Un nouvel événement pour les cinéphiles ouvre cette semaine au Québec : la Semaine de la critique montréalaise, un festival non compétitif présentant des films en programmation double ou triple, suivis d’échanges avec des cinéastes et des panélistes. Cette initiative de magazine en ligne Cinéma panoramique s’inscrit dans l’esprit de la Semaine de la Critique berlinoise.
L’idée de ce festival, qui se déroule du lundi au dimanche à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Moderne, est venue du chef de Mathieu Li-Goyette, critique de cinéma et rédacteur en chef de Cinéma panoramiquelors de son passage en 2018 en tant que programmateur invité de la Semaine de la Critique berlinoise, une section parallèle de la Berlinale.
Contrairement à la Semaine de la Critique cannoise, qui rassemble les premières ou secondes œuvres de cinéastes émergents, la Semaine de la Critique berlinoise présente les films en bouquets afin de susciter une conversation sur les thèmes qu’ils ont en commun.
En voyant la formule berlinoise, ça m’a fait constater à quel point on avait perdu ça, le fait de prendre le temps de discuter de films. Pas seulement une séance de questions-réponses de 10 minutes où l’on demande aux cinéastes : “C’était comment de travailler avec cet acteur ?”, explique Mathieu Li-Goyette. Ce sont des questions valables, mais cela vous donne juste le temps de gratter la surface.
Le directeur de la programmation de la Semaine de la Critique, Ariel Esteban-Cayer, a également fait ses armes comme critique avant de se tourner vers la programmation, notamment pour Fantasia. Pour moi, la programmation a toujours été une extension du travail critique, explique-t-il. Nous voulions une programmation qui disait quelque chose par la juxtaposition des films, par les thématiques qu’ils soutiennent.
La majorité des projections de la Semaine de la Critique sont suivies d’un débat entre les cinéastes à l’origine des films présentés ainsi que les panélistes invités, en s’appuyant sur les ramifications thématiques, politiques et formelles des œuvres choisies
on vous l’explique sur le site du festival.
Une rencontre entre Matthew Rankin et Abdolreza Kahani
Au total, 19 courts, moyens et longs métrages seront présentés durant les sept soirées du festival. En théorie, quelqu’un pourrait être là tous les soirs et comprendre l’arc narratif qu’on a construit à travers ça, explique Mathieu Li-Goyette. Mais le festival est aussi intéressant pour quelqu’un qui vient juste un soir. Chaque soirée se suffit à elle-même.
La soirée du dimanche 19 janvier propose par exemple une double programmation au cours de laquelle seront projetés Un langage universelun film de Matthew Rankin qui représentera le Canada aux Oscars, et UN Tombeaudu réalisateur iranien et montréalais d’adoption Abdolreza Kahani, deux œuvres tournées principalement en farsi.
-Le premier imagine une bulle iranienne dans la ville de Winnipeg, où tout le monde parle persan et où l’on boit du thé au safran chez Tim Hortons. Le second suit Nima, une mécanicienne d’origine iranienne qui tente de gagner de l’argent en construisant un autel de morceaux de bois bénis à Montréal et dans les Laurentides.
Le cinéaste canadien Matthew Rankin joue également un rôle dans son film « A Universal Language ».
Photo: Maison 4 tiers / Aziz Zoromba
Le film de Rankin parle de la rencontre avec les autres, du vivre ensemble, tandis que celui de Kahani parle davantage de la solitude et des difficultés d’un Iranien qui tente de s’intégrer.
explique Mathieu Li-Goyette, qui voit les deux œuvres comme des miroirs l’une de l’autre.
Il y a des scènes qui se ressemblent, il y a des plans qui se ressemblent, il y a vraiment quelque chose d’assez magique qui se passe entre ces deux films.
Les projections seront suivies d’une rencontre entre les deux cinéastes.
Parmi les autres programmes proposés, on note celui du samedi intitulé « Territoire(s) occupé(s) », qui se pose la question du territoire et de ceux qui y existent et y résistent au quotidien
. Trois films seront projetés : Coton Fujiyama de Taku Aoyagi, Mémoire fertile de Michel Khleifi et Toile d’araignées Frank « Spider » Dunsten, Ben Roberts et Oliver Roberts.
La programmation complète de la Semaine de la Critique montréalaise est disponible sur le site du festival (Nouvelle fenêtre).