« Notre film lutte contre tous les extrémismes, de l’Iran à Israël »
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« Notre film lutte contre tous les extrémismes, de l’Iran à Israël »

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Zar Amir Ebrahimi au Festival de Cannes le 27 mai 2023. LOIC VENANCE/AFP

La vie de Zar Amir est vertigineuse. Née il y a quarante-trois ans à Téhéran, elle y est devenue une actrice reconnue, tant au cinéma qu'à la télévision, où elle a joué l'un des rôles principaux de la série ultra-populaire NargessEn 2006, une « sex tape » la montrant avec son compagnon met brutalement fin à sa carrière iranienne. Deux ans plus tard, au matin de son procès, elle s’enfuit à Dubaï, avant de revenir rapidement en France. Entre deux petits boulots, elle reprend courageusement une carrière auprès de réalisateurs iraniens de la diaspora européenne.

Lire le portrait croisé (en 2022) : Article réservé à nos abonnés Golshifteh Farahani, Taraneh Alidoosti et Zar Amir Ebrahimi, trois femmes iraniennes sur le tapis rouge de Cannes

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Une ténacité qui lui a valu d'obtenir, en 2022, le Prix d'interprétation féminine à Cannes pour Les nuits de Mashhaddu réalisateur danois d'origine iranienne Ali Abbasi. La même année, après la mort de l'étudiante Mahsa Amini, après son arrestation pour « porter des vêtements inappropriés »elle prend publiquement fait et cause pour le soulèvement de la jeunesse iranienne. Et la voilà à nouveau sous les feux des projecteurs, réalisant avec l'israélien Guy Nattiv le film Tatamidans lequel elle incarne Maryam, l'entraîneuse d'un judoka iranien à qui on ordonne de démissionner plutôt que de rencontrer son homologue israélien.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré votre co-réalisateur, Guy Nattiv ?

Tout a commencé par une demande de casting. C'était avant mon prix d'interprétation féminine à Cannes. J'ai envoyé une vidéo. Puis on s'est retrouvés plus tard avec Guy Nattiv à Los Angeles, où j'étais accompagnatrice. Les nuits de Mashhad. Entre-temps, j'avais lu le scénario, et j'avais quelques remarques à faire sur mon personnage qui, selon moi, manquait de profondeur sur le plan sociopolitique. Guy étant un gars ouvert d'esprit, nous l'avons retravaillé avec sa co-scénariste, Elham Erfani. Ensuite, comme j'avais fait le casting des Les nuits de MashhadGuy m'a demandé de faire la même chose sur son film. Je me suis tellement impliqué dans ce projet que Guy, qui ne se sentait pas complètement légitime sur le sujet, a fini par me demander de co-réaliser avec lui.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Dans le film « Tatami », une confrontation sportive irano-israélienne est empêchée

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Ce partenariat israélo-iranien est sans précédent dans l’histoire du cinéma. Compte tenu de la situation au Moyen-Orient et de la dégradation des relations entre vos deux pays, n’aviez-vous pas peur que cela vous mette en danger ?

Bien sûr. L’armée numérique iranienne nous a déjà pris pour cible. J’ai moi-même pris le temps de réfléchir avant d’accepter. Je me suis interrogé sur les intentions de Guy. Sur la portée politique du film. Sur les personnes qui pouvaient potentiellement être mises en danger. Et puis je me suis rendu compte que ces scrupules étaient exactement les mêmes que ceux du personnage que j’interprète, qui s’est laissé dicter sa conduite et qui le regrette, et j’ai accepté la proposition de Guy. Notre film lutte évidemment contre tout extrémisme, que ce soit celui de l’Iran ou aujourd’hui d’Israël. De toute façon, le sionisme, ou tout lien avec Israël, en Iran, est une accusation qui sert essentiellement à justifier la répression et à trouver un motif pour convaincre de la culpabilité des victimes du régime, qui n’y sont évidemment pour rien. Alors je l’ai fait et comme ça, c’est fait ! J’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire.

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