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Amir de retour à l’Eurovision ? «C’est une expérience unique dans une vie»

Amir sera en concert le 20 décembre 2025 à la Genève Arena.

© Yann Orhan

Amir se livre comme jamais dans son nouveau projet musical. Il explore de nouveaux styles, joue avec sa voix et aborde de nouveaux thèmes. Dans son album « C Amir », l’artiste franco-israélien révèle sa douleur suite à la perte de sa mère et de sa grand-mère, évoque l’attentat du 7 octobre par le Hamas, et souligne l’importance de la paix intérieure.

Avant son concert à l’Arena de Genève, en 2025, il était à Lausanne pour évoquer son palmarès… et dire quelques mots sur la prestation de la Suisse à l’Eurovision. Même si, lors de sa promo day, notre tour arrive en dernier, le chanteur de 40 ans n’est pas avare de secrets.

Avec ce quatrième album, le premier mot qui vient à l’esprit est « sincérité ».

C’est exact. Le destin m’a emmené là où je ne voulais pas. Cela m’a poussé à freiner mon écriture et ma créativité, sans rien produire, par manque de motivation et par peur de sombrer dans des tons trop sombres. Je savais que je traversais une période difficile, mais que cela finirait par passer. Alors, j’ai attendu, patiemment, jusqu’à ce que je retrouve la lumière. C’est à ce moment-là que j’ai proposé à mes amis qu’on se retrouve pour écrire cet album. Une fois la barrière levée, toutes les idées, rêves et pensées ont explosé sur la feuille, sans filtre, sans réflexion. Ce qui en est ressorti était brut, écrit avec le cœur, authentique et sincère. Pas de place pour autre chose.

Plusieurs titres auraient pu être choisis comme premier single. Pourquoi « Summit » a-t-il été choisi ?

J’avais besoin de retrouver mon envol, de me sentir porté par un cri de guerre. Après trois années passées dans l’ombre, il me fallait une raison pour revenir, malgré la lumière qui me fait un peu peur, car je ne sais plus si je peux encore la contrôler. Je doute de ma place et je dois revenir me battre. Je savais que chanter ces mots, sur cette mélodie, raviverait l’envie et la motivation en moi. Cela ne me laissait d’autre choix que de remonter et de retrouver ma place.

Vous osez utiliser des paroles plus sexuelles sur le titre « Encore ». Avez-vous hésité avant d’enregistrer ce titre ?

Je comprends que les gens me demandent pourquoi j’ai choisi de faire une chanson sur ce thème, et en même temps, ça me dépasse un peu. Car au fond, nous savons tous que le sexe, la passion, le désir sont des moteurs essentiels de notre monde et de nous-mêmes. Les mettre en chanson, c’est ma façon de dire : fini la politesse, enlevons les gants et apprenons vraiment à nous connaître. Comme je l’ai souvent dit, il n’y avait plus de calcul. J’ai décidé de me montrer tel que je suis, en espérant que le public m’accepterait ainsi. Si, un jour, je regarde en arrière, je préfère voir des albums qui parlent de moi, avec mes défauts, mes folies, mes imperfections, plutôt que d’en donner une image parfaite et lisse. Longtemps j’ai eu peur de choquer, mais aujourd’hui, je ne me demande plus si je vais déranger ou pas.

Pourquoi cette figure de style dans le titre de votre album, « C Amir » ?

Le titre de l’album m’a semblé évident lorsque j’ai découvert les lettres du prénom de ma mère, Carmi. Étonnamment, « Amir » est déjà là avec juste un « C » supplémentaire. En réarrangeant les lettres, je me suis rendu compte que c’était une belle coïncidence, d’autant plus que cet album est le plus personnel de ma carrière, une véritable exploration de ma renaissance après une perte. Même si c’est un hommage à ma mère, je sais qu’elle en aurait été gênée. J’ai donc eu l’impression qu’elle m’expliquait la solution : « Tu peux le faire sans m’intimider, tout en restant fidèle à toi-même. » Ce titre résume en cinq lettres la profondeur et le message du disque, une fusion de notre histoire. La petite faute d’orthographe symbolise une erreur de chemin, celle qui m’a rendu orphelin trop tôt, comme un défaut du monde.

