Au théâtre alsacien de Roeschwoog (Bas-Rhin), il n’y a pas de crise des vocations : la troupe est étonnamment jeune. Dans ce village, la passion se transmet de génération en génération depuis le berceau. Et cette saison, les enfants reviennent même sur scène.
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A Même pas 30 ans, voire un peu plus, ils ont déjà derrière eux une longue carrière d’acteur. Marre de l’adrénaline de la scène, car à Roeschwoog, c’est comme ça : « Dans ma famille, le théâtre est dans notre sang. Mon père jouait déjà il y a plus de 30 ans, il m’a transmis le virus »sourit Frédéric Kocher, l’un des jeunes animateurs.
Il a débuté avec ses camarades avec un tout petit rôle il y a une vingtaine d’années, avant de rejoindre la troupe des adultes : « Ici, je prends désormais le rôle principal. Je suis plus qu’heureux”continue-t-il. La prochaine génération est fière de marcher. Sur scène, évidemment : “Le jour où nous aurons le droit de rejoindre les grands, c’est notre consécration”confie Alicia, 28 ans, elle aussi déjà très expérimentée.
Alors que de nombreuses troupes peinent à recruter, Roeschwoog fait exception. Aucun des dix acteurs n’a plus de 60 ans et chaque année, ils attendent tous avec impatience le début de la saison. Pour le bonheur d’être sur scène, de maîtriser son rôle, de devenir quelqu’un d’autre… et d’être ensemble, cela va de soi.
« On fait rire, c’est génial ! Et pendant les répétitions, on rigole avec les jeunes, c’est génial. Ils nous taquinent, nous les taquinons. L’ambiance est géniale. Et ça me permet de rester jeune Moi aussi”assure Marie-Hélène, la présidente de la section, lors de la traditionnelle pause « café et gâteau ». A A 56 ans, elle n’a pas perdu la flamme, près de 50 ans après ses débuts… en 1978.
Il faut dire que le réalisateur, Hubert Bigot, « gâte » ses partenaires d’acteur. Chaque année, il s’efforce de leur trouver LA pièce de théâtre qui leur convient. Avec une idée bien précise en tête : les surprendre, les obliger à toujours se réinventer, bref, éviter qu’ils ne s’ennuient à tout prix.
-« J’aime aussi me fixer de vrais défis, que la pièce soit compliquée à mettre en scèneil explique. L’année dernière, par exemple, nous avons réalisé une comédie policière. Il se passait beaucoup de choses. Tout le défi pour les acteurs était d’être sur scène, sans forcément avoir de réplique à dire, mais tout en participant à l’intrigue pour la faire avancer.
« Cette année, c’est encore plus complexe : dans le deuxième acte, nous sommes presque tous sur scène en même temps. Tout le monde a des lignes, mais une par ici, une par là, il faut être concentré. Restez discret, mais actif.
Hubert Bigot est un audacieux qui n’aime pas faire les choses comme les autres. Pour cette nouvelle pièce, il s’est complètement lancé dans une création, Jusqu’à présent, tout va mal. Déjà joué en français et en belge, jamais en alsacien : «Il fallait tout construire. »
Un parti pris qui séduit le public : environ 1 500 personnes sont une nouvelle fois attendues pour les quatre représentations, du 18 au 25 mai.
Avec une belle surprise : le retour d’une troupe d’enfants, avant le spectacle des adultes. Hubert Bigot en rêvait, il l’a fait. Neuf ans que les « petits » n’étaient pas montés sur scène. « C’est l’avenir ! Ils ont beaucoup d’énergie, parfois même tropil plaisante. Et ils nous apprennent beaucoup par leur spontanéité. Leurs yeux s’ouvrent comme ça quand on leur parle de placement, de votre… On s’éclate avec eux.
Ils sont huit, âgés de huit à quinze ans, à jouer les apprentis comédiens dans D’Wilda ìm Wàld, une course d’orientation en forêt. «J’ai le rôle d’un épouvantaildit Baptiste, venu parce qu’il « j’adore l’alsacien » et pour “amuse-toi avec tes amis”. Antoine se réjouit, car « Les jeunes et les vieux sont séparés, donc nous ne sommes pas trop nombreux et nous pouvons avoir des choses à dire et à faire. »
Il y a 35 ans, la mère d’Antoine, comme deux autres parents, étaient à la place de leurs enfants, sur cette même scène du Roeschwoog, pour la même pièce. Ils les voient prendre le relais avec fierté. Dans le village, la longue tradition du théâtre alsacien a de beaux jours devant elle.