L’autorité de régulation des médias du Burkina Faso a décidé de suspendre pour trois mois la radio américaine Voice of America (VOA), après la diffusion des propos de « de nature à porter atteinte au moral des forces » engagé dans la lutte antijihadiste, a-t-on appris mercredi 9 octobre auprès des médias. « Conformément à la décision, nous avons éteint notre émetteur FM à Ouagadougou »a indiqué Nigel Gibbs, porte-parole de VOA, dans un communiqué envoyé à l’Agence France-Presse (AFP).
La suspension de VOA rejoint une longue liste de médias internationaux – principalement français – interdits temporairement ou jusqu’à nouvel ordre d’émettre, depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un putsch il y a deux ans.
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Selon l’Agence d’Information du Burkina Faso (AIB, public), le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) a pris cette décision après des propos tenus à l’antenne par un journaliste qui décrivait une attaque jihadiste survenue le 17 septembre à Bamako (Mali) de “courageux” et a affirmé que rien “ce n’est pas fait en termes de sécurité par les forces combattantes” du Burkina Faso. L’autorité de régulation citée par l’AIB estime que ces « de graves manquements » sont de « susceptible de saper le moral des forces combattantes »qui luttent contre les groupes djihadistes.
« Si VOA respecte le cadre réglementaire en vigueur au Burkina Faso, nous ne sommes pas d’accord avec ce que nous considérons comme des affirmations erronées de la CSC »a répondu M. Gibbs, réfutant notamment que la radio ait « terrorisme cautionné ou justifié ». « Les remarques faites lors du programme concerné, le Washington Forum, font partie d’un débat ouvert qui vise à informer et à dialoguer avec le public sur d’importantes questions de sécurité affectant la région »développe M. Gibbs précisant que le but de VOA est d’avoir une approche « juste et impartial ».
« Traitement patriotique de l’information »
Mercredi, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé les autorités burkinabè à “lever la suspension” de VOA. « Au lieu de chercher à réduire l’offre de médias dans leur pays, les autorités burkinabè devraient se concentrer sur la recherche des journalistes portés disparus »a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique de l’ONG. Plusieurs journalistes qui enquêtaient sur les abus du régime ou exprimaient des réserves sur la politique menée par les autorités militaires ont été enlevés ces derniers mois au Burkina Faso.
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« Au Burkina Faso, le gouvernement continue d’affiner la mise en œuvre du traitement patriotique de l’information »de son côté a réagi l’ONG Reporters sans frontières (RSF). Cette décision « privera encore davantage les populations de l’accès à une information plurielle. Le gouvernement burkinabè cherche à rendre invisibles les informations qui échappent au discours imposé par tous les moyens possibles. Nous demandons aux autorités d’annuler cette décision”» déplore Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.
Le capitaine Traoré a fait du retour de la souveraineté nationale une de ses priorités et tient régulièrement des discours hostiles aux puissances occidentales. Dans un communiqué distinct publié mardi, le CSC a également indiqué avoir suspendu la diffusion automatique de contenus internationaux sur les médias audiovisuels locaux. Le régulateur justifie cette mesure par « la diffusion récurrente d’informations à caractère malveillant et tendancieux » sur ces plages de synchronisation.
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