Quelle place avait votre mère dans votre musique ?

Elle a joué un rôle central. Au début, elle était très inquiète que je choisisse cette voie, ce qui en faisait une sorte de conscience, une adversité motivante. C’est en grande partie grâce à elle que j’ai terminé mes études avant de me lancer dans la musique, afin de me protéger. Puis, quand les choses ont commencé à bien se passer, elle est devenue mon plus grand soutien, presque ma plus grande fan. Elle lisait tous les articles, faisait voter ses amis à des concours, partageait mes réussites… Bref, j’avais son soutien d’abord par sa prudence, ensuite par son enthousiasme. J’avais souvent l’impression de tout faire pour la rendre fière et lui faire accepter ce choix de vie qui n’était pas gagné d’avance.

Votre mère n’est pas la seule personne à qui vous rendez hommage dans cet album.

Oui, je parle aussi de ma grand-mère avec « Dans ta tête ». Elle était très vieille et souffrait de sénilité avant de nous quitter. En janvier, elle était toujours parmi nous, souriante et insouciante, dans sa bulle de bonheur, malgré sa maladie. J’ai choisi de voir cette bulle comme une sorte de chance et de la célébrer avec des couleurs, des sons et des images positives dans une chanson. Le refrain est en arabe marocain, sa langue d’enfance, que j’ai appris à chanter pour l’occasion. J’espérais toucher à ses souvenirs les plus anciens, ceux qui restent ancrés quand le reste s’efface. Même si je n’ai jamais pu lui chanter, la chanson est devenue un hommage à sa lumière et à sa joie de vivre.

“”The Code” de Nemo m’a donné envie d’avoir un morceau similaire dans mon propre répertoire, même si, hélas, je n’ai pas ses capacités vocales”

Amir, chanteur

Sur le dernier morceau de l’album, “Peace”, vous chantez : “Elle vit dans une impasse et c’est dégueulasse, on va tous l’abandonner, paix.” Pour quoi?

Comme toutes les chansons de mon album, celle-ci est née d’une réflexion personnelle, au fil des journées d’écriture et des moments de partage avec mes amis. Cette expérience a été une véritable thérapie, m’apportant progressivement une paix intérieure. Cette sérénité retrouvée m’a permis de regarder au-delà de moi-même et de penser au monde, notamment aux événements tragiques du 7 octobre. Je me suis demandé : que cherchons-nous réellement ? Quel message je veux laisser ? J’en suis venu à cette idée simple : si cette paix intérieure peut exister, pourquoi ne peut-elle pas devenir une paix mondiale ? Bien sûr, je sais qu’il est idéaliste, presque naïf, de croire qu’une chanson puisse changer le monde. Mais plutôt que de me taire, j’ai choisi de l’exprimer haut et fort.

Vous avez terminé quatrième à l’Eurovision en 2016. Avez-vous regardé le concours cette année ?

Oui et en plus, félicitations à la Suisse ! Pour moi, c’était clair dès le début : c’était ma chanson préférée. Trois mois avant l’Eurovision, je disais déjà à mes amis que c’était le titre que j’allais gagner. La chanson est folle, le clip est génial et l’artiste est incroyablement talentueux. Cela m’a même donné envie d’avoir un morceau similaire dans mon propre répertoire, même si, hélas, je n’ai pas ses capacités vocales. J’ai adoré sa performance audacieuse et folle.

Ces dernières années, plusieurs artistes ayant déjà participé à l’Eurovision ont décidé de se représenter. Cela vous tenterait-il après votre 6ème place en 2016 ?

Pour moi, c’est une expérience unique, à vivre une seule fois, et qui doit garder cette saveur d’instant rare.

 
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