News Day FR

« Il s’agit de poursuivre la dimension européenne en ouvrant un espace à une nouvelle génération de créateurs »

>
Julien Gosselin, at the Odéon-Théâtre de l’Europe, in Paris, September 30, 2024. AXELLE DE RUSSÉ POUR « LE MONDE »

Tout juste installé à la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, où il a pris ses fonctions le 15 juillet dernier, à l’âge de 37 ans, Julien Gosselin est toujours en chantier. Il détaille ses projets pour la deuxième institution théâtrale publique de France, prestigieuse mais en difficulté budgétaire.

Lire l’histoire : Article réservé à nos abonnés Julien Gosselin, appointed head of the Théâtre national de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Ajouter à vos sélections

Pendant longtemps, vous avez dit que vous ne vouliez pas diriger une institution. Qu’est-ce qui vous a finalement décidé à vous positionner pour prendre la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe ?

On a souvent dit que je refusais l’institution, comme d’autres créateurs de ma génération – Caroline Guiela Nguyen [qui est aujourd’hui directrice du Théâtre national de Strasbourg]Sylvain Creuzevault… –, mais ce n’est pas tout à fait vrai. C’est plutôt que, pendant longtemps, cela ne nous a pas été proposé. Et donc nous n’y avons pas pensé parce qu’on ne nous en avait pas parlé. Puis le ministère de la Culture m’a proposé de réfléchir à l’Odéon, et je me suis dit que c’était le défi le plus fou que je pouvais tenter et que ça valait le coup d’essayer. Parce que j’aime cette maison, où j’ai joué la plupart de mes spectacles, parce que j’ai l’impression qu’on peut en faire un grand théâtre européen, et parce que j’ai atteint ce qu’on peut appeler une forme de maturité pour être à la tête d’un machine comme celle-ci.

Que représente pour vous l’Odéon ?

L’aspect fondamental pour moi est l’identité de l’Odéon comme théâtre de l’Europe. Je pensais pouvoir apporter l’expérience glanée au fil des années, car j’ai beaucoup tourné et travaillé à l’étranger. [à la Volksbühne de Berlin ou à l’Internationaal Theater d’Amsterdam, entre autres]. J’ai ainsi pu voir les créations de nombreux jeunes artistes européens dont on ne connaît pas le travail en France et que j’aimerais découvrir. C’est l’objet de mon projet. Je crois en l’idée que les grandes institutions européennes peuvent être des centres de création contemporaine, où l’on prend des risques, où l’on propose des spectacles radicaux et exigeants.

La dimension européenne fait partie de l’ADN de l’Odéon et a été respectée par vos prédécesseurs. Où pouvez-vous vous différencier du travail déjà réalisé ?

Cette dimension européenne est en fait déjà une réalité. Il s’agit de la poursuivre en ouvrant un espace à une nouvelle génération de créateurs. Je me rends compte que nous avons atteint la fin de deux générations de grands maîtres – de Krystian Lupa ou Frank Castorf à Thomas Ostermeier. Ce fut un grand moment de l’histoire du théâtre, mais il y a aujourd’hui une génération qui leur succède, qui trouve sa place dans les festivals – Automne, Avignon… – mais n’est pas forcément défendue dans les théâtres comme l’étaient ses prédécesseurs. Des artistes importants, comme le collectif catalan El Conde de Torrefiel, l’autrichienne Florentina Holzinger, la brésilienne Carolina Bianchi, l’artiste trans Samira Elagoz, sont des superstars en Europe, mais ne sont pas programmés dans les grandes institutions, car ceux-ci restent très identifiés au question de texte et de répertoire.

Il vous reste 66,04% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :