Au Bénin, des œuvres restituées par la France en manque de vitrines
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Au Bénin, des œuvres restituées par la France en manque de vitrines

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Entre février et août 2022, les œuvres étaient visibles au palais présidentiel de la Marina, à Cotonou, dans l’exposition « L’art du Bénin hier et aujourd’hui : de la restitution à la révélation » (ici, le 27 juillet 2022). LUDOVIC MARIN / AFP

Pour admirer les vingt-six trésors royaux remis par la France au Bénin en novembre 2021, il faut se rendre dans les salles françaises où vient de sortir le documentaire de la réalisatrice Mati Diop DahomeyRécompensé par l'Ours d'or à la dernière Berlinale, le film retrace l'épopée du retour sur leur terre d'origine de ces œuvres spoliées par la France lors de la colonisation. Les véritables pièces, en revanche, sont désormais invisibles. Près de trois ans après leur restitution en grande pompe à l'État béninois, elles dorment dans une réserve du palais présidentiel de la Marina, à Cotonou.

C'est dans cette enceinte que ces trophées, pris à la fin du XIXe siècle, ont été dévoilés pour la première fois aux Béninois.et siècle par les troupes du général Alfred Dodds lors de la prise d'Abomey, capitale du royaume du Dahomey. Un événement aux allures de triomphe populaire. Entre février et août 2022, quelque deux cent trente mille personnes se sont pressées dans la salle de réception de la résidence du président Patrice Talon, transformée pour l'occasion en musée.

Les visiteurs ont pu découvrir des trônes, des statues et des récades (sceptres royaux) ainsi qu'une série d'œuvres d'artistes béninois contemporains. « Un moment de communion nationale, de fierté », se souvient José Pliya, conseiller du chef de l'État pour les arts et la culture. « L’accueil et l’intérêt du public ont largement dépassé nos attentes », ajoute Alain Godonou, chargé du patrimoine et des musées à la présidence.

Un projet compliqué

Ceux qui ont raté l'occasion devront s'armer de patience avant de pouvoir admirer les pièces restituées. La partie contemporaine de l'exposition est partie au Maroc, puis en Martinique. Elle arrivera en novembre à la Conciergerie à Paris. Les trésors royaux ont été soigneusement sortis de leurs vitrines et remis dans des cartons, en attendant leur destination finale : Abomey, à 130 kilomètres au nord de Cotonou. Leur futur écrin, le Musée de l'épopée des Amazones et des rois du Danhomè, devait initialement ouvrir en 2025. Mais les travaux n'ont toujours pas commencé.

Ces retards sont en partie dus aux contraintes d'un chantier au sein d'une zone classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Sur plus de 40 hectares, dix palais entourés de cours et de murs en pisé ont été édifiés entre 1625 et 1900. Si certains peuvent encore être visités, beaucoup ont beaucoup souffert du passage du temps et des vicissitudes de l'histoire. Leur rénovation doit aller de pair avec la construction du futur musée au cœur du site palatial, dans la cour des Amazones, les anciennes guerrières du royaume.

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