Tournages étrangers au Québec | Hollywood ralentit

Une seule production américaine a jusqu’à présent confirmé sa présence au Québec pour 2025. De quoi inquiéter cette industrie indépendante, où les tournages à l’étranger sont synonymes d’emplois bien rémunérés.

« L’hiver est toujours la basse saison. Les grandes productions hollywoodiennes sont souvent annoncées à la dernière minute. Il n’est pas si inhabituel qu’un seul grand tournage soit prévu pour le moment. Ce qui est vrai, c’est que nous n’entendons pas de rumeurs sérieuses cette année. D’habitude, on entend parler de discussions avec de gros studios intéressés à venir aux alentours de l’été, mais ici, rien. C’est vraiment inquiétant», résume Bernard Larivière, président de l’AQTIS 514 IATSE.

L’AQTIS 514 IATSE est le syndicat qui représente environ 8 000 techniciens qui œuvrent derrière la caméra, tant sur les productions québécoises que sur les tournages américains situés au Québec. Pendant la pandémie, l’ensemble du secteur a fonctionné à pleine capacité. Il fallait à l’époque rattraper les retards de tournage occasionnés par le premier confinement, en plus de répondre à la forte demande de contenus destinés à alimenter les plateformes en ligne.

Le secteur connaissait à l’époque une pénurie de main-d’œuvre. C’est désormais officiellement une chose du passé.

« Une seule production américaine implique tellement de personnes. Quand on dit qu’il y a eu huit tournages américains l’année dernière, cela peut paraître peu, mais c’est énorme. Un de moins, c’est comme s’il y avait dix productions québécoises de moins. Donc c’est sûr que ça nous fait mal», illustre Bernard Larivière.

Pas de reprise après les grèves

D’une situation de pénurie de main d’œuvre, l’industrie évolue aujourd’hui dans un tout autre contexte. Le volume de la production québécoise a tendance à ralentir depuis deux ans. Le nombre de tournages américains au Québec a chuté drastiquement en 2023, alors qu’Hollywood était à l’arrêt pendant plusieurs mois en raison de grèves de scénaristes et d’acteurs. Elle n’est jamais revenue à son niveau pandémique.

A la fin des deux grèves, on pensait tous que le secteur allait rebondir, comme ce fut le cas après le premier confinement. À notre grande surprise, ce n’est pas ce que nous avons observé. Au contraire, le volume de production aux États-Unis diminue.

Andrew Lapierre, vice-président des Studios Grandé

« Il y a des fusions de studios. Il n’y a pas que Montréal qui est touchée par la baisse du nombre de tournages, c’est vrai dans toutes les villes qui reçoivent des productions américaines», explique Andrew Lapierre, vice-président des Studios Grandé.

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PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE ARCHIVES

Les Studios Grandé, à Montréal, accueillent des tournages étrangers.

Optimisme pour l’été

Grandé Studios accueille actuellement la seule production américaine confirmée pour début 2025 : la quatrième saison de la série Spectresdont le tournage – qui a débuté l’année dernière – s’achève dans trois semaines.

« Ce ne sera pas le seul tournage à Montréal cet été, c’est évident. Nous sommes en discussion avec de gros acteurs aux États-Unis pour attirer des tournages cet été», assure Andrew Lapierre, qui se veut optimiste, même s’il reconnaît que ça commence mal pour que 2025 soit une bonne année.

Le vice-président des Studios Grandé ne croit pas que les tarifs que pourrait imposer l’administration du président des États-Unis, Donald Trump, dissuaderont les Américains de venir filmer au Québec. Selon lui, la faiblesse de notre dollar joue au contraire en faveur des villes canadiennes comme Montréal. Andrew Lapierre souligne également que le crédit d’impôt, qui a été augmenté de 5 % l’an dernier par le gouvernement Legault, pourrait donner un coup de pouce au Québec dans ses efforts pour attirer davantage de productions américaines pour l’été. .

L’Office du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), l’organisme dont la mission est d’attirer les productions étrangères dans la province, se veut également rassurant. Par email, nous tenions à vous rappeler que le volume de production dans l’industrie audiovisuelle peut varier d’une année à l’autre. Pour la BCTQ, « il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur le volume des tournages en 2025 ».

A corriger
Dans une version précédente de cet article, nous indiquions que la cinquième saison de Ghosts était en tournage au Québec. Cependant, il s’agit plutôt de la quatrième saison.

 
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