou pour refaire un livret destiné aux enfants de 8 à 12 ans (1). Il s’agit de les sensibiliser à la santé physique et morale, pour qu’ils prennent conscience qu’il y a du respect pour la vie et qu’il faut respecter son corps. Je lance également une opération auprès de quatre jeunes annonceurs de 22 ans. Le 4 avril, à La Villette, collégiens, lycéens et anciens toxicomanes se répartiront en quatre tables d’échange pour construire la maquette d’un clip et d’une affiche. Nous déjeunerons ensemble et l’après-midi une synthèse sera réalisée avec un ou deux grands spécialistes de la toxicomanie et de la communication. Cela se fera pour les jeunes, avec les jeunes. » Des jeunes Bordelais, des Parisiens, mais aussi des jeunes des villes frontalières (Nice et Metz) et de Lille, où sont menées des expérimentations intéressantes.
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Une volonté féroce
La Fondation Toxicomanie et Prévention des Jeunes participe également à des expériences de réhabilitation et de réinsertion sociale. «Nous travaillons avec EXPE, une structure ardéchoise qui rapproche de la montagne de jeunes anciens toxicomanes. Il y a des risques, une mort possible, mais là c’est quelque chose de complètement différent. J’ai écrit à Alain Carignon et à Jean-Michel Barnier pour les aider à trouver une place, car l’objectif de l’EXPE est de les réinsérer dans les métiers induits par la montagne… Si un toxicomane s’est évadé, c’est qu’il a fait preuve d’une attitude féroce. volonté. Si rien ne l’attend, il recommencera… J’ai ainsi trouvé, à travers cette fondation, tout un réseau de petites structures dirigées par des personnes fabuleuses, merveilleusement disponibles envers les autres. Il faut les aider ! Mais n’oublions pas que le vrai problème est de donner un vrai projet aux jeunes. Ils ont besoin d’admirer, ils ont besoin d’un modèle. S’il est absent, ils suivent celui qui est le plus fort, le chef du clan. »
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