JANE AUSTEN A GAUCHÉ MA VIE

Vivre les romans de l’illustre Jane Austen, auteure anglaise du XIXe siècle, n’est pas forcément facile à notre époque. Au choc des générations n’a d’égal que le romantisme fantasmé d’un monde qui existe plus sur le papier que dans la réalité.

Agathe est libraire et auteure de romans très appréciés. Elle espère une vie amoureuse digne des romans de Jane Austen, son auteur fétiche. Elle rêve d’une histoire de grande loyauté et de passions contenues et appropriées. Lorsqu’elle est invitée à rejoindre un cercle d’auteurs dans la résidence de son idole, l’angoisse de sa propre valeur la saisit au point de ne plus savoir quoi écrire. Cependant, le cadre est idéal. Il y a même l’arrière-petit-fils du célèbre écrivain. Tout semble bien se passer, mais Agathe et son indécision chronique vont encore une fois se frayer un chemin tortueux.

Une comédie romantique loin des codes écoeurants et écoeurants habituels du genre, avec des raccourcis faciles. Pour les connaisseurs de Jane Austen c’est un régal de voir avec quelle intelligence Laura Piani a su transposer les décors, les ambiances, les personnages et même les situations dans notre époque moderne sans en faire trop non plus.

Ainsi les prétendants ont des airs de Darcy et Bingley, l’entourage affiche des similitudes avec parfois les Bennett ou l’entourage d’Anne Elliot. Les décorations s’oublient facilement le 21^ème siècle et l’on retrouve même le père d’Emma Woodhouse personnifié dans la figure paternelle dans la vieillesse maladive. Les allées et venues et les incompréhensions des sentiments sont tout aussi dignes de l’auteur. Et les doutes entre mérite et passions reflètent aussi une atmosphère tout droit sortie des mêmes livres. Il est difficile d’imaginer comment réagiront les téléspectateurs qui ne connaissent pas Jane Austen. Sans ces références, l’intrigue peut paraître très légère et mélancolique. Je soulignerai le titre qui contient une dose d’humour non négligeable et l’audace du casting qui met en avant des acteurs trop souvent relégués aux seconds rôles. En tout cas, la formule fonctionne plutôt bien. Pas besoin de sortir les corsets et les redingotes pour profiter de la vie d’Agathe. La campagne anglaise agrémentera les décors déjà fascinants et la sublime photographie de certaines scènes. La musique est également en accord avec le thème sous-jacent du film. Parfois, on se trompe presque de film.