Les cylindres en céramique grise flottent, accrochés à une immense structure métallique qui semble prête à décoller. Cette sculpture monumentale de 9 mètres de haut et 70 mètres de long, appelée Crescendotransporte 1 700 kg de céramique. Imaginé par l’artiste de cirque suisse Julian Vogel, il occupe depuis le 2 mai l’esplanade du lieu culturel Subs à Lyon. Il sera démonté le 6 octobre. « On prépare déjà sa disparition, parce qu’on va avoir un coup de bluess’exclame Stéphane Malfettes, directeur des Subs. C’est le principe de ces aménagements que nous envisageons depuis quatre ans, et qui sont nés d’une volonté de transformer l’usage de cette cour de 1 000 mètres carrés. Avec cette œuvre qui accueille performances, bals et concerts tout au long de l’été, il y a une interaction avec le public et cela donne du sens à l’espace. » C’est aussi devenu un terrain de jeu spontané pour les enfants, qui s’y promènent.
Crescendoqui a accueilli 80 000 visiteurs, fait écho à la pièce Cirque en céramiqueprésenté mercredi 2 octobre. Dans les deux cas, Julian Vogel a fabriqué lui-même les 95 tubes en céramique pendant trois mois dans l’usine EKWC d’Oisterwijk (Pays-Bas). Curieux délire pour un jongleur. “C’est le hasard qui m’a amené à cette idée, alors que j’étudiais, en 2019, à l’école de cirque de Tilburg, aux Pays-Bas.dit-il. J’ai pratiqué le diabolo, qui est en quelque sorte composé de deux bols inversés. Cela m’a donné envie de m’amuser avec ces éléments retrouvés dans la cuisine. Apparaît alors la céramique et, avec elle, une réflexion sur la fragilité. Une fois son agrès brisé, qu’arrive-t-il à un jongleur qui est constamment confronté au risque de chute ? »
Spectacle d’urgence
Autour de cette question, Julian Vogel a d’abord créé Série Chine (2019-2023), une collection de performances, de sculptures mobiles et de vidéos autour de diabolos en céramique. Dans le processus, Cirque en céramique revisiter la technique des plaques tournantes chinoises, délivrant un message d’amour au cirque traditionnel. Des tambours crépitants pour faire grincer des dents, un numéro de vélo où la maladresse joue bien en flirtant avec l’exploit, et c’est parti pour une course contre la montre. Après avoir installé cinq cannes à pêche, Julian Vogel y colle ses plats en céramique. De l’un à l’autre, il court et vole, relance et rattrape, évite une sphère qui s’affole au dessus du plateau tandis que des bruits de vaisselle cassée ponctuent sa chevauchée infernale.
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