Pour suivre comment le fait divers a imprégné l’art contemporain, certaines œuvres exposées remontent à l’apparition des « canards sanglants », des contes populaires apparus au XVIIIe siècle.e siècle et colportés dans l’espace public, comme le rappelle l’ouvrage d’Agnès Geoffray (Canards sanglants2015). Ce genre se développe en même temps que la presse, dont les articles sont largement illustrés pour augmenter les ventes.
Le phénomène n’échappe pas à la société de consommation des années 1960 ; tandis que le pop art naissait en Angleterre et en France, une peinture appelée « figuration narrative » – ou plus justement « figuration critique » – qui profitait du flux des « mass media ». La forte présence de ce dernier mouvement dans la collection du MAC/VAL, notamment le tableau de Jacques Monory imprégné du polar, a rendu cette exposition une évidence pour le commissaire Nicolas Surlapierre, qui rêvait depuis longtemps de l’organiser.
Soutenu par une observation du quotidien, le fait divers est le grain de sable qui sabote le mouvement bien huilé des heures et des jours. L’enquête et ses nombreuses hypothèses deviennent un modèle pour un art contemporain poreux à l’air du temps, à ses rumeurs et à ses révoltes. Le voyage sous-titré « une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et pas de réponse » est traité comme un jeu de piste et librement imprégné de la prose de Roland Barthes, Structure de l’actualité (1964), par les différents bruissements de langues et de témoignages qui se déroulent ici.
