Michel Jonasz est le célèbre « Mister Swing », ce joueur de blues au cœur de sa fabuleuse histoire. D’abord pianiste, aux côtés d’un rockeur marocain, Vigon et du groupe Les Lemons, il évolue, faisant en sorte que sa musique et sa voix deviennent ses marques de fabrique. En octobre 2024, son album sort Âmedix titres revisités au son soul, annonçant une tournée qui débutera le 1er mars 2025 à Courbevoie avant de passer par Lille, Béziers, Toulouse, Paris, Marseille et Dijon.
franceinfo : La soul est la musique de la soul, était-ce important de revenir un peu à l’essentiel ?
Michel Jonas : Justement, si on remonte aux sources, je pourrais dire que la première musique entendue dans ma vie était aussi la musique soul, car pour moi, Édith Piaf, la musique gitane et hongroise, tout ça, c’est la musique de l’âme. Mais si on parle de soul music, pour moi, le premier chanteur était Ray Charles et c’était mon idole. C’est lui qui m’a donné envie de faire de la musique. Quand j’ai entendu un jour, sortant d’un juke-box, Qu’est-ce que j’ai ditJe voulais toucher un piano. C’est vrai que c’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à chanter ce qui me ressemblait, c’est à dire cette musique rock, blues et rythm and blues, finalement, ce qu’on peut appeler de la soul. La soul, c’est des noms, des labels, c’est Motown, c’est Otis Reading, Aretha Franklin, James Brown, les Jackson Five, Stevie Wonder, Marvin Gaye, c’est tout.
Il y a une chanson en particulier dans cet album, c’est L’amour devient sérieux. Mais l’amour est-il vraiment sérieux ? Toi qui prends toujours tout avec le sourire, en riant. On a l’impression que vous êtes un grand enfant.
Oui, je le suis, c’est vrai. J’ai même fait une chanson, un album et tout un spectacle intitulé Les hommes sont encore des enfants. Je ne me souviens pas du moment exact où je suis passé de l’enfance à l’âge adulte et je cite souvent cette interview de Marcello Mastroianni qui disait : “Je ne peux pas devenir adulte parce que les enfants ne se fatiguent jamais.”
“Il faut garder cet émerveillement de l’enfance, cet enthousiasme.”
Michel Jonassur franceinfo
Donc, pour en revenir à la question de savoir si l’amour devient sérieux, non, je ne parle pas d’une chose sérieuse par opposition à une chose légère. J’explique que l’amour devient sérieux, c’est-à-dire qu’il devient véritable amour, quand on se regarde sans rien dire. Quand est-ce vrai ? Quand cela correspond-il à quelque chose qui le fait vraiment palpiter intérieurement ?
Vous avez réussi à prendre le contre-pied de cette vie extrêmement difficile qu’ont vécue vos parents. Votre mère a échappé de peu à l’Holocauste, tandis qu’une partie de votre famille y est restée. Cette légèreté, de profiter de l’instant présent, ne vient-elle pas de là ?
Cela vient sûrement de là car j’en ai été émerveillé. Après ces terribles épreuves d’avoir perdu ses parents et d’avoir perdu quatre de ses frères dans les camps, ma mère, arrivée en France à l’âge de 16 ans en provenance de Hongrie, a eu cette joie de vivre à Elle.
“Ma mère portait l’étoile jaune et je me suis dit, c’est une leçon parce que ça relativise, parce qu’on est vivants.”
Michel Jonassur franceinfo
Je cite souvent ce proverbe hongrois : « Le Hongrois se réjouit en pleurant ». Vous réalisez que vous êtes vivant. Si vous pouvez chanter une chanson triste, vous pouvez la chanter.
Dans cet album, vous nous invitez à groover sur Super mamie. Ce qui est drôle c’est que cette chanson, à sa sortie, beaucoup l’ont oublié, c’était la face B d’un 45 tours : Dites-moi.
Oui, en fait, c’était le premier album, en 1974, avec les deux chansons qui ont mené cet album au succès. Dites-moic’était la première musique que j’ai composée et Super grand-mère est une chanson écrite et composée par Jean-Claude Vannier que je chante presque tout le temps à chaque spectacle.
Quelle place occupe la scène dans votre vie d’artiste ?
C’est extraordinaire, la scène, c’est un chemin initiatique. C’est le cœur de mon métier et je dis ça parce que la scène permet beaucoup de choses, par exemple d’apprendre des maladresses, des incertitudes, des choses comme ça. Mais il y a une chose qu’elle ne vous pardonne pas, c’est de ne pas donner tout ce que vous pouvez lui donner. On peut commencer, elle l’accepte, mais ne pas être investi à 100 % n’est pas possible.