«Je ne connaissais pas Escher. C’est un ami qui m’en a parlé. J’ai vu qu’il avait particulièrement travaillé la profondeur de champ. C’est vraiment très intéressant, j’ai beaucoup aimé », s’enthousiasme Michel, qui termine le parcours de l’exposition. « Métamorphoses, c’est génial, quand il part d’un sujet pour arriver à autre chose. Escher voit les choses différemment et c’est passionnant, d’autant que c’est bien expliqué. On prend plaisir à tenter de décrypter ses toiles, avec une petite fierté de pouvoir comprendre ce qu’il a tenté de faire, même si, avec le temps, l’œil se fatigue et se perd. C’est génial d’avoir ça à Toulouse », poursuit ce jeune retraité.
Avec déjà 18 000 visiteurs depuis le 20 décembre (et plus de 20 millions lors des précédentes étapes ailleurs dans le monde), l’exposition consacrée à Maurits Cornelis Escher aux espaces EDF Bazacle, à Toulouse (Haute-Garonne), confirme l’engouement mondial pour les Néerlandais. artiste. « Son nom n’est pas très connu, mais son œuvre est dans l’imaginaire collectif », souligne Iole Siena, président d’Arthemisia, le groupe italien qui a réalisé cette exposition. Elle se réjouit de cette venue à Toulouse, « la première exposition sur cet artiste unique en France », ajoute-t-elle.
MC Escher est unique à bien des égards, puisque son œuvre, nourrie de nombreuses influences, défis, questionnements, étonne et plonge les visiteurs dans des mondes paradoxaux, voire impossibles. Federico Giudiceandrea, l’un des plus grands connaisseurs de l’artiste, explique comment est né ce Néerlandais né en 1898 et diplômé de l’école d’architecture et d’arts décoratifs de Haarlem (Pays-Bas). « Rapidement, il intègre des perspectives étranges dans son art, avec une volonté de s’émanciper des normes, tout en étant proche de l’art nouveau », explique ce collectionneur italien passionné. Émerveillé par les paysages méditerranéens lors du Grand Tour qu’il entreprend à la fin de ses études, Escher s’installe en Italie entre 1923 et 1936, fuyant la montée du fascisme.
“Il est fasciné par cet assemblage de formes”
Il sera ensuite marqué par la découverte de l’Alhambra, à Grenade (Espagne), et des motifs ornementaux de l’art mauresque. « Il est fasciné par cet assemblage de formes et, grâce à son frère, apprend à maîtriser les différentes techniques de pavage du plan (tesselation) dans lequel il intègre des formes humaines ou animales », développe Federico Giudiceandrea, qui évoque ensuite ses Métamorphoses, qui font partie de ses œuvres les plus célèbres : « Cela amène les mathématiciens à s’intéresser à cet art et à ces techniques. »
-Au fil du temps, son œuvre gagne en notoriété et s’exporte, notamment aux États-Unis, où le mouvement hippie se l’approprie à travers des affiches, des pochettes d’albums, etc. « Escher a un parcours atypique et propose des mondes paradoxaux qui jouent avec la différence entre réalité et représentation, entre réalité et perception », conclut l’expert italien. Et c’est justement cette évolution et cet art très particulier, entre illusions et faux-semblants, qui permet de comprendre cette exposition, avec une centaine d’œuvres réparties en huit sections, complétées par des espaces interactifs et des supports pédagogiques.
Pratique : l’exposition MC Escher est ouverte jusqu’au 30 mars 2025 à l’espace EDF Bazacle, à Toulouse, tous les jours sauf le mardi